Je n’aurais jamais imaginé que ma propre sœur me trahirait. Je l’avais crue lorsqu’elle m’avait assuré qu’elle avait joué la comédie en coopérant avec l’ennemi. Nous nous étions toujours fait confiance auparavant, même dans les situations les plus délicates.
Mais au moment où sa dague s’était enfoncée dans mon ventre, pendant une seconde, j’avais cru qu’il s’agissait de l’arme de Gologmolva. Kintyra aurait dû alors être choquée, mais ses yeux n’avaient été en réalité que froideur. Puis elle avait retiré la lame, et j’avais ressenti une vive brûlure.
J’émis un cri étouffé et tentai d’appuyer sur la blessure avec ma main mais le sang continuait de couler. L’odeur de cuivre monta jusqu’à mes narines et je sentis mes jambes se dérober. Je tombai à genoux et je m’obligeai à respirer lentement, car avaler de l’air me faisait souffrir le martyr.
– Je vais être sa Reine, je vais être sa Reine, je vais être sa Reine… entendis-je ma sœur scander tout bas alors qu’une lueur de folie scintillait dans son regard.
Gologmolva s’approcha lentement de Kintyra et alors que je basculai sur le côté, je le vis la frapper. Ma vue se brouillait, mais je pouvais encore les entendre, entre deux respirations sifflantes.
– Petite idiote ! Elle n’a pas le pendentif ! Je t’avais pourtant ordonné d’attendre ! hurla Gologmolva.
– Père, j’ai respecté les règles de passation, le pouvoir du collier doit forcément être à moi.
Kintyra émit une sorte de hoquètement. Gologmolva était-il en train de l’étrangler ?
– Tu ne posséderas jamais le pouvoir, pauvre sotte, car j’ignore comment, mais une fois que ta sœur aura rendu son dernier souffle, le pendentif sera rattaché à l’âme d’un autre. Il venait à nous, et tout ce que tu avais à faire était d’attendre !
– Tu aurais dû me choisir, Père, j’ai toujours fait tout ce que tu me demandais de faire.
J’entendis ma soeur crier puis un bruit de chute.
– CESSE DONC DE M’APPELER PÈRE ! cria Gologmolva. JE NE SUIS PAS TON PÈRE ET JE NE LE SERAI JAMAIS !
J’attendis quelques secondes de plus, j’avais beau avoir les yeux ouverts, ils ne voyaient plus, et quant à ma respiration, elle avait été de plus en plus lente. Je tentai d’inspirer de l’air une dernière fois et n’y arrivant plus, je perdis connaissance. Au bout d’un moment, mon esprit se détacha de mon corps, et tout fut soudain plus léger.
C’était différent de ce qui était arrivé quand le pendentif avait été endommagé et que mon âme, bien qu’en dehors de mon corps, tentait de conserver son lien avec ma forme physique. Ce lien était maintenant brisé, et j’expérimentais de nouvelles sensations : une liberté de mouvement augmentée, l’impression de ressentir les énergies de ce qui m’entourait sans le moindre effort.
Ma vue retrouvée, je pus voir ce qu’il se passait : Gologmolva était au-dessus du corps de Kintyra et était en train de l’étrangler. J’étais plutôt confuse, et je dus faire un gros effort pour me souvenir des paroles qui avaient précédé ma mort, comme s’il s’était agit d’un lointain souvenir. La sensation n’était pas nouvelle, j’avais en effet presque perdu quelques souvenirs lors de ma précédente expérience spectrale, mais j’étais alarmée par la vitesse avec laquelle cela se produisait à présent.
A ce moment là, quelqu’un entra dans la pièce. La pénombre ne me permit pas de reconnaître le nouvel arrivant, mais ce qui me frappa surtout, c’était qu’il était accompagné par Chandra, qui le suivait de près. L’esprit avait sa forme spectrale complète, un halo de flamme l’entourait, et alors qu’elle se positionnait près de son compagnon, je vis le visage blême d’Amynduilas. Mes souvenirs de lui revinrent, et je sentis comme si mon corps éthéré allait s’embraser. Cette flamme se dissipa pourtant vite, repensant au fait que j’étais maintenant morte et qu’il le découvrirait lui-même dans quelques instants. Il fut bientôt suivi par Moela, et de nombreuses autres personnes. Il avança dans la salle et, témoin de la scène de Gologmolva et de Kintyra, je le vis sortir son arme et encocher une flèche. Moela prononça alors mon nom et se précipita vers mon corps, et l’instant d’après, deux occupants de Dol Guldur faisaient irruption dans la pièce, et chargèrent la Capitaine sans plus attendre. Amynduilas n’hésita pas, il changea de cible et décocha sa flèche sur l’un des deux assaillants.
Ce qui suivi ensuite passa très vite. Je vis Kintyra étirer le bras en direction de la base de l’autel. Elle attrapa sa dague, qui avait dû tomber près d’elle, et serrant la garde, elle l’utilisa sur Gologmolva, lui plantant la lame dans le flanc autant de fois qu’il fut nécessaire pour le tuer. Une vague de puissance explosa soudain, lançant d’étranges filaments bleus verts aléatoirement aux alentours. L’un d’entre eux me frôla et je sentis l’air crépiter. Amynduilas n’eut pas ma chance et je le vis être paralysé de douleur. Une sensation de froid m’enveloppa un court instant, qui se transforma en une tornade glacée quand je vis le regard plein de haine de l’esprit de Gologmolva apparaître au dessus du corps de mon père. Il avait pris une autre apparence de celle que je lui connaissais en tant que spectre. Il était plus grand, ses traits fin, malgré la colère, maintenait chez lui une grâce très étrange qui me rappela quelqu’un d’autre. Sa voix profonde interrompit mes pensées. Il me transperçait du regard.
– Toi et ta maudite sœur… commença-t-il.
Kintyra repoussait maintenant le corps de Gologmolva sur le côté et se remettait sur pied, des yeux fous rivés sur Amynduilas.
– Ton corps était parfait pour contenir l’âme de Chandranor, continua-t-il.
Par Manwë, mais de quoi parlait-il ? Mes yeux allaient de Gologmolva à ma sœur qui venait de pousser le Chasseur sur le sol. L’esprit de Chandra les contourna tout en les regardant, inquiète, et s’avança vers nous.
– C’est terminé, Aralyon, nous ne pouvons plus continuer comme ça.
Aralyon était donc son vrai nom. A présent, je voyais également la ressemblance entre lui et Chandra. Ils étaient – ils avaient été – tous les deux des Hauts Elfes lorsqu’ils étaient encore en vie. Et Aralyon devait être celui qui accompagnait Chandra dans ses expériences, avant qu’elle ne meure dans l’une d’entre elles.
– J’ai brisé la chaîne, c’est fini.
– Des milliers d’années, Chandranor, tous nos efforts réduits en poussière.
Aralyon, en présence de Chandra, avait perdu toute contenance, toute colère semblait s’être échappée. J’avais même l’impression que nous étions revenus à une toute autre époque.
– Tous « tes » efforts, Aralyon, déclara Chandra. Il est temps pour tous les deux d’abandonner cette quête insensée, nous avons assez fait de dégâts.
– Mais le Seigneur Ténébreux…
– Il aura deux sujets en m…
Chandra s’interrompit soudain, esquissant une petite grimace. Elle tourna la tête vers Kintyra et Amynduilas. Le Chasseur venait de prendre le dessus sur ma sœur et je vis le pendentif scintiller.
– Lizeth ! m’interpella Chandra. Il ne doit pas la tuer en utilisant mes pouvoirs, arrête-le !
Au moment où il allait abattre la lame de la dague de Kintyra sur son propriétaire, je retins son poing fermement. Le contact avec son gant fut étrange. Des picotements parcoururent mes doigts et remontèrent le long de mon bras. Lorsqu’il tourna le visage vers moi, mon corps s’enflamma. Je pouvais voir son âme à travers ses yeux gris. J’eus l’impression de manquer d’air.
– Amyn, ne fais pas ça… parvins-je à peine à murmurer.
Je suis tombée sur cette illustration sur Google images. En fait, non seulement il s’agit d’un dessin mettant en scène un personnage qui s’appelle aussi Chandra (oui je me suis réellement inspirée d’elle – juste le nom un peu modifié et le fait qu’elle utilise un pouvoir de feu), mais bien que dans mon histoire, il ne s’agit pas d’un triangle amoureux, j’ai trouvé que Lizeth était de trop dans la conversation d’Aralyon et Chandranor, « comme s’ils étaient revenus à une toute autre époque ». Les couleurs concordent en plus, mince ! xD
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
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