Orchysdal faisait des allées et venues entre les lits de notre chambre. Ils étaient tous occupés par les malades de notre groupe.
– Et il y en a autant à côté, dit-elle. On a ramené ceux qui n’avaient pas de lit cette nuit pour occuper les nôtres.
En effet, sur les lits du fond, on pouvait voir quelques-uns de la chambre des hommes. Thalesir et Siloinsiproche étaient sous d’épaisses couvertures, mais ils semblaient encore trembler de tous leurs membres.
– Que pouvons-nous faire pour t’aider, Orchys ? intervint Amynduilas.
– Tu peux aller chercher de l’eau et retrouver Moela dans la chambre voisine. Elle essaye de soulager tout le monde. Il faut trouver la cause de ce mal et le traiter au plus vite. Au réveil, ils avaient des maux de tête, mais maintenant ils sont fiévreux et ne vont pas tarder à avoir des nausées.
– Je vais voir ce que je peux faire, conclut le Chasseur.
Il sortit, me laissant seule avec la chef de la confrérie. Elle venait de s’asseoir au chevet d’Eljoying et s’occupa à lui changer le linge qui était sur son front. Je me dirigeai vers le lit voisin et entreprit de faire de même.
– Ce sont tous des gens qui ne sont pas d’ici… commentai-je pour moi-même.
– Qu’as-tu dit, Lizeth ? me demanda l’Elfe.
– Je disais que ce sont tous des gens qui ne sont pas de la Forêt Noire, répétai-je en me retournant vers elle. Les Elfes sont naturellement résistants aux maladies, et voilà qu’Eljoying est malade. Elle ne vient pas d’ici, je me trompe ?
– Elle est de Fondcombe.
– Et toi, tu vas bien ? Tu as habité en Forêt Noire, n’est-ce pas ?
– Il y a bien longtemps, oui, avoua Orchysdal.
– Je parie que tous ceux qui sont encore debout ici sont nés ou ont vécu ici. Ils ont pu attraper quelque chose dont nous sommes immunisés.
– Oui, mais quoi ? Je ne suis pas familiarisé avec les poisons de cette région.
– Cela peut très bien être une plante, ou quelque chose dans l’eau. Siloinsiproche se plaignait de démangeaisons hier. Est-ce qu’ils présentent des rougeurs là où tout le monde a touché l’eau du marais ?
Orchysdal souleva les couvertures d’Eljoying et vérifia ses jambes. Je vérifiai celles de Darwyndel. Elles étaient recouvertes de petits boutons violacés.
– Elle a en effet des plaques sur les mollets et au niveau des cuisses, dit-elle en relevant la tête. Une allergie ?
– Ca n’est pas impossible. Ces rougeurs ressemblent à ce que l’on a quand on se fait mordre par une araignée. Les gens touchés allaient habituellement voir le guérisseur du village, qui leur donnait à boire une potion qu’il préparait. Il disait que c’était pour faire partir plus vite le venin, même s’il n’était pas mortel.
– Nous n’avons pas rencontré d’araignée sur le chemin. Juste des moustiques, et toutes les bêtes qui rampent partout dans les marais ou dans la forêt.
– C’est une piste qu’il faut que nous gardions sous la main, dis-je en me relevant. Il faut retourner voir le marais et déterminer ce qui a rendu nos amis malades.
– Le marécage est vaste, où comptes-tu commencer les recherches ?
– J’ai ma petite idée. Je vais vite revenir.
Une fois dans le couloir, je soufflai pour ne pas perdre le contrôle. J’espérais de tout mon cœur que mon intuition ne se concrétise pas. Quelques secondes plus tard, je préparai mon cheval et enfin je pris la route du sud, au galop, vers le Bois Noyé.
Je fis un petit détour par un chemin dont je me souvenais pour que mon cheval puisse avoir les sabots au sec. Et plus je m’enfonçai dans le marais, plus je serrai les rênes de ma monture.
– Lizeth, tu es sûre de vouloir aller là-bas ? me dit Chandra. Et toute seule en plus.
– Je ne vais que jeter un coup d’œil, lui répondis-je, plus pour me convaincre moi-même.
– Si ça tourne mal, j’aurai du mal à t’aider, tu sais ?
– Tout se passera bien.
L’humidité et la puanteur s’intensifièrent. Je me dirigeai vers l’un des plans d’eau situé plus au sud et bien avant d’y parvenir, je descendis de cheval et l’attachai à un tronc d’arbre. Continuant à pied, je sortis mon arc et encochai une flèche, au cas où je serais surprise par une bête alentour. Veillant à ne pas faire de bruit, je m’engageai sur un petit sentier, peu usité.
– La dernière fois, tu es partie en courant, en entraînant ta sœur dans la fuite, renchérit Chandra.
Je fis un bond. J’étais extrêmement tendue, et je ne m’attendais pas à ce qu’elle veuille continuer à faire la conversation.
– Comment sais-tu ça ? rétorquai-je.
– Tu ne penses qu’à ça, cela n’est pas difficile. Tu es presque en train de prier pour ne pas tomber nez à nez avec « elle ».
– Je prie surtout pour ne pas la trouver morte en train de pourrir et de déverser son venin dans le marais.
– Tu es sûre de ce que tu dis ?
– Tais-toi, Chandra.
L’endroit était tel que je l’avais laissé il y a de si nombreuses années. Sauf qu’il était désert. Je me cachai derrière un arbre, regardant tout autour de moi – et au-dessus – pour ne pas être découverte. La dernière fois, il y avait tout un nid d’araignées dans cette clairière, et je ne tenais pas à tout remuer de nouveau. Je repérai au loin la fameuse souche où ma flèche s’était fichée, et j’espérai presque qu’elle s’y trouva encore enfoncée. Contournant l’endroit, je découvris bientôt ce que je redoutais de plus. Un peu plus loin, au bord de l’eau de l’autre côté d’une petite mare, une énorme araignée était affairée à déplacer des sortes de cailloux dans l’eau. Je m’approchai un peu plus et me cachai derrière un buisson épineux.

Ce que j’avais pris pour des pierres étaient en fait des œufs. Le monstre les disposait sur un mélange de vase, de racines et d’herbes et mon estomac se retourna quand je vis que cette pâte sortait directement d’entre les mandibules de la bête.
D’aussi loin que je me souvienne, les araignées ne laissaient pas leurs œufs aussi exposés aux menaces, mais ce qui était le plus inquiétant était cette épaisse couche de liquide sombre qui flottait dans l’eau tout autour du nid. Se pouvait-il que ça ait contaminé l’eau du marais jusqu’à l’endroit où nous étions passés la veille ?
Je commençai à sentir des fourmis dans les jambes. Il était temps de se retirer. Avec toujours autant de précaution, je rebroussai chemin et retrouvai ma monture.
J’espérais que les Malledhrim ou l’aubergiste avaient gardé de cette potion contre le poison d’araignée.
(Récompense de fin de quête : 15280 EXP)
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
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