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Lizeth Heliandil BG#100

Je ne pus en demander d’avantage. Irileith se transforma à nouveau et je ne pus voir que sa patte fendre l’air et heurter mon visage. Une douleur lancinante me brûla la peau. L’impact m’avait également projetée au sol et tout de suite après, le sol sur lequel j’étais tombée sembla bouger, puis tout devint noir.

***


Je me trouvais au milieu d’un chemin forestier. Des fougères couvertes de rosée indiquaient une heure matinale et de faibles rayons de lumière peinaient à percer le feuillage des arbres. Belynwen était à côté de moi, aux aguets. Tout à coup, j’entendis des bruits de pas, plus loin. Ils provenaient du chemin, des pas rapides, qui se rapprochaient de la position où nous nous trouvions.

– Mince, je pensais l’avoir semé ! chuchota Belynwen, un léger sourire aux lèvres.

Elle quitta le chemin sans même me voir, et je me précipitai derrière elle entre deux buissons, puis nous gravîmes une petite butte avant de trouver place derrière un arbre. Depuis notre cachette, nous avions une vue imprenable sur le sentier, et je ne tardai pas à voir apparaître une silhouette bien connue. Habillé d’un pourpoint vert foncé et d’un pantalon brun, il portait une ceinture équipée de plusieurs petits couteaux sur laquelle s’attachaient aussi un carquois rempli de flèches. Un grand arc à la main, Amynduilas se déplaçait avec grâce avant de s’arrêter net près de l’endroit où nous étions quelques secondes auparavant. Je le vis inspecter avec minutie les feuilles mortes et certaine que nous avions été découvertes, je me cachai davantage derrière mon abri naturel. Je m’attendis à ce qu’il apparaisse dans la seconde qui suivit, mais ce moment n’arriva pas. Le cœur battant, je jetai un regard vers Belynwen, mais elle n’était plus à mes côtés. Un coup d’œil dans l’autre direction, et Amynduilas n’était également plus en vue. Puis soudain j’entendis une voix s’exclamant, vers ma gauche. J’entendis des rires, et des bruits de fougères que l’on traversait, qui s’approchaient. Je fis lentement le tour de l’arbre et les vis tous les deux.

– Tu n’as pas été très difficile à trouver, Belwen, constata Amynduilas.
– Je ne piste pas les gens, moi. Était-ce pourtant si facile ?
– Il m’a juste fallu traquer ton parfum.

A ce moment-là, Amynduilas regarda dans ma direction, juste un instant. Je fronçai les sourcils. M’avait-il remarqué ? Impossible. La seconde d’après, cependant, son attention se tourna à nouveau vers Belynwen. Il avait l’air bien plus jeune que dans mes souvenirs, ses traits n’étaient pas tirés par la fatigue et les soucis, mais sereins. Je m’appuyai sur l’arbre et me mordis la lèvre quand les deux Elfes s’approchèrent à quelques centimètres l’un de l’autre.

– Je n’en porte jamais, c’est raté ! répondit-elle.
– Tes empreintes de pas ne sont pas très discrètes, alors… avoua Amynduilas, tout bas, en lui caressant le menton.
– C’est très gentil de dire ça, dis-donc ! s’exclama Belynwen, en le repoussant gentiment et en faisant quelques pas dans l’autre direction.
– T’aurais-je contrariée ? s’inquiéta faussement le Chasseur.
– Oui… commença Belynwen, alors qu’Amynduilas lui prit la main pour la faire pivoter vers lui. Mmmh…. Oui ! Je suis vraiment contrariée, maintenant !

Elle devint rouge pivoine tout en soutenant le regard de l’Elfe, que je ne voyais pas d’où je me tenais.

– Pardonne-moi, Bel, déclara Amynduilas, le plus sérieusement possible.
– Tout cela t’amuse, n’est-ce pas ? murmura-t-elle.
– Ah, Belwen ! s’exclama le Chasseur en l’attirant vers lui.

Je détournai le regard, embarrassée et je décidai de m’éloigner d’eux. Une fois certaine d’être assez loin pour ne plus les entendre, je m’assis sur une souche et enfouis ma tête dans mes bras, priant pour me réveiller. Pourquoi Belynwen me laissait pénétrer son esprit de la sorte ? Je me souvins alors de la rencontre avec Irileith et de la manière dont elle s’était terminée. Je me mis à y penser très fort. Lorsque je relèverai la tête, tout aurait disparu. Je me réveillerais, prête à faire face à nouveau à la Béornide.

Lorsque je le fis, je n’étais plus dans la forêt, ni même au milieu d’une plaine accompagnée des deux pirates, de Belynwen et d’Irileith. J’étais au milieu de ruines, le ciel au-dessus de moi était parsemé d’étoiles. On aurait dit la pièce de l’autel sacrificiel où tout cela avait commencé. Il n’y avait plus d’autel, mais un reste du grand escalier était encore là, ne menant plus à rien. L’endroit était désert, abandonné depuis de très nombreuses années. Un courant d’air parcourut l’endroit et je sentis une présence derrière moi. Amie ou ennemie ? Je pivotai sur moi-même et vis la silhouette d’une femme en face de moi. Elle sortit de la pénombre et un frisson me parcourut quand je crus reconnaître les traits de ma mère sur son visage.

– Mère ? dis-je, hésitante.

Solriana pinça les lèvres, mais ne dit rien. Elle avança encore de quelques pas.

– Je pensais vous avoir perdue, continuai-je. On ne m’a jamais dit si l’on vous avait retrouvée. Que faites-vous ici ?
– Lizeth, je suis venue pour te remettre un message. Il ne provient ni du passé ni du futur, et encore moins du présent.
– Quel message ?
– « Tu ne trouveras pas qui tu recherches, l’ombre te l’a pris et tu arriveras trop tard ! On ne triche pas avec elle, car sa vengeance est douloureuse ! ».
– Qui donc vous a laissé ce message !? demandai-je horrifiée, .
– Lizeth, tu avais été prévenue depuis le début, comment as-tu pu ignorer ces mots !? Comment as-tu pu l’abandonner ?

Je reculai tandis que ma mère se rapprocha davantage de moi et m’attrapa par le devant de mon chemisier. Je remarquai alors trois grosses cicatrices sur sa joue gauche.

– Tu n’as rien fait pour le sauver ! TOUT EST DE TA FAUTE ! cria-t-elle.

Mon cœur s’emballa et un voile tomba sur mes yeux.

***


– Lizeth, ne vous débattez pas ! Ce n’est que moi, Belynwen ! J’essaye de changer votre bandage !
– Vous voulez que je l’assomme ? demanda Palsambleu.
– Il a été bien difficile de lui faire reprendre connaissance, donc, non !
– Ah là là ! Elle est en plus insensible au sarcasme ! s’exclama le Nain avant de s’éloigner. Ces Elfes sont tous pareils !

Je peinais à me calmer, le retour à la réalité avait été rude. Ma joue était en feu. Belynwen me regardait, préoccupée, une compresse en l’air entre ses mains.

– Vous avez été griffée au visage, mais la plaie n’est pas si profonde, expliqua la guérisseuse. J’ai appliqué un onguent de mon invention pour éviter l’infection et aider à la cicatrisation. La sensation de brûlure va perdurer un moment, mais vous irez mieux.
– Où est Irileith ? peinai-je à articuler, en la laissant poser le tissu sur ma joue.
– La bête s’est éloignée une fois qu’elle vous a mise à terre, commenta Lyanthor. Mais elle nous épie de loin. Il reste quelques heures avant le coucher du soleil. Je souhaiterais qu’on parcoure encore quelques lieues avant de camper pour la nuit.
– Etes-vous donc aussi pressé que cela ? s’exclama Belynwen. Lizeth a besoin de se reposer !
– Laissez Belwen, intervins-je en me redressant. Ma tête commença à tourner mais je fis comme si de rien n’était. Je vais bien, nous pouvons y aller.
– Vous voyez, elle dit qu’elle va bien ! dit le pirate.

Belynwen lui jeta un regard noir. Elle m’aida à me relever et alors que Lyanthor et Palsambleu remontaient en selle, je posai une main sur son bras.

– Je suis encore allée dans votre tête, Belwen, lui avouai-je.
– Vraiment ? Je ne m’en suis pas rendue compte, s’étonna-t-elle.
– Oui, et vous n’étiez pas consciente de ma présence. Mais étrangement, il m’a semblé qu’à un moment donné Amynduilas a remarqué que j’étais là.
– Comment est-ce possible ?
– Aucune idée. Je m’imagine peut-être des choses.

Elle m’aida à monter en selle, puis monta derrière moi.

– Est-ce que ça ira ? m’interrogea-t-elle, et j’eus l’impression qu’elle ne parlait pas seulement de ma blessure.
– Je l’espère, répondis-je, évasivement.

Le cheval partit au trot pour rejoindre les deux pirates. Au loin, à travers les arbres d’un bosquet, je vis très clairement la Béornide qui nous suivait du regard. Je ne pouvais m’empêcher de penser au jeune Capitaine Orriath. L’histoire d’Irileith ne tenait pas debout, mais c’était une guerrière honnête, qui n’agissait pas sans raison. Il fallait que j’en sache plus.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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