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Lizeth Heliandil BG#99

Je n’avais pu fermer l’œil de la nuit, préoccupée. Dans un monde qui ne connaissait pas l’existence d’Amynduilas, je n’étais en fait pas la seule à en avoir gardé le souvenir. Pas même Dame Galadriel ne l’avait vu dans ses visions. Belynwen, quant à elle, l’apercevait en rêve, comme s’il s’agissait de réminiscences. Avoir revu le Chasseur m’avait rappelé à quel point il me manquait. Il y avait de l’espoir, avait dit la Dame de la Lórien. Mais je n’avais encore aucune idée de l’étape suivante pour le ramener. Pour l’instant, j’étais obligée de suivre deux pirates qui prévoyaient de donner mon pendentif à un inconnu. Qu’il puisse s’agir d’Aralyon était la chose la plus probable à considérer, d’autant plus que le personnage pouvait changer de corps. D’un certain côté, si c’était lui, je savais déjà à quoi m’en tenir. Mais dans cette version de la réalité, Chandra ne lui avait probablement pas fait changer d’avis sur leurs desseins, et il recherchait sûrement toujours un moyen d’accroître les pouvoirs du bijou.

– Hé, tu vas pas manger ta soupe ? m’interrompit dans mes pensées Palsambleu.

Je n’avais pas faim, et n’avais même pas effleuré la cuillère en bois près du bol. Je poussais le récipient vers le Nain, qui haussa un sourcil avant de s’attaquer à mon petit déjeuner.

– Tu n’as que la peau sur les os, mais c’est ton choix, commenta le pirate entre deux lampées. Cette soupe est délicieuse, c’est pas comme hier !
– Palsambleu, finis ton bol et on reprend la route. Nous avons déjà assez perdu de temps comme ça. Notre client n’attendra pas éternellement.
– Il nous a déjà posé un lapin, Lyanthor, alors ça ne me dérange pas de le laisser un peu mijoter dans son jus.
– Oh, Palsambleu, c’est pas bientôt fini de toujours parler de nourriture !?

Lyanthor n’avait vraisemblablement pas passé une bonne nuit, lui non plus. Le repas se termina dans le silence, et nous n’entendîmes que les bruits de la vaisselle et des chaises sur le plancher. Le pirate alla déposer quelques pièces sur le comptoir et il nous rejoignit. Dehors, le petit village était calme. Après les évènements de la veille, je comprenais que le peu d’habitants vivant ici cherchait à éviter les rassemblements. Les chevaux de Lyanthor et de Palsambleu étaient prêts. Uilrandir avait pris le sien, et il n’était pas revenu. Cela me mettait mal à l’aise, car tout fidèle qu’il était, il manquait à l’ordre que lui avait donné Dame Galadriel de me protéger. De plus, cela signifiait que j’allais peut-être devoir monter sur le même cheval que l’un des pirates.

– Je pars devant, s’écria Palsambleu, me faisant bien savoir qu’il ne souhaiterait pas que je monte avec lui. De toute manière, sa monture ployait déjà sous son poids et de ses sacs.

Lyanthor sembla hésiter, partagé entre l’idée de rejoindre son compère ou de m’inviter sur sa selle. A ce même moment, nous entendîmes des bruits de sabots derrière nous. J’espérais que Uilrandir soit de retour parmi nous, mais à la place, Belynwen arriva, quelques sacoches attachées de chaque côté de la croupe de son cheval. Le pirate soupira et marmonna quelque chose dans sa barbe avant de faire avancer son cheval.

– J’avais peur de vous rater ! s’écria Belynwen, un peu essoufflée.
– Vous comptez venir avec nous, Belwen ? l’interrogeai-je.
– Depuis que nous avons partagé cette vision, je n’ai pu m’empêcher de penser qu’il s’agissait d’un signe, et je compte bien découvrir toute l’histoire.

Je la regardais avec un air grave après cette phrase que je jugeais déplacée. Éprouvai-je de la jalousie ? Ou avais-je peur que la situation d’hier se répète ?

– Et vous n’avez pas de cheval. Alors, ça tombe bien, n’est-ce pas ?

J’hésitai, et mon corps s’était raidi. Belynwen haussa un peu les sourcils et reprit :

– Vous venez ou pas, alors ?

Les picotements dus à l’éloignement du pendentif commencèrent à faire leur apparition aux extrémités de mes membres. Je tournai la tête et vit en effet que Lyanthor était pratiquement hors de vue. Je devais prendre une décision, et commencer à courir derrière les pirates, et tout le long du voyage, n’était pas envisageable.

– Je viens. Mais essayez de ne pas projeter vos rêves toutes les secondes, ajoutai-je.
– Ce n’est pas facile à maîtriser.
– Voilà l’opportunité de vous entraîner.
– Vous pouvez marcher sinon.

Je serrai les lèvres, mais abandonnai le combat. Mon manque de sommeil et ma mauvaise humeur n’aidaient pas à la répartie. Je mis mon sac sur mon dos, et montai derrière elle. Je remarquai que la selle de son cheval était très confortable.

– Je ne sais pas encore si je peux vous faire confiance, Belwen, dis-je alors que nous avions rattrapé les deux pirates et les suivions depuis quelques temps, mais vu que vous ne vous détendrez pas à moins d’en savoir plus sur cet Elfe, autant ne pas reporter cette conversation.
– Aux dernières nouvelles, c’est plutôt vous qui étiez tendue, répliqua Belwen.

Elle n’avait pas tort. Quelques secondes de silence passèrent, Belynwen attendait probablement que je me lance.

– Que vous me croyiez ou non, là d’où je viens, certains évènements ne se sont pas passés comme vous les connaissez. Il s’appelle Amynduilas Tireloin, il a vécu dans la Cité de Thranduil. Vous ne l’avez jamais connu car il n’est pas né dans cette réalité. Il n’a donc pas pu agir sur les évènements. C’est parce qu’il n’existe pas que tout est différent ici.
– C’est en effet difficile à croire, Lizeth. Mais pourquoi verrai-je… Amynduilas, dans mes songes, alors ?
– Vous avez une histoire en commun, son souvenir a peut-être traversé la réalité d’où je viens jusqu’à la vôtre.
– Une histoire en commun ?
– C’est ce que j’ai cru comprendre, oui. Ça ne faisait que quelques mois depuis notre rencontre, je venais d’être recueillie dans sa confrérie. Il était assez réservé, et peu bavard sur son passé, mais il a toujours agi avec bienveillance, et m’a beaucoup enseigné …

Soudain, un frisson me parcourut. Je fermai les yeux et quelques sensations me revinrent. Je revécus quelques instants avec Amynduilas, notre première rencontre – celle dont je me souvenais –, les évènements dans la Trouée des Trolls, ses confessions, puis la scène dans la Forêt Noire.

– Est… Est-ce que ça va ? me demanda Belynwen, la voix un peu hésitante, après le silence de quelques secondes que j’avais créé.
– Hmm… oui, ça va aller… Où en étais-je ? Ah, oui, donc. A votre sujet, je n’en sais pas beaucoup, malheureusement. J’ai rencontré une jeune Elfe plus tard, qui s’avéra être la fille d’Amynduilas. C’est à ce moment que j’ai compris que son ancienne compagne n’était plus de ce monde, et que c’était la cause de ses hésitations depuis tout ce temps.
– Et c’est de moi que vous parlez, n’est-ce pas ?
– Il semblerait bien qu’il s’agisse de votre autre « vous » de ma réalité, oui.
– On peut en déduire des tas de choses… hum… J’ai une fille, alors. Et quel est son nom ?
– Amyniel.
– Oh… Eh bien, votre histoire est extraordinaire, Lizeth. Si je n’avais pas eu ces rêves, je serais à des lieues de vous croire. Je comprends maintenant votre gêne depuis que nous nous sommes rencontrées. Mais je n’en ai pas de vrais souvenirs, comme vous. Dans ces rêves, j’ai toujours eu l’impression d’être quelqu’un d’autre. Et ce n’était pas moi. Alors, détendez-vous, Lizeth, il y a longtemps que j’ai abandonné l’idée de poursuivre un rêve. Ferez-vous comme moi ?
– J’espère bien trouver un moyen de ramener son souvenir, en fait, avouai-je.
– Et de rétablir votre réalité ? Parce que je n’suis pas sûre que tout le monde sera ravi de ça ! Vous y avez pensé ?

Oui, j’y avais pensé. Eh bien, oui, pourquoi ne pas laisser les évènements suivre leur cours ? Et pourtant, plus je voyais ce nouveau monde, et plus je me disais qu’il aurait bien eu besoin d’Amynduilas. Belynwen ne l’avait pas connu, et elle n’était probablement pas la même personne dont Amynduilas était tombé amoureux. Elle n’était pas la même, comme elle le disait elle-même. Sans lui, mon autre « moi » avait fait d’atroces choses dont je ne m’en remettrais jamais tout à fait bien que j’essayasse tous les jours de me convaincre que je ne les avais pas faites. Il n’était également pas juste que Moela ne se souvint pas de lui. Je ne pouvais oublier l’appel déchirant qu’elle avait poussé quand Kintyra avait détruit le pendentif. Non ! Il ne s’agissait pas d’un souhait égoïste ! Amynduilas méritait de vivre, et d’être présent dans le cœur de ceux qu’il avait rencontrés. Même si cela signifiait pour Belynwen, et moi-même, de voir nos vies s’arrêter à nouveau. On me donnait une seconde chance pour réparer ce que ma sœur avait fait.

Le cheval de Lyanthor s’arrêta soudain devant nous et fit volte-face. Il nous rejoint au trot et en ralentissant, le pirate pointa du doigt vers le sommet d’une colline.

– Navré de vous interrompre dans votre conversation, commença Lyanthor, mais nous sommes suivis depuis un moment.

Palsambleu s’approcha également. En contre-jour, je voyais une grande silhouette immobile, dont seuls les cheveux et la cape se mouvaient dans le vent. Un nuage passa devant le soleil et je reconnus les traits caractéristiques d’une Béornide. Irileith ? Elle poussa alors un rugissement terrible, puis se métamorphosa en un ours noir imposant.

– Mais qu’est-ce que c’est que ça ! s’exclama Palsambleu. Cette bête vient droit sur nous !!

En effet, la créature dévalait à présent la colline à une vitesse ahurissante. Comment pourrions-nous faire face à un tel monstre ? S’il s’agissait d’Irileith, pourquoi attaquait-elle ?

Je descendis de cheval, et m’avançai en dégainant mon épée.

– Lizeth !? m’interpellèrent Belynwen et Lyanthor à l’unisson.

Je ne répondis pas, concentrée sur les pattes d’Irileith. Maintenant que mes pieds touchaient le sol, je pouvais sentir les vibrations provoquées par le poids de l’ours. Je m’étais suffisamment avancée pour faire comprendre à mon adversaire que je ne souhaitais pas qu’elle s’approche de mes compagnons. Au dernier moment, je fis une roulade dans l’herbe tout en ayant essayé en me projetant vers l’avant de porter un coup à l’épée.

– Irileith ! C’est toi ? lui demandai-je.

Aucune réaction de la part de l’ours, qui était plutôt furieux de ne pas avoir réussi à m’atteindre du premier coup. De toute évidence, si ça avait été le cas, le combat aurait déjà été terminé. Un coup de patte, et c’en était fini de moi. Il fallait que je la calme. C’était une guerrière, mais une guerrière intelligente. Je n’eus pas le temps d’ajouter quoi que ce soit qu’elle se précipita de nouveau vers moi. Je reculai de quelques pas avant de foncer vers la droite. J’aurai probablement du mal à répéter les mêmes esquives qu’auparavant. Comment la convaincre ?

– Qu’est-il arrivé à Orriath ? criai-je en m’arrêtant et en me retournant.

La réponse fut un rugissement de colère. Je ne me souvenais pas que mon autre « moi » eut fait du mal au Capitaine Orriath. Je ne me rappelais pas non plus l’avoir rencontrée dans cette réalité, car j’avais pris une toute autre direction, bien avant même d’atteindre les Monts Brumeux.

– Irileith !! Que lui est-il arrivé !?

Bon sang, ça ne servait à rien de courir. Je vis les deux pirates et Belynwen plus loin qui regardaient la scène. Je vis Lyanthor descendre de son cheval, le sabre à la main.

Une énorme boule de poils me percuta et je fus projetée en arrière. Mon dos heurta le sol et j’en eus le souffle coupé. Le visage humain d’Irileith se trouvait maintenant juste au-dessus du mien et ses grands yeux marrons me fixaient avec colère. Je sentis que du sang coulait de son bras, là où je l’avais probablement touchée. Mais elle ne s’en était pas rendue compte. Pour elle, ce n’était qu’une simple égratignure.

– ORRI, AMI D’IRILEITH !! rugit-elle. ORRI, AMI D’IRILEITH !!!
– Orriath est aussi mon ami !
– NON ! Vous pas son AMIE ! Orri, GRAVEMENT blessé à cause vous !
– Mais… comment ? m’exclamai-je, la voix brisée.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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