Menu Accueil

Lizeth Heliandil BG#91

Je sentis une vive brûlure à la nuque lorsque l’on arracha mon pendentif. Je pus alors voir qui était à la tête des nombreux soldats Malledhrim qui nous entouraient, et malgré le fait que ses traits étaient tirés par la fatigue, ses yeux verts me transperçaient de part en part. Ma sœur prit le bijou et le mit dans une boîte qu’elle referma. Aussitôt, j’eus l’impression que j’allais m’évanouir. On me maintint cependant à genoux, m’empêchant de tourner de l’œil.

– Nous devons quitter cet endroit, comment vont les autres ? demanda-t-elle à l’Elfe situé derrière elle.
– Nous sommes arrivés à temps pour libérer la presque totalité du groupe. Cependant, l’un d’entre eux n’a pas survécu. Un Elfe. On lui a tranché la gorge.

Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Mais qu’était-il en train de se passer, par Manwë !? Alors que ma sœur regardait au-delà de mon champ de vision, je tentai de tendre le cou pour y voir plus clair.

– Amyn ? dis-je, inquiète. 

Presque instantanément, je reçus une gifle qui me fit voir les étoiles. Kintyra agrippa ma robe à l’épaule et ce qu’elle m’apprit me cloua sur place.

– Au contraire, nous sommes arrivés trop tard. Quelques secondes plus tôt et cette traîtresse n’aurait pas assassiné ce pauvre Dirvrelleth.

Comment ? J’avais tué Dirvrelleth ? Pendant quelques secondes j’avais cru que mon rêve prémonitoire s’était réalisé. Ça ne pouvait être qu’un nouveau cauchemar où tous les rôles étaient biaisés, une peur enfouie au plus profond de moi-même qui s’exprimait par les rêves. Mais pourquoi Dirvrelleth ? Et qu’en était-il d’Amynduilas ? Ma sœur m’attrapa le menton et m’obligea à la regarder dans les yeux.

– Tu peux être effrayée, petite sœur, car tous les amis du Chasseur ne laisseront pas ce crime  ainsi que tous les autres impunis. Mais comment donc en es-tu arrivée là, Lizeth ?

Kintyra avait remplacé la colère par de la pitié. Quant à moi, je continuais de chercher une explication logique à cette affaire.

Tout à coup, Moela bouscula deux soldats pour s’approcher de nous, furie rousse implacable. Elle était dans un sale état, mais semblait déterminée à aller jusqu’au bout de ses intentions. La Capitaine ramassa une dague posée au sol près de moi et se jeta sur moi. Les Malledhrims qui me retenaient m’avaient lâchée, préférant se tenir loin de Moela. La lame du couteau qu’elle pressait sous mon menton était prête à mettre fin à cette folie.

– Au nom de tous les Cavaliers Solidaires, déclara-t-elle, je jure que j’aimerais sur le champ venger Dirv avec la même arme qui lui a ôté la vie. Dis-moi une chose qui retiendrait ma main, une chose, UNE SEULE !

Elle avait dit cela avec tant de passion que je ne sus quoi répondre.

– PARLE DONC ! hurla-t-elle.
– Je… je ne comprends pas, tentai-je d’articuler, la voix la plus juste possible.
– NE MENS PAS ! NOUS ÉTIONS TOUS LA ! Dirvrelleth… il…

Que Moela, la Capitaine dure à cuire, perde son sang froid, je pouvais le comprendre. En revanche, qu’elle fonde en larmes était inédit, comme si la mort du Chasseur ébranlait tout le cours de son existence.

J’attendis que quelqu’un intervienne. Je pensais à Amynduilas, qui, même si j’étais considérée comme la pire ennemie de la confrérie, viendrait pour retenir la main de Moela. Néanmoins, il ne vint pas. Dirvrelleth semblait avoir pris la place de ce dernier dans le cœur de Moela et tout cela ne pouvait être vrai. Cela n’avait pas de sens.

– Je t’assure que je n’y suis pour rien, plaidai-je entre les dents. Moela, tu dois me faire confiance. 
– CONFIANCE ? Lizeth, nous t’avions ouvert les portes de notre maison mais tu as bafoué cette confiance.
– Où est Amyn ? lui demandai-je. J’allais à la dérive et j’avais besoin que l’on me repêche du courant.
– Mais de qui parles-tu ?! répondit Moela. C’est un de tes complices ?

J’arrêtai de respirer et ma mâchoire commença à trembler. Pourquoi Moela niait-elle connaître Amynduilas, son meilleur ami d’enfance ? Tout à coup, la vérité s’imposa à moi et mon sang se glaça. Le pendentif avait été détruit, et j’étais en train de vivre les conséquences d’un tel fait. Chandra n’avait jamais été bien claire sur le processus, mais m’avait tout de même donné quelques pistes. L’âme du porteur suivrait celui de Chandra et sans esprit, le corps ne pouvait vivre. Néanmoins, je n’avais jamais prêté plus d’attention aux signes. Chandra avait été réellement bouleversée lorsque j’avais tenté de détruire le pendentif, ou juste avant que Kintyra ne le fasse. Elle avait tout donné quand le bijou avait été endommagé. Depuis le début, j’avais considéré que cette peur venait de celle de mourir, ou tout du moins de devoir quitter ce monde. Chandra avait eu une éternité pour méditer sur la question et maintenant, nous y étions. Tout cela ne m’avançait pas réellement sur mes propres interrogations.

Si l’on reprenait les événements, tout portait à croire que mon rêve prémonitoire s’était partiellement réalisé, je jouais le mauvais rôle, probablement convaincue par Gologmolva. Kintyra n’était vraisemblablement pas de mon côté, ce qui signifiait qu’elle n’avait pas trahi les Cavaliers Solidaires. Ces derniers étaient quand même venus jusqu’ici, mais ils avaient été capturés. Puis j’avais tué Dirvrelleth juste avant que les renforts n’arrivent pour libérer les autres.

Je considérai la possibilité que j’avais pu être ressuscitée avant de commettre tous ces crimes. Mais Gologmolva avait également été tué, alors avait-il suivi le même chemin ?

– Gologmolva est mort ? me risquai-je à demander.

Moela s’apprêta à répondre mais elle se retint. Elle se redressa et me tira sur le côté. Je pus voir le corps inanimé de Gologmolva, une flèche plantée entre les deux yeux.

– Ça répond à ta question ? cracha la Capitaine.

Elle me lâcha et se releva complètement. Les deux Malledhrims revinrent vers moi et me saisirent de nouveau par les épaules.

– Kintyra, elle ne peut plus rien faire ? demanda Moela.
– J’ai mis le pendentif dans la boîte que nous a remise Dame Galadriel. Elle m’a assurée que cela bloquerait les pouvoirs de l’esprit de Chandra. Lizeth est inoffensive.
– Chandra est toujours dans le collier ?? l’interrogeai-je, surprise par la nouvelle.

Ma sœur ne me répondit pas. Elle s’éloigna et rejoignit Orchysdal et Eljoying. Toutes les deux semblaient aussi avoir passé un sale quart d’heure.

– Nous devons partir, annonça ma sœur. Pour l’instant, le plus important est de filer le plus vite possible avant que les garnisons des autres commandants n’arrivent. Nous allons repasser par les geôles. Les tonneaux de solanacées ne feront bientôt plus effet, alors nous ferions mieux de nous dépêcher.

On me prit sous les aisselles et l’on commença à me traîner à travers la pièce.

Alors que tous les regards des autres Cavaliers Solidaires me dévisageaient, je ressentis une énorme vague de culpabilité.

– Amyn, que t’est-il arrivé ? soufflai-je, les larmes aux yeux.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

Laisser un commentaire