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Lizeth Heliandil BG#70

Nous avancions plus lentement depuis que le chemin s’était soudain terminé. Les Malledhrim qui avaient choisi de nous accompagner nous avait conseillé le matin de notre départ de notre camp de fortune de la colline aux sangliers un itinéraire alternatif, car ils savaient que la route principale était bloquée par l’ennemi entre l’Orée Noire et la région de Morteville. Nous avions donc longé la rivière et la frontière sud de la zone avant de reprendre vers le Nord après avoir mis les pieds dans le Bois Noyé. Là, l’air s’était soudain chargé d’une odeur pestilentielle, et s’était considérablement réchauffé. Le sentier continuait sur une bonne longueur, mais avait terminé dans une mare de vase. Il était alors trop dangereux de passer sur nos montures, c’est pourquoi nous étions en train de patauger jusqu’aux genoux dans l’eau trouble et de lutter contre les vagues de moustiques qui s’intéressaient à nous qui avions pénétré leur territoire.

– J’aime beaucoup la faune et la flore locale ! maugréa Siloinsiproche après avoir écrasé ce qu’il lui semblait être le centième moustique sur sa joue.

Le Nain avait de l’eau jusqu’à la taille, ce qui attisait son irritation. Il était d’habitude de bonne humeur, et parlait toujours avec ironie. Mais je ressentis à ce moment qu’il était réellement ennuyé. Je m’apprêtais à aller lui parler quand la Gardienne des Runes, Darwyndel, le fit à ma place. Elle tira sur la bride de son cheval pour l’approcher du poney de Siloinsiproche.

– Nous sortirons bientôt de ce marais, Maître Nain, j’ai entendu l’un des Malledhrim le dire.
– Oui, eh bien, moi je m’en irais bien leur toucher deux mots à ces grandes oreilles ! Ce sont eux qui nous ont guidés par ici !

Je vis le dos de Darwyndel s’affaisser un peu en entendant le reproche du Nain.

– Excuse-moi, Darwyn, finit par dire Siloinsiproche. Il était étrange de l’entendre demander pardon à quelqu’un. Je suis un peu… sensible à l’eau qui nous entoure, j’ai des… hum… rougeurs aux chevilles et aux pieds, vois-tu.
– Je vous donnerai un onguent à la prochaine halte, répondit l’Elfe avec un léger sourire. Mais vous devriez plus vous soucier des bestioles qui habitent ces lieux.
– Et c’est sensé me rassurer, ça ?! s’exclama le Nain.
– Hey, Siloin, arrête un peu d’te plaindre ! vociféra Habricotine plus loin. Je suis aussi obligée qu’toi d’nager dans c’t’eau putride, et j’me plains pas !!
– Ne commencez pas à vous émoustiller, derrière ! entonna la voix d’Eljoying en tête du groupe. Elle s’était arrêtée, retournée et lançait un regard entendu aux deux membres de la confrérie.
– Nous n’avions pas à l’esprit de nous chamailler, même verbalement, dame Joye, dit Siloinsiproche d’une voix claire et assez forte pour se faire entendre.
– J’aime mieux ça, répondit Eljoying en haussant un sourcil et en leur souriant. Nous allons bientôt sortir de cette mélasse, gardez un œil sur les alentours, vous ne voudriez pas tomber sur une troupe d’Orques alors que vous êtes tous trempés.

Tellement absorbée par cette agitation, je ne vis pas Cellebiel s’approcher de moi. Elle me toucha l’épaule et je me retins de sursauter. Ma main s’était automatiquement posée sur le pommeau de mon épée, et je me demandais si elle avait vu ma réaction. Elle avait la peau pâle, plus que la mienne en tout cas, et malgré la fatigue que nous ressentions tous, elle avait le regard encore vif et pétillant. La voyant de plus près à présent, je remarquai une très fine cicatrice sur sa joue, presque invisible. Je trouvai que ça lui donnait une allure un peu sauvage tout en lui laissant toute la grâce des Elfes.

– Cela ne me dérangerait pas de tomber sur quelques Orques, commenta-t-elle, un sourire en coin sur les lèvres. Mais, je ne me suis pas encore présentée auprès de toi, Lizeth, je suis Cellebiel, de la Lórien.

Son attitude me dit qu’elle cherchait une alliée dans un groupe qui se méfiait encore d’elle. Pour ma part, je ne lui faisais pas confiance, pas encore, dans tous les cas. Mais j’étais toute ouïe.

– Enchantée, Cellebiel de la Lórien, répondis-je mécaniquement.
– Il m’a semblé comprendre que tu étais l’instigatrice de cette quête.

Eh bien, elle n’y allait pas par quatre chemins, pensai-je. Mais après tout, ne cherchait-elle pas vengeance elle aussi ? Et contre le même ennemi ? Si Cellebiel était vraiment qui elle disait être, il valait mieux l’avoir du même côté.

– C’est cela, soufflai-je.
– J’avais une connaissance parmi les civils du camp d’Echad Sirion. Si jamais je revois cette enflure, il faudra me retenir de ne pas lui sauter à la gorge.
– Gologmolva pourrait bien ne faire qu’une bouchée de toi, Cellebiel, lui avouai-je peut-être un peu trop froidement. Il nous faudra un plan. Y aller seule contre lui, c’est du suicide.
– Pourquoi crois-tu que je me suis jointe à vous, alors ? Je suis plutôt solitaire, mais je sais reconnaître quand un combat singulier est impossible.

Un peu arrogante par-dessus tout cela, mais je commençais à l’apprécier, cette Chasseuse. La tension se libéra d’elle-même alors que nous continuions à discuter. Lorsque je lui parlai des motivations de notre ennemi commun, à savoir mon pendentif, elle ne chercha pas à en savoir plus, ni même à ce que je le lui montre. En revanche, elle était étonnée qu’un simple bijou attise autant l’attention. A forte raison, je lui avais caché l’existence de Chandra, car moins elle en savait, mieux c’était.

***

En début d’après-midi, nous touchâmes enfin de la terre sèche. Après une pause déjeuner qui s’avéra très simple puisqu’on nous avait intimé à ne pas allumer de feu, nous repartîmes. Nous ne rencontrâmes aucun groupe ennemi une fois arrivés sur la route principale, ce que nous considérâmes comme de la chance, malgré l’envie de certains membres de la confrérie de se dégourdir les jambes. Les Malledhrim nous annoncèrent enfin qu’ils retourneraient près des rives de l’Anduin, afin de se réorganiser. Ils nous parlèrent d’une auberge, plus au Nord, près d’une cascade donnant sur un lac. Je connaissais bien cet endroit, car il se trouvait sur la route de mon village. L’auberge se situait tout près d’un pont de bois et de cordes qui passait devant cette cascade, et qui menait vers les habitations que j’avais laissées plusieurs mois auparavant. Mon cœur fit une petite embardée rien qu’en y pensant, mais je respirai profondément pour le calmer.

Sur le chemin, néanmoins, je fus surprise de ne rencontrer aucun convoi de bois. Bien que les routes étaient très dangereuses, les Malledhrim gardaient assez bien les environs, et le village, qui souhaitait garder le contact avec les ruines d’Ost Galadh, l’un des camps principaux qui s’élevait contre l’invasion ennemie, leur proposait ses services.

Je restai silencieuse, bien que très inquiète du silence qui régnait dans les alentours. La route montait et serpentait parmi les sombres sapins, et nous ne tardâmes pas à apercevoir l’auberge. Le soleil, ou plutôt la lumière du jour, puisque le ciel était couvert, commençait à décliner quand nous nous approchâmes. Sur le chemin nous étions passés à côté de bâtiments qui avait été détruits. Les planches de bois brûlé étaient encore sur place, rendant l’endroit assez sinistre, malgré le fait que l’incendie devait avoir eu lieu il y a de nombreuses semaines. L’auberge semblait également avoir essuyé un revers de taille, mais était encore debout, et quelques Malledhrim en gardaient l’entrée.

En arrivant, il m’était dorénavant possible de voir le pont et plus loin mon village. Je serrai les lèvres et les poings en découvrant la vue. Et comme pour ajouter une touche froide à l’ambiance, il se mit à pleuvoir.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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