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Lizeth Heliandil BG#97

Uilrandir nous pria de l’excuser et ne se joignit pas à nous, car il souhaitait s’occuper du corps de son supérieur. Il n’avait rien dit de plus, et je sentais un profond bouleversement en lui. Nous dûmes le quitter rapidement, cependant, car la vie de la jeune femme que son Capitaine avait blessé était en jeu. Palsambleu nous avait rejoint quelques secondes après la fin du combat. Il avait l’air très gêné de ne pas avoir pu aider, mais se retenait de tout commentaire, compte tenu la situation.

Je montai sur la monture de Uilrandir et suivie de près par les deux pirates, nous partîmes au galop vers les plaines. Le vent était contre nous et il y avait peu de relief pour nous en abriter. Au bout d’une dizaine de minutes, nous nous arrêtâmes au milieu du chemin et je scrutai les environs une fois de plus. Aucune cabane n’était en vue.

– Je ne vois rien, c’est insensé, l’homme ne m’aurait pas menti. Je l’ai moi aussi vue en arrivant ! maugréai-je, inquiète.
– La tempête aura brouillé votre vision, commenta Lyanthor, l’air grave. Il n’y a rien dans les alentours, rien à part des herbes hautes.
– Il y a quelque chose qui brille là-bas, fit remarquer Palsambleu. Au cas où ça vous intéresse.
– Bon sang, mon ami, tu as raison ! s’exclama le pirate.

C’était très faible et ça disparaissait de temps à autre. Je sautai de ma monture et m’aventurai dans les herbes. Je manquai de tomber à plusieurs reprises, des mottes de terre invisibles semblaient avoir poussé çà et là. L’objet brillant était une petite clochette attachée au bout d’une corde elle-même nouée sur un grand bâton planté dans le sol, au bord d’un chemin rejoignant quelques arbres plus loin. La cabane était là-bas, derrière une petite clôture et un grand jardin. Lyanthor et Palsambleu me rejoignirent.

– Ce terrain est plein de musaraignes ! se plaignit le Nain.

La petite bâtisse était faite avec des rondins en bois noir et était en très bon état. Le jardin était entretenu et pas un brin de mauvaises herbes n’était en vue. Comparé au terrain par lequel nous étions arrivés, nous avions l’impression d’être dans un tout nouvel endroit. La propriétaire des lieux ne devait probablement pas être loin.

Alors que j’approchai de la porte, Lyanthor me devança.

– Ça vous arrive souvent de foncer tête baissée vers le danger ?
– Ce sont les haies taillées de près qui vous inquiète, Lyanthor ? répondis-je, amusée. Ou bien vous faites-vous vraiment du souci pour moi ?
– Je me dois de vous amener en un seul morceau pour récupérer mon bateau, et je sens que ça ne va pas être tâche facile.
– N’avez-vous donc pas fini de jacasser ? intervint une voix franche de femme depuis l’intérieur de la cabane. On vous entendrait à des lieux !

La porte s’ouvrit sur une grande Elfe svelte aux cheveux de jais. Elle avait l’air fâché. Après quelques secondes de silence et nous avoir détaillés du regard, elle soupira.

– Besoin d’un remède ? Je vous préviens, les matières premières sont rares, cela coûtera cher.
– Nous… commençai-je.

J’étais abasourdie d’entendre une guérisseuse parler ainsi. De plus, cela ne lui allait pas du tout. Je me repris, repensant à la jeune femme de l’auberge.

– Nous avons besoin de votre aide. Une femme a été poignardée en ville et je n’ai pu faire qu’un bandage. Sauriez-vous traiter ce genre de blessure ?

La guérisseuse resta là à réfléchir, sans rien faire.

– On vous paiera, si c’est à ça que vous pensiez ! maugréa Lyanthor.
– Était-elle encore consciente lorsque vous êtes partis ? demanda l’Elfe, l’intérêt de nouveau retrouvé.
– Oui, répondis-je.
– Je ne me déplacerai pas pour rien, alors, avec un peu de chance.

Elle prit un coffret en bois au-dessus de la cheminée et quelques fioles, puis mit le tout dans une sacoche.

– Allez ! Allez ! On se dépêche ! nous motiva-t-elle en mettant la sacoche à l’épaule.
– Hé, ça va nous coûter un bras, chuchota Palsambleu à Lyanthor.
– Je bluffais, crois-tu. Elle fait le travail, et on avisera, répondit le grand pirate, une main posée sur le manche de son épée.

Nous rejoignîmes nos montures et j’invitai la guérisseuse à monter derrière moi.

– On ne s’est pas déjà vus ? me demanda-t-elle soudain.
– Je ne crois pas, non, répondis-je, distraite.

***


Une fois de retour à l’auberge, je guidai l’Elfe à l’étage avant de redescendre. Le corps du Capitaine de Uilrandir n’était plus là, et ce dernier non plus d’ailleurs. Je soupirai, le garde de Dame Galadriel me manquait un peu. Des gens du village évacuaient encore ceux qui avaient dû se trouver dans le chemin du tueur. Dans un coin, assis à une table, la patronne de l’auberge continuait de sangloter. Désirant en savoir plus sur ce qu’il s’était passé, je me dirigeais vers elle et m’assis près d’elle.

– Je suis désolée pour votre mari, commençai-je.
– Me..merci, il était t… tout pour m… moi, réussit-elle à prononcer.
– Laissez-moi vous apporter un verre d’eau, lui proposai-je en quittant mon siège.

J’allais rapidement derrière le comptoir et plongeai un verre dans le seau d’eau fraîche. En revenant, la pauvre femme s’essuyait les yeux avec un mouchoir. Ils étaient gonflés à force d’avoir pleuré. Elle hocha de la tête en prenant le verre. Je repris place sur la chaise.

– Pouvez-vous me raconter ce qu’il s’est passé ?
– Que voulez-vous savoir ? Vous étiez là tout à l’heure, vous avez combattu cette brute.
– Que s’est-il passé avant que le Capitaine n’attaque tout le monde ?
– En fait, c’était un peu étrange. Quand l’elfe est entré, il avait l’air tout à fait normal. Il s’est accoudé au comptoir et a demandé à mon mari s’il n’avait pas vu deux voyageurs.

La femme s’arrêta dans son récit et déglutit. Elle but alors une gorgée d’eau.

– Il me semble qu’il s’agissait de vous et de votre ami, celui qui s’est occupé du cadavre.
– Cela ne me surprend pas, cet individu était une connaissance de.. Mon ami. Et que s’est-il passé ensuite ?
– Ensuite, mon mari a chuchoté quelque chose à l’oreille du visiteur, et c’est à ce moment-là qu’il a sorti son épée et… et.. qu’il l’a tué.

Elle recommença à pleurer et enfouit son visage dans son mouchoir.

– Je vous remercie, madame, il vaut mieux que je vous laisse, dis-je en posant ma main sur son avant-bras.

Je me levai et me dirigeai vers Lyanthor et Palsambleu, qui attendaient à une table plus loin.

– Je vais voir à l’étage si notre guérisseuse s’en sort. Vous restez là ou vous avez encore peur pour moi?
– On va rester là, ce n’est pas comme si on craignait que vous partiez sans dire un mot, dit Lyanthor en tapotant la poche de son manteau.

Palsambleu ricana. J’allais me diriger vers les escaliers quand je vis la guérisseuse en descendre.

– La plaie n’était pas si méchante et le couteau a par miracle épargné les organes vitaux.
– Elle va s’en sortir, alors, commentai-je.
– Oui, elle va s’en sortir. Elle se repose dans sa chambre. Bon, ce n’est pas tout, mais je vais aussi m’occuper de votre bras, mon grand.

Lyanthor se redressa, surpris.

– Oui, c’est bien à vous que je parle. J’ai vu la belle entaille que vous aviez. Vous comptiez la nettoyer, ou bien attraper la fièvre ?

Palsambleu pouffa de rire. Je ne pus moi-même m’empêcher de sourire. Lyanthor, quant à lui, ne savait plus où se mettre. Sa réputation était apparemment dans le déclin ces derniers jours.

– Je vous soigne gratuitement, alors ne faites pas cette tête.

Le Nain ne tint plus. Il enfouit sa tête dans ses bras posés sur la table et éclata de rire.

– Montrez un peu de respect, intervins-je tout bas, tandis que Lyanthor partait avec la guérisseuse – ou plutôt était emmené par elle. Il y a des gens qui pleurent leurs morts.
– C’est juste… commença le Nain en se redressant – il était rouge comme une tomate. Vous ne le connaissez pas. Pour lui, rien n’est plus important que La Serena, il n’a connu que la piraterie, et ça lui a toujours suffi. Les rapports humains, en revanche… on va dire qu’il n’a pas l’habitude de se faire mener par le bout du nez par une femme.
– Il semble bien se comporter avec elles, je trouve.
– Ne vous méprenez pas. Sans l’intervention de votre ami hier, et on ne parle pas du message qu’il a reçu, il n’aurait pas hésité à vous exécuter. Faites attention à lui, vous n’aimerez pas être du mauvais côté de son sabre et vous aurez vite fait d’être au bout de la planche. Bon, je parle trop, ça m’arrive toujours quand j’ai faim. Je vais faire un tour.

Palsambleu se dirigea vers la porte et me laissa seule. Il ronchonnait sur son chemin.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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