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Lizeth Heliandil BG#98

– Qui que soit la personne qui lui a fait ça, il n’a pas agi pour tuer. Vous dites qu’il était un soldat ? Comment aurait-il, à bout portant, pu rater les organes vitaux ? commenta la guérisseuse le soir même.

Lyanthor était parti faire un tour à l’extérieur, prétextant avoir à faire. Il souhaitait probablement se trouver aussi loin que possible de l’Elfe. Quant à cette dernière, elle devait avoir du temps à rattraper en matière de conversation car elle était devenue très bavarde. Bon, il est vrai qu’elle en était à sa troisième pinte de bière.

Un villageois avait proposé d’aider la veuve de l’auberge le temps qu’elle puisse se remettre de ses émotions. Un peu distraite alors que je peinais à finir mon premier verre, je le regardais du coin de l’œil. Il avait l’air plutôt habile dans ce qu’il faisait, et l’établissement n’allait peut-être pas fermer ses portes.

– C’est en effet, étrange, répondit Palsambleu mécaniquement et en me donnant un léger coup de pied par-dessous la table pour apparemment m’inciter à revenir dans cette conversation dont il ne voulait pas être le seul interlocuteur.

La guérisseuse me dévisagea de nouveau.

– J’ai vraiment l’impression de vous connaître, changea-t-elle de conversation.

Je fronçai les sourcils. J’étais sûre et certaine que je ne l’avais jamais vue. Peut-être qu’il en était autrement avec mon autre-moi. Je décidai de feindre l’ignorance.

– Encore une fois, je ne pense pas. Et d’ailleurs, nous ne nous sommes même pas présentés.
– Tiens, donc, oui, c’est exact, répliqua-t-elle en se redressant sur sa chaise. Il s’appelle comment le grand barbu ?
– Il s’appelle Lyanthor, et voici son ami Palsambleu.
– Un Homme et un Nain, commença-t-elle avant de pousser un rire nerveux. Vous savez que vous avez l’air de deux pirates ?

Palsambleu cracha presque dans son verre.

– Nous ne faisons que voyager ensemble, mais nous sommes honnêtes, mentit le Nain.
– Je n’ai pas dit que les pirates étaient malhonnêtes. Vous êtes bizarre, vous.
– Pour ma part, tentai-je de revenir à la conversation initiale, je suis Lizeth. Je les ai tout juste rencontrés, ils avaient un objet à me remettre, mais la situation a quelque peu… dégénéré. Et vous, comment devons-nous vous appeler ?
– Je m’appelle Belynwen, mais je préfère que l’on m’appelle Belwen.

Cette fois-là, c’est moi qui manquais de m’étouffer. Mon cœur se mit à battre la chamade. Cependant, je ne compris pas pourquoi. Ma tête commença à tourner. J’avais besoin d’air.

– Hum… enchantée, réussis-je à dire.
– Quelque chose ne va pas ? me demanda Belwen.
– C’est la bière, peut-être, mentis-je.
– J’ai un petit quelque chose si vous voulez.
– Non, je vais juste marcher quelques pas dehors, je ne m’éloignerai pas.

Une fois sortie, je tentai de reprendre mes esprits. Longeant l’auberge, je me trouvai un petit coin entre deux tonneaux et je m’y assis. En regardant le croissant de lune dans le ciel, je me rendis compte à quel point je me sentais seule, et que les conversations avec Chandra me manquaient. Elle aimait bien intervenir quand je me posais des tas de questions, lancer des remarques blessantes ou au contraire, émettre des commentaires constructifs. Belwen avait l’air persuadée de m’avoir connue par le passé alors que je ne l’avais jamais croisée, mais en entendant son nom, je n’en étais plus si sûre. Chandra aurait trouvé quelque chose à dire, mais maintenant, elle était dans cette petite boîte, avec de grandes chances qu’elle soit différente de celle que j’avais connue. Je n’éprouvais cependant pas cette sensation de déjà-vu, j’avais eu plutôt l’impression qu’au plus profond de mon âme, une petite clochette avait sonné pour me prévenir qu’une chose importante venait de se passer.

– Tout va bien Lizeth ? me fit tout à coup sursauter la voix de Belwen.

Je ne m’étais pas rendue compte que je m’étais assoupie. Une vague d’air frais me donna des frissons. Je me relevai en m’aidant du mur derrière moi. Mes membres étaient endoloris.

– Je vais bien, je suis juste un peu fatiguée.
– J’ai la clé de votre chambre, ils sont tous partis se coucher d’ailleurs.
– Vous ne restez pas ? demandai-je.
– Non, j’ai ma cabane dans le coin, vous vous souvenez ? Une petite balade au clair de lune me fera du bien.

Au moment où elle déposa la clé dans la main que je lui tendis, les alentours se brouillèrent. Incapable de décoller mes doigts des siens, je plongeai mon regard dans celui de Belwen, tout aussi surpris que le mien. Des arbres se dessinèrent autour de nous, le vent commença à souffler à travers leurs feuilles. Une odeur de pins bien particulière parvint à mes narines, celle de ma région, la Forêt Noire. Pourtant, je ne reconnaissais pas les alentours. Les traits de Belwen s’adoucirent.

– Où sommes-nous ? lui demandai-je.
– Dans le Royaume Sylvestre de Thranduil, en dehors de la cité souterraine. Je venais souvent cueillir des herbes médicinales dans les alentours. Je fais ce rêve et bien d’autres depuis des années. Comment avez-vous fait pour venir ici.
– Je pensais que vous auriez pu m’éclairer sur…
– Attendez !  m’interrompit-elle. Il va bientôt arriver.

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Elle pointa du doigt dans la direction d’un grand pont de pierre plus loin. Quelques secondes plus tard, la silhouette d’un Elfe apparut, un arc à la main et un carquois rempli de flèches dans l’autre. Il passa la lanière de cuir du carquois autour de sa taille et s’assurant qu’il était bien fixé, il releva la tête. J’aurais reconnu ces yeux gris entre mille. Ils regardèrent dans notre direction et s’illuminèrent. Je tressaillis et soudain, la nuit s’abattit sur nous.

Nous étions revenues à l’auberge. Je serrai la clé de métal dans ma main.

– Ça alors ! Vous le connaissez ? s’exclama-t-elle, en s’approchant de moi.

Je reculai d’un pas, craignant que la vision ne se reproduise.

– Cet Elfe a habité mes nuits depuis des décennies, mais il n’a pourtant jamais été vu dans la cité, continua-t-elle, fébrile. J’ai cru que ces apparitions s’arrêteraient en quittant le Royaume Sylvestre, et elles l’ont fait, jusqu’à il y a environ quelques semaines.

Ses mots s’entremêlaient dans mon esprit, et j’étais trop déboussolée pour répondre. Je me forçai pourtant à ouvrir la bouche.

– Pardonnez-moi, Belwen. N’y voyez là rien contre vous, mais j’ai besoin d’être seule, dis-je avant de la contourner en prenant soin de ne pas la toucher.

La guérisseuse voulut probablement répondre à mes mots, mais elle s’en retint. J’étais déjà à l’intérieur de l’auberge et je me dirigeai directement vers les escaliers. Je montai quelques marches et m’adossai aux parois de bois. L’émotion explosa à l’intérieur de ma poitrine et je dus me faire violence pour la réfréner.

C’était elle, sans aucun doute. Elle, dont il ne s’était pas senti prêt à me parler à Caras Galadhon. Elle, qui avait hanté son cœur.  Et elle était en vie, dans cette réalité !

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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