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Lizeth Heliandil BG#56

Le soleil se leva alors que le feu s’étouffait. Durant la nuit, j’avais fait de mon mieux pour l’alimenter, mais j’étais à présent à court de bois, ne pouvant pas trop m’éloigner de Chandra. Sa respiration s’était améliorée depuis cette nuit, et j’étais soulagée qu’elle ait pu rattraper quelques heures de sommeil. Son corps avait peut-être enfin compris qu’il ne gagnerait pas ce combat de cette manière, et s’était au moins autorisé à dormir.

Les alentours étaient également en train de s’éveiller, et à mesure que les rayons du jour réchauffaient l’atmosphère, tout un nouveau monde faisait son apparition. Au bout d’une dizaine de minutes, je me dis qu’il faudrait peut-être tenter de réveiller Chandra. Si j’attendais davantage, elle serait capable de me le reprocher, et je n’avais aucune envie de passer mon temps à me justifier auprès d’une personne aussi têtue. Je m’approchai et m’assis en tailleur au niveau de mon visage. Il était encore étrange de me voir depuis l’extérieur, mais je m’y étais fait, même si parfois j’avais en horreur cette idée d’accepter si simplement que mon corps n’était plus le mien, comme si j’étais devenue une toute nouvelle entité, à part. Je tendis le bras et posai la main sur mon épaule.

– Chandra ? murmurai-je doucement, tout en exerçant une pression sur elle. Est-ce que tu m’entends, Chandra ?

Elle réagit au bout de quelques secondes, et je lui laissai le temps d’émerger. Chandra se redressa enfin et resta assise, le regard hagard, parcourant le paysage. Je fronçai les sourcils quand elle tourna la tête dans ma direction, mais sans me voir.

– Lizeth ? prononça-t-elle à voix haute, cherchant maintenant frénétiquement autour d’elle.

Sa voix sonnait creux dans le silence, et je dus me rendre à l’évidence qu’elle ne me voyait plus.

– E-est-ce que tu m’entends, Chandra ? l’interrogeai-je.

Elle ne me répondit pas. A la place, Chandra attrapa le pendentif doré et se mit à l’observer sous tous les angles. Je savais qu’elle réfléchissait à la situation, et qu’elle était sûrement la mieux placée pour comprendre pourquoi nous ne pouvions plus communiquer. Au bout de quelques secondes, elle se releva et après avoir effectué un tour sur elle-même, peut-être dans l’espoir de s’être trompée, elle prononça distinctement.

– Lizeth, si tu es dans le coin, et j’en suis persuadée, sache que je m’attendais à cette étape, expliqua-t-elle. Nous n’allons plus être capable de communiquer jusqu’à ce que le pendentif soit réparé. Le temps presse, nous devons rejoindre au plus vite la Lothlórien.

Elle marqua une pause, et pressa les lèvres, apparemment gênée par ce qu’elle s’apprêtait à dire.

– Je ne sais pas ce qu’il s’est passé cette nuit, mais quoi que ce fut, tu nous as sauvées… Merci, Lizeth.

Chandra scruta alors la surface du marécage, et avant de partir, chercha à tâtons au fond de l’eau ses armes. Elle ne trouva que son baudrier avec sa dague, l’épée avait glissé hors de son étui et était probablement enlisée quelque part dans la vase. Elle en abandonna les recherches au bout de quelques minutes, et se rendant alors à l’évidence qu’elle devrait continuer le chemin ainsi, elle capitula, non sans montrer son agacement.

Quelques heures plus tard passées à avancer plus lentement que nous le voulions, le marécage fut peu à peu remplacé par des terres à découvert. Le fleuve Anduin continuait vers le sud, et quelques cent cinquante lieues plus loin, notre destination. A pied, il nous faudrait deux ou trois jours supplémentaires pour l’atteindre.

– Là-bas, le long de la rivière, de la fumée ? dit Chandra tout à coup, en pointant du doigt en direction d’une fine colonne de fumée.

Elle avait raison. Je la suivis au pas de course, espérant qu’il s’agisse d’un feu ami, et qu’il y aurait une solution à notre problème de temps. Lorsque nous nous approchâmes, nous aperçûmes entre les roseaux un petit homme en train de pêcher.

– Bonjour ! l’interpella Chandra, gardant ses distances.

Le pêcheur se retourna et adressa à Chandra un regard surpris au-dessus d’une courte barbe. Il se leva et je reconnus là un Hobbit de la branche des Forts. En effet, il était plutôt grand, par rapport aux autres de sa race, et il était aussi plus large d’épaule. Je ne m’attendais pas à trouver un Hobbit seul au milieu de nulle part.

Artwork par Snowball Art

– Quelle surprise ! Vous m’avez fait perdre mon poisson ! s’exclama-t-il.
– Pardonnez cette intrusion, je m’appelle… Rosalynd, se présenta Chandra. Je suis profondément navrée pour votre poisson.
– Oh, j’en suis… persuadé ! commenta le Hobbit, fâché. Pour ma part, je suis Dargol, humble pêcheur et marchand itinérant. Que venez-vous faire dans le coin ?
– Je cherche à me rendre à Caras Galadhon le plus vite possible.
– Oui… Caras Galadhon, j’aurais dû m’en douter, puisque vous êtes une Elfe, et que de l’autre côté du fleuve, ce n’est pas vraiment le meilleur lieu pour passer des vacances. Cependant, si vous me permettez le commentaire, vous ne semblez pas équipée pour voyager.

Chandra suivit le regard de Dargol jusqu’à ses vêtements sales et son baudrier quasiment vide.

– J’ai fait une mauvaise rencontre dans le marais. J’ai perdu mon cheval et la majeure partie de mon équipement, raconta-t-elle.
– C’est vraiment de la malchance, je suis désolé.
– Merci. Je me demandais si votre itinérance ne vous mènerait pas vers le sud.

Je levai les yeux au ciel. Autant j’avais trouvé que Chandra était bien partie avec les présentations, autant elle était encore loin d’être délicate lorsqu’il s’agissait de demander une faveur. Heureusement pour elle, elle ne pouvait pas lire mes pensées ou me voir.

– Je ne fais pas dans le transport de personne, l’amie. Je commençais à peine à refaire mon stock de poissons, cela prend du temps, argumenta le Hobbit, montrant les tonneaux vides autour de lui.
– Il faudrait que j’arrive demain matin au plus tard en Forêt d’Or, c’est une question de vie ou de mort, annonça Chandra, se montrant plus pressante et faisant un pas vers l’avant.
– Hé ! Ho ! Est-ce là des menaces ? répondit Dargol, les mains sur les hanches. Je suis mieux armé que vous, et chétive comme vous êtes, vous ne tiendrez pas une minute. Une question de vie ou de mort, vous dites ?

Chandra sortit le pendentif de la petite besace et le montra au marchand. J’ai cru un instant qu’elle allait lui raconter toute la vérité, mais elle la garda cachée, et parla à la place d’un cousin à Caras Galadhon qui le lui rachèterait un bon prix. Puis elle proposa au marchand une part de l’argent qu’elle allait gagner. Son histoire était bancale, mais apparemment, le Hobbit n’y vit que du feu. Enfin… presque.

– Mais pourquoi être si pressée, et que vient faire la mort dans tout ça ? l’interrogea Dargol.

Il était très curieux, mais j’étais néanmoins soulagée de ne pas ressentir chez lui quelque animosité. Il semblait honnête, et ne tenterait pas de voler le médaillon de Chandra.

– Il en a besoin le plus vite possible, mentit Chandra. Il prétend être une sorte de sorcier, et m’a promis en plus d’un pécule un objet dont j’ai besoin. Si je n’arrive pas dans les temps, le pendentif ne lui sera plus d’aucune utilité, et je n’aurai pas ma récompense. C’est tout ce que je peux vous dire.
– Vous avez une drôle de famille, dites-moi !
– Il n’est pas spécialement du bon côté de la famille.

Cette fois, il mordit à l’hameçon.

– Hé bien, je veux bien faire une exception pour vous. Je pourrais éventuellement rendre visite à un ami que je n’ai pas vu depuis longtemps, ça changera de l’habitude. Cependant, il me faudrait un gage de votre bonne volonté, un avancement sur la paye si vous voyez ce que je veux dire.
– Je n’ai que ça à vous proposer, conclut Chandra en offrant le coutelas de Drokki à Dargol. La lame est commune, mais la pierre sur le manche est jolie.

Là, je regrettai de ne pouvoir intervenir. De la pitié traversa le regard du Hobbit, mais au bout de quelques secondes de réflexion, il tendit la main vers Chandra.

– Allons, marché conclu !!

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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