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Lizeth Heliandil BG#96

– Vous n’allez pas me dire que vous êtes devenus les meilleurs amis du monde en l’espace d’une nuit ? demandai-je tout bas à Uilrandir alors que nous étions en train de seller notre unique cheval.

L’Elfe leva les yeux au ciel puis fit le tour de sa monture. Avant qu’il ne puisse me rejoindre, je tournai les talons et me dirigeai vers nos sacoches. Uilrandir s’accroupit près de moi et posa sa main sur mon avant-bras.

– Nous ne sommes pas meilleurs amis, murmura-t-il. Nous devions gagner du temps et nous ne l’aurions pas fait si nous avions été morts. Je pensais qu’être près de votre pendentif vous aurait rendu la bonne humeur.

Je soupirai bruyamment en me relevant. Après avoir claqué la langue en signe de désapprobation, je retournai près du cheval pour y attacher la sacoche que j’avais dans les mains. Sa bonne humeur n’aidait pas la mienne. Je ne pouvais tout simplement pas cesser de penser à Aralyon.

– Écoutez, Uilrandir, c’est juste que… Aralyon est un adversaire très puissant. Sans Chandra de notre côté, je doute de nos chances.
– Tout va bien, ici ? nous coupa soudain Lyanthor, me faisant légèrement sursauter.

Je ne l’avais pas senti approcher.

– Eum… oui, répondis-je. Nous nous mettions juste d’accord sur un point ou deux.
– D’accord. C’est parfait. On va pouvoir partir, alors.
– Où allons-nous exactement ? demandais-je.
– Je pensais que vous vous étiez mis d’accord sur un point ou deux, déclara Lyanthor avant de repartir vers l’endroit où il se trouvait.

Je jetai un regard interrogateur vers Uilrandir.

– Que veut-il dire par là ? Savez-vous où nous allons ?
– En quelque sorte, il m’en a parlé tout à l’heure, oui.

Il leva la main pour m’empêcher de répliquer. J’avouai qu’il était doué pour mener les gens par la parole.

– Sachez que je n’ai rien dit parce que nous n’allons pas à un endroit spécifique. Dans le message qu’a reçu Lyanthor, il doit se rendre vers le Sud-Est, il n’y avait pas d’autre indication. Nous devrions nous mettre en route, le soleil est déjà haut dans le ciel.
– Ne me cachez plus rien, important ou non, je vous prie, lui demandai-je finalement. Vous êtes mon seul allié.

Nous montâmes en selle et nous nous mîmes en route. Le cheval de Uilrandir était une belle bête à la robe blanche et marron, assez robuste pour nous porter tous les deux tout en allant à une bonne allure. Je m’accrochai à la selle tandis que Uilrandir tenait les rênes de sa monture. Nous suivîmes Lyanthor et Palsambleu et rejoignîmes la route. Les deux pirates tournèrent à gauche.

– Je pensais que nous allions vers le Sud, fis-je remarquer. Lyanthor arrêta son cheval et se retourna.
– Nous allons d’abord revenir au village où nous nous sommes rencontrés. Il nous faut faire le plein de provisions.

Il ne nous fallut pas beaucoup de temps pour retrouver les quelques maisons du hameau de la veille. La tempête s’était un peu calmée depuis, mais nous pouvions voir plus loin que de nombreux bateaux étaient encore à quai. Nous nous arrêtâmes devant l’épicerie et Palsambleu descendit de son cheval. J’étais distraite par quelques personnes sortant de l’auberge. Un bruit de vaisselle qui se brise parvint à nos oreilles ainsi que des cris de femme. Je passai ma jambe au-dessus de l’encolure du cheval et sautai au sol. Cela ne me paraissait pas être une simple bagarre. Uilrandir et Lyanthor sur mes talons, nous passâmes la porte et vîmes plusieurs hommes au sol, certains immobiles, d’autres se tenant diverses parties du corps, blessées. Vers les portes de la cuisine, une femme était accroupie près du corps de l’aubergiste. Elle continuait de geindre et de sangloter tout en agrippant les vêtements de celui qui avait été son mari. Un fracas retentit à l’étage et nous empruntâmes les escaliers pour aller voir. Un Elfe en armure tenait à la gorge une femme de chambre apeurée et à moitié étranglée, et nous ne pûmes que regarder, impuissants, la scène qui s’en suivit. L’individu enfonça une dague dans le ventre de la pauvre avant de la jeter au sol. L’Elfe se tourna vers nous et nous transperça d’un regard rempli de folie et de rage.

– Capitaine ?! s’exclama Uilrandir.

Que faisait le Capitaine de la Garde de Galadriel ici et pourquoi avait-il fait ce carnage ? L’Elfe ne réagit cependant pas à l’intervention de son subordonné, mais quand il posa les yeux sur moi, il jeta son couteau dans ma direction. Je me décalai sur le côté pour éviter le projectile mais ce dernier érafla ma joue avant d’aller se planter dans la paroi de bois derrière nous. Le soldat prit alors une épée à deux mains et chargea. Uilrandir sortit son épée et para avant que la grande lame ne puisse m’atteindre.

– Lizeth, allez voir la fille, on s’occupe de lui ! ordonna mon compagnon.

Je passai derrière Uilrandir alors qu’il repoussait son Capitaine plus loin. Je me précipitai vers la jeune femme qui bougeait faiblement au sol. Elle avait les yeux qui regardait déjà dans le vide. Il fallait arrêter l’hémorragie avant qu’elle ne se vide de son sang. J’observai rapidement les alentours et vit la porte d’une chambre plus loin.

– Restez avec moi, je vais m’occuper de vous, la rassurai-je.

Je la soutins sous l’aisselle et nous allâmes dans l’autre pièce, loin du combat du vestibule. J’allongeai la femme au sol, retirai son corset et soulevai sa chemise. La blessure était très fine et propre, mais saignait beaucoup. C’est alors que je vis dans le coin de la chambre, derrière le lit, un homme recroquevillé et apeuré.

– Aidez-moi, s’il-vous-plaît ! l’interpellai-je. Trouvez-moi du linge propre et approchez un seau d’eau chaude.

J’insistai du regard et le locataire de la chambre réagit enfin. Tout tremblant, il entreprit de faire ce que je lui demandais. Je n’étais pas guérisseuse et espérais qu’aucun organe vital ne soit touché. Je fis alors ce que je pouvais, nettoyai la plaie et fit un point de compression avant d’enrouler un drap autour de l’abdomen de la victime. Elle était encore consciente, ce qui était bon signe.

– Restez immobile et calme. Y a-t-il un médecin dans le village ?

Elle fit non de la tête. L’endroit était trop petit et trop isolé. Je soupirai.

– Il y a une érudite sur la route de la montagne, intervint l’homme près de moi. Je l’ai vue en passant par là. Elle avait un grand jardin plein de plantes.
– Le chemin vers l’Est ?
– Oui, c’est ça.

Il s’agissait du chemin par lequel nous étions arrivés avec Uilrandir. Il y avait bien une vieille cabane plus haut dans la plaine. Après m’être assurée que mon bandage de fortune tenait bon, je laissai la jeune femme en compagnie du client de l’auberge, et me dirigeai au dehors. Lyanthor était plus loin et se tenait le bras droit avec la main gauche. Du sang maculait ses doigts, mais cela n’était apparemment pas son plus grand souci. En effet, le fait de ne plus pouvoir participer au combat, et d’être couvert par un Elfe, devait le frustrer grandement. Uilrandir semblait au bout du rouleau, ses gestes étaient maintenant lourds et lents. Il fallait que le combat s’achève et vite. Je me faufilai rapidement vers le pirate.

– Comment va la femme ? me demanda Lyanthor.
– Elle a besoin d’un guérisseur, répondis-je. Je ne sais pas si la plaie est mortelle. Pour l’instant, elle tient bon.
– Il n’y a pas de médecin dans ce village.
– Je le sais, mais il y a une femme dans la vallée qui pourrait l’aider.
– Encore une femme ! Elles auront notre peau, regardez déjà aujourd’hui ! Et où est Palsambleu, bon sang !

Je ne répliquai pas. Uilrandir reculade quelques pas, pantelant, éreinté.

– Mon Capitaine, cessez le combat ! implora-t-il.

Son adversaire resta muet comme une tombe. Uilrandir fit alors une chose surprenante. Il laissa tomber son épée sur le sol, comme s’il allait déclarer forfait. Il ouvrit les bras en signe de soumission. L’autre Elfe chargea alors et je retins mon souffle. A ce moment-là, Uilrandir se pencha vers l’avant et attrapa son Capitaine au ventre. L’impact le fit reculer encore. L’Elfe en armure le frappa alors dans le dos avec la garde de son épée, décrochant un cri de douleur à mon compagnon. Uilrandir utilisa ses dernières forces pour tirer vers lui le corps de son adversaire et ils basculèrent tous les deux dans les escaliers.

– Uilrandir ! criai-je, avant de me précipiter vers l’avant.

En bas des marches, je les vis tous les deux immobiles, Uilrandir au-dessus du corps du Capitaine. Alors que je m’approchais d’eux, Uilrandir se redressa et s’allongea juste à côté de son adversaire. Une dague était enfoncée profondément dans l’ouverture de l’armure de ce dernier, sous l’aisselle.

Une seconde plus tard, Uilrandir se prit la tête et rugit de frustration.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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