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Lizeth Heliandil BG#57

Le bateau était un moyen de transport plus rapide que la marche, mais il restait bien lent. Cependant nous étions aidés par le courant de l’Anduin, qui coulait vers le Sud, et par un vent favorable. Au matin suivant, nous avions parcouru un peu plus du tiers du chemin restant, mais c’était apparemment loin de satisfaire Chandra.

– Dargol, n’y-a-t-il pas un moyen d’aller plus vite ? demanda-t-elle. A cette allure, nous n’arriverons que demain dans l’après-midi.
– Je suis bien navré de vous informer que nous n’avons presque pas de marchandises, expliqua Dargol. Nous allons déjà relativement vite. C’est une chance.

Chandra soupira. Elle était à bout de force. Néanmoins, le Hobbit avait raison, ils avaient bien de la chance d’avoir avancé autant. A dire vrai, le bateau à voile de Dargol était sûrement un meilleur moyen de transport que les chevaux qu’ils avaient empruntés aux Béornides. Constant, pouvant naviguer toute la journée, et infatigable. Au mieux, les deux chevaux seraient tous les deux morts aux deux tiers du voyage, forçant Chandra à parcourir les dernières lieues alors qu’elle serait déjà considérablement épuisée. Au contraire, conduire le bateau ne demandait pas beaucoup de précision, et était plutôt reposant. Peut-être que cela suffirait à la faire tenir, et je ressentais beaucoup d’espoir dans ce plan. Malheureusement, je ne pouvais pas partager mon enthousiasme avec Chandra, qui broyait pas mal de noir et déclinait d’heure en heure.

– Vous n’avez rien avalé depuis hier, Rosalynd, ne voulez-vous pas partager mon repas ? proposa gentiment Dargol au bout d’un moment.

Le petit homme respectait les nombreux repas d’une journée Hobbite, et il était vrai que l’on avait l’impression qu’il mangeait continuellement. Cependant, il s’agissait d’encas assez rationnés, étant donné le fait que nous restions toujours à flot, sans le moindre moyen de nous ravitailler. Chandra, qui tenait la barre à ce moment-là, fit non de la tête. Elle était blanche comme un linge.

– Voyons, il faut que vous mangiez quelque chose, vous allez faire un malaise. Je sais bien que les Elfes sont résistants, mais vous n’avez pas avec vous de ce pain qui vous rassasie en une bouchée ? Je ne souhaite pas arriver à Caras Galadhon avec un cadavre en guise de compagnon !

Son discours était plutôt fort, mais Chandra ne cilla pas.

– Je ne souhaite pas gaspiller votre nourriture. Mon estomac est… fâché. Très fâché.
– Essayez au moins de manger un peu de pain avec de la viande séchée. Ce qui est bon arrivera peut-être assez loin avant que… vous savez.

A contrecœur, Chandra prit le morceau de sandwich des mains de Dargol. Je fus étonnée qu’elle cède finalement, et alors qu’elle le mangeait lentement et avalait également un peu d’eau fraîche, le Hobbit prit un air satisfait.

– Ce qu’il vous faut maintenant, c’est un peu de repos, laissez-moi reprendre la barre et allez vous allonger.

Chandra s’exécuta et alla s’asseoir contre des sacs, un peu plus loin.  Dargol coinça la barre avec ses petites jambes et commença à mettre de l’herbe dans sa pipe, lui aussi installé confortablement.

– Ce sont ces journées-là, un peu de soleil, pas mal de vent pour faire avancer le bateau, que je préfère. On avance bien, dans le silence. C’est reposant. Même si vous arrivez avec un peu de retard, votre cousin n’en tiendra pas rigueur. Tout va bien se passer.
– C’est vous qui le dites, répondit Chandra d’une voix endormie.
– J’avais moi aussi un cousin. Il prétendait être le descendant d’un Hobbit qui s’appelait Déagol. Selon lui, il avait été tué par un ami, ou peut-être était-ce un autre cousin. Il a été retrouvé dans le marais, là où vous avez perdu vos chevaux. Je suis toujours resté loin de ce marais, pas que j’eus peur de l’eau, ou de la boue, mais qui sait ce qu’il y a là-bas, qui ne soit ni de l’eau, ni de la boue. Toujours senti qu’il y avait quelque chose de louche là-dedans.

Sa voix était devenue un murmure. Chandra s’était endormie. Dargol ricana doucement, et continua de fumer. Il soupira d’aise, profitant de la brise et du soleil caressant sa peau. Les heures passèrent, le soleil se coucha de nouveau. Le Hobbit enfila un manteau pour se protéger du froid, mais resta à son poste, à la barre, grignotant parfois un sandwich, ou jetant un coup d’œil en direction de Chandra, qui ne bougeait plus. Il ne l’avait pas réveillée, et contemplait l’horizon, au loin, qui brillait d’une lueur blanche, reflétant la lune.

***

Le soleil était haut dans le ciel lorsque nous aperçûmes les premiers arbres de la Lothlórien, les majestueux mellyrn. J’avais à ma gauche, les arbres de la Forêt Noire, à ma droite, ceux de la Forêt d’Or, et je me sentais un peu à l’étroit entre les deux, même si le fleuve était très large.

Quelques heures plus tard, nous arrivâmes enfin au confluent du Celebrant et de l’Anduin, et alors que nous pénétrions sur les terres des Galadhrims, Dargol consentit à réveiller Chandra. Elle avait dormi plus d’une journée entière, mais ne semblait pas pour autant remise. Il lui fallut une dizaine de minutes pour reprendre un peu de contenance et refusa le sandwich que lui proposa le Hobbit. Elle tenait dans la paume de sa main le médaillon, et semblait se concentrer pour rester éveillée.

Les pontons de Caras Galadhon en vue, nous fûmes accueillis par de nombreux Elfes, qui s’affairèrent à aider le bateau pour son amarrage.

– Hé bien ! Rosalynd, étiez-vous attendue ? Regardez-moi cette foule ! s’exclama Dargol. Oh, mais, ça alors !

S’avançant vers nous, dame Galadriel était comme un ange dans sa robe blanche. Elle était entourée par plusieurs personnes, certains de sa garde personnelle. Je n’avais jamais eu l’occasion de la rencontrer, et j’étais complètement subjuguée par la grâce dont elle était dotée.

Quelqu’un aida Chandra à descendre du bateau et l’amena près de la reine des lieux.

– Je vous attendais, Chandra, dit Galadriel d’une voix solennelle. Et Lizeth.

Chandra redressa la tête et ne manqua pas le regard que me porta Galadriel. Personne ne sembla juger de l’étrangeté de la situation.

– Vous devez être épuisées. Mais n’ayez crainte, maintenant que vous êtes près de moi, vous ne risquez plus rien. Enfin… pour aujourd’hui au moins.

Alors que nous nous éloignions, Dargol commença à nous suivre, soudain très nerveux. Galadriel s’interrompit un instant et se retourna lentement, adressant un léger sourire au Hobbit.

– Jeune Dargol, votre mission cependant s’arrête ici, mais sachez que ce que vous avez fait ces derniers jours mérite récompense. L’on va s’occuper de vous comme il se doit.

Interdit, Dargol resta planté là, bouche-bée. Son regard allait de Chandra à la Dame de la Forêt d’Or, et il ne savait plus que penser.

– Ce fut un honneur pour moi, ma Dame… réussit-il à prononcer en s’inclinant maladroitement.

Puis nous reprîmes notre route vers la cité de Caras Galadhon et ses flets, et alors que nous venions de franchir ses portes, une voix brisa le silence.

– Tu vois bien, Amyn, elle n’est pas morte.

Moela et Amynduilas se tenaient en haut d’un escalier adjacent. La capitaine était resplendissante, et portait une robe elfique qui lui allait à ravir. Quant au chasseur, il portait un pourpoint beige, et un pantalon marron. Ses yeux gris étaient troublés et marquaient la surprise. Étrangement, à ce moment précis, je ressentis son cœur qui battait la chamade, et cela me fit un curieux effet, qui s’accentua lorsqu’il descendit les marches et s’avança vers Chandra, avant de la serrer dans ses bras. Celle-ci ne fit pas mine de lui rendre son étreinte et resta de marbre. Quelques secondes plus tard, il s’écarta et gardant un air inquiet sur le visage, il dit :

– Rosalynd, j’ai cru qu’il t’était arrivé malheur. Je ne ressentais plus ta présence, mais tu es bien là…
– Tu es faible Amynduilas, trancha Chandra, aussi froide que de la glace. Tu n’es même pas capable de sentir la présence de Lizeth alors qu’elle se trouve maintenant près de toi. Je ne vois vraiment pas ce qui l’attire chez toi.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

3 réponses

  1. « Tu es faible Amynduilas, trancha Chandra, aussi froide que de la glace. Tu n’es même pas capable de sentir la présence de Lizeth alors qu’elle se trouve maintenant près de toi. Je ne vois vraiment pas ce qui l’attire chez toi. »

    Pfiou, ça c’est envoyé, elle n’y est pas allée de main morte.
    Galadriel semble en connaitre plus que les compagnons de Lizeth.

    1. Héhéhé ! Oui, c’est une réplique que je gardais au chaud depuis bieeeeen longtemps. Chandra ne le porte pas dans son cœur, non seulement parce que oui, ses pouvoirs ne sont pas encore très développés (il faut dire qu’Amynduilas n’a pas encore 90 ans), mais on peut également supposer qu’elle se venge un peu du moment où il a laissé Lizeth en arrière en partant avec Moela. C’est notre Chandra, on ne la refait pas haha 😉

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