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Lizeth Heliandil BGS#2 Abattre le monstre

Lu par Orri lui-même en direct live

Rosalynd était accroupie près du corps tandis que je tenais la bride du cheval. Le silence alentour était pesant, seuls quelques bruits étouffés dans notre dos provenaient de notre camp. Je restai là, immobile, attendant les conclusions de la chasseuse. L’homme à terre ne pouvait qu’être Galaenthir, notre chef. En voyant la lance fichée au milieu de son dos, je me surpris à me demander s’il l’avait reçue au cours d’un combat, ou en tentant de s’enfuir. Le cadavre baignait à présent dans une épaisse mare de sang et malgré tout, le choc m’empêcha de tourner la tête.

– Non… Galaenthir… marmonna Rosalynd après qu’elle eut constaté qu’il ne respirait plus.

Mon cœur ne fit pas un bond dans ma poitrine. Je ressentis à la place une grande lassitude et une peine indescriptible. Depuis ce fameux jour où j’avais rencontré Thalesir dans le centre du Gondor près du port de Pelargir, les Cavaliers Solitaires avaient été pour moi ma nouvelle famille, et mon entrée dans le groupe avait marqué la fin d’une longue errance.

La figure de proue de la confrérie était maintenant tombée, et je n’arrivais pas à imaginer la suite des évènements. Mes pensées furent néanmoins assez vite balayées par un brusque retour à la réalité. Un terrible rugissement se fit entendre au loin. Rosalynd était déjà debout et scrutait l’horizon. A ce moment, le ciel s’éclaircit et la lune éclaira un versant de la montagne.

Je plissai les yeux pour essayer de mieux voir la créature qui se trouvait sur l’une des plateformes plus en hauteur. Le vent chargé de neige, surtout autour de la silhouette, ne me permettait pas de la voir avec précision. Il me sembla voir qu’elle avait une épaisse fourrure ou bien était-ce une sorte de cape ou de manteau ? Ce dont j’étais sûr, néanmoins, c’est qu’il s’agissait d’une créature bipède. Elle tenait à bout de bras une très grande lance, et je devinais qu’elle devait être du même genre que celle qui avait achevé Galaenthir. Alors que son cri menaçant faisait écho contre les montagnes, Rosalynd recula de quelques pas pour revenir à ma hauteur.

– Par Manwë, commença-t-elle dans un même souffle. C’est chose vient pour nous…

Elle pivota vers moi et me prit par la manche du manteau. Son regard était déterminé mais j’y lisais également un mélange d’inquiétude et de peur.

– Même à vingt, ça risque d’être tendu, Orriath. Nous ne sommes pas prêts à nous battre ! déclara-t-elle.

Elle tourna le visage de nouveau vers la montagne et réfléchit quelques secondes avant de me prendre les rênes du cheval des mains. En un rien de temps, elle était montée en selle et avait tôt fait de vérifier si l’épée secondaire que Galaenthir avait toujours sur son cheval était bien en place.

– Mais que vas-tu faire ? lui demandai-je en essayant d’attraper la lanière de cuir de la bride de la monture.
– Va prévenir les autres que nous avons un gros souci sur les bras ! Je vais tenter quelque chose pour l’empêcher de venir jusqu’ici.

Elle bondit vers l’avant et me laissa seul. Alors, je ne pris pas le temps de réfléchir. Je tournai les talons et repartis vers le camp à toute vitesse, vers l’endroit où nous avions laissé les chevaux.

– Que s’est-il passé, Orri ? cria Eljoying derrière moi alors que j’étais en train de détacher mon cheval. Que fais-tu donc ?
– Peut-être la pire chose de toute ma vie ! Un ennemi est tout prêt, il est gigantesque.
– Un troll ?

Je fis non de la tête et faillis monter sur ma monture sans avoir pris mes armes. Je me précipitai près de ma tente et pris mon épée que j’attachai rapidement dans mon dos. Une épée plus courte battait déjà ma cuisse gauche quand je mis pieds aux étriers.

– Orri ! C’est de la folie ! tenta de me dissuader l’Elfe.
– Rosalynd est déjà partie là-bas, je ne la laisserai pas seule ! lui répondis-je avant de lancer mon cheval au galop.

Je suivis les traces des sabots de la monture de Rosalynd sur un chemin qui montait dans la montagne. Au fur et à mesure que j’avançais, la tempête de neige se faisait de plus en plus forte et je dus presque mettre mon bras en travers de mon visage pour ne pas en souffrir. Je hurlai le nom le Rosalynd, mais ma voix alla se perdre dans les premiers flocons qui s’abattaient devant moi. Je continuai alors mon avancée et je tombai sur la monture de la chasseuse. La pauvre bête avait essuyé le même sort que son précédent maître et gisait dans la neige, la lance enfoncée dans le poitrail. Je laissai mon cheval un peu plus loin, et sortit mon épée tout en avançant.

C’est à ce moment-là que je le vis. D’abord les contours dans la purée de pois, puis le monstre en entier. Il portait en effet des peaux de bêtes sur la tête et les épaules et de nombreuses armes fixées sur l’ensemble de son corps. Il avait dans son poing un énorme gourdin qu’il abattit immédiatement sur le sol, provoquant une violente secousse qui faillit me faire tomber. Je remarquai Rosalynd en face de lui, et c’est avec stupeur je compris qu’elle attendait toujours la dernière seconde pour se coucher sur le côté et esquiver les attaques du géant. Nouvelle secousse, nouveau tremblement. Il était évident que Rosalynd finirait par se fatiguer, et je décidai de ne pas attendre ce moment. Je chargeai, l’épée inclinée sur le côté et je tailladai – ou tentai-je de le faire – les mollets de la créature. A cet instant, mon amie me vit, et alors que j’avais légèrement déconcentré le monstre, Rosalynd cria une phrase qui me fit l’effet d’un coup de poing.

– Eh, l’affreux, c’est ici que ça se passe ! Laisse le gamin tranquille, c’est moi ton véritable adversaire !

Après cette remarque, elle lança une boule de neige en pleine figure de l’ennemi. Cela sembla faire effet car il rugit de colère, mais à notre grand étonnement, il ne fonça pas sur elle, mais sur moi. Je vis son gourdin effleurer le sol, cherchant probablement à me renverser, mais à la dernière seconde je réussis à l’esquiver en sautant par-dessus. Immédiatement, je récupérai mon équilibre et tailladai de nouveau ses jambes en courant droit devant moi. La créature se retourna, écumante de rage.

– Tu vas tout faire rater, Orriath, que fais-tu là ? m’invectiva Rosalynd qui se trouvait maintenant à quelques pas de moi.
– Et si tu expliquais au gamin ton plan, que je puisse t’aider ! lui répondis-je sèchement.

Du coin de l’œil, je vis l’expression de surprise sur le visage de la chasseuse. Expression qui se transforma rapidement en un froncement de sourcils évoquant l’indignation.

– Bon sang, il revient ! Attention ! hurla-t-elle.

Nous nous jetâmes au sol dans des directions opposées tandis qu’il abattait de nouveau son arme sur nous. Le tremblement fut plus violent que les autres, et lorsque je me relevai, je vis Rosalynd frapper rapidement le dessous du bras de la créature tout en se frayant un chemin vers moi. Elle m’agrippa le bras et approcha son visage du mien.

– J’essaye de fragiliser la plateforme, sombre idiot !
– Il fallait le dire tout de suite, Rosalynd, dis-je, irrité, essayant de passer outre l’insulte qu’elle venait de me lancer.

Soudain le blizzard devint encore plus dense. Ce fut à peine si j’arrivais à voir ma compagne. Je tentai d’aiguiser mes sens, m’attendant à l’attaque du monstre. Une ou deux secondes plus tard, ce moment arriva et cette fois je fus plus rapide. J’esquivai habilement, sans perdre l’équilibre et me déportai vers la droite. La massue provoqua de nouveau une secousse. Néanmoins, le vrombissement que fit l’arme fut accompagné par un cri étouffé. Je m’avançai prudemment et vit Rosalynd, les genoux dans la neige, qui tentait difficilement de se redresser. Le monstre brandit son gourdin au-dessus de sa tête, s’apprêtant à l’abattre de toutes ses forces sur la frêle Elfe. Je la vis fermer les yeux et baisser la tête, probablement prête à recevoir le coup fatal.

Un instant plus tard, j’enfonçai mon épée à deux mains dans le talon du monstre, avec toute la puissance que je possédais. Bien que j’eus l’impression que ma lame tentait de pénétrer de la roche, elle s’enfonça de quelques dizaines de centimètres. La créature hurla de douleur et j’eus le temps de le contourner et de rejoindre Rosalynd. Soudain, une secousse ébranla toute la plateforme. Il était temps de déguerpir et de prier pour que le monstre ne puisse pas atteindre le flanc de la montagne.

– Relève-toi Rosalynd, ça va s’effondrer ! lui ordonnai-je en la maintenant fermement.

J’avais un excellent sens de l’orientation, et même dans la tempête, je savais quelle direction prendre pour ne pas basculer dans le vide. Nous arrivâmes rapidement là où les tremblements étaient moins forts et je me sentis un peu plus soulagé d’être à l’abri. Tout à coup, cependant, l’effroi s’empara de moi quand je vis Rosalynd se retourner avec une incroyable rapidité et dévier une sorte de gros poignard qui volait dans notre direction. Elle me poussa en même temps d’un coup d’épaule vers l’arrière et, encore surpris, je perdis l’équilibre, finissant les fesses dans la neige. De là où j’étais, je vis le sang tacher lentement, goutte après goutte, le sol blanc. Rosalynd se tenait le bras droit et regardait devant elle, en silence. Le monstre était quelque part en face de nous, caché dans le blizzard.

Je vis la chasseuse presser fermement le poing sur la garde de l’épée de Galaenthir. Une grosse secousse suivie d’un terrible craquement de roche indiqua que la plateforme était en train de se détacher. Au même instant, nous vîmes la silhouette de la créature apparaître devant nous, puis j’assistai, impuissant, à la charge de Rosalynd. Tout en criant, elle courut vers l’avant pour barrer la route au monstre. Je la perdis de vue assez rapidement et bientôt, comme par enchantement, le blizzard se dissipa.

Le silence s’abattit sur les lieux. A mes pieds, le vide. Je me rendis compte que le vide n’était pas qu’à mes pieds et constatai avec horreur que j’étais seul, tout en haut de cette fichue montagne.

Catégories: BG spéciaux Fanfiction LOTRO

Solena

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