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Lizeth Heliandil BG#75

Elidrir me guida à travers les pins jusqu’au cimetière. A cet endroit, des dizaines de tombes avaient été creusées et érigées récemment. L’ambiance était calme, j’entendais le crissement des feuilles sous mes pas. Pas les siens. Alors, mon ami continua plus loin et sorti du sentier, et je me rendis compte qu’il avait pris la même direction que la veille quand nous nous étions quittés. Il ne prononça plus aucun mot jusqu’à ce que nous soyons arrivés au pied d’un arbre qui avait un tronc énorme carbonisé à plusieurs endroits. Je reconnus les lieux, et me souvins que c’était à cet endroit que nous nous étions rencontrés pour la première fois, lui, ma sœur et moi, et là où il s’entraînait avec ses runes.

Là, entre les racines, et parmi la végétation qui avait poussé, il y avait un corps, assis au sol. Une pelle était posée sur ses vêtements, tenant encore en équilibre sur les genoux squelettiques de son propriétaire.

– J’ai essayé de défendre la forgeronne et son petit garçon, tu te souviens d’eux, n’est-ce pas ? J’ai tué leur agresseur mais j’ai été touché par son arme avant qu’il ne tombe. Ensuite, je ne sais plus exactement ce qu’il s’est passé, parce que j’ai perdu connaissance. A mon réveil, les dernières flammes consumaient encore les restes carbonisés des maisons. Je suis allé à la caserne et j’y ai trouvé tous les soldats, qui agissaient encore comme si de rien n’était. Je leur ai demandé de l’aide, mais ils refusèrent de croire que le village avait été détruit, même si le résultat se trouvait sous leurs yeux. Au bout d’un moment, je fus incapable d’attendre plus longtemps. Je suis sorti et je me suis procuré une pelle et un petit chariot. J’ai transporté tous les corps que j’ai pu trouver, et je les ai enterrés au cimetière. C’est après cela que je me suis rendu compte que ma plaie s’était infecté, et à bout de force, je suis venu ici. Avant de mourir, j’ai souhaité pouvoir te revoir une dernière fois, afin de te raconter ce qu’il s’était passé, et te mettre en garde contre ta sœur. Je sais que tu l’aimes de tout ton cœur, Lizeth, mais fais bien attention à elle, s’il-te-plaît.

Les yeux embués, je me baissai et mis de côté la pelle qu’Elidrir tenait encore dans ses mains. Je détachai ensuite ma cape et en recouvrit le cadavre. Il me fallut ensuite une bonne heure pour creuser le trou où je pus y déposer le corps de mon meilleur ami avant de tout recouvrir de terre et de pierres.

– Tu diras à ton amie Chandra que je la remercie, dit Elidrir une fois ma besogne terminée. Je pense que sans elle nous n’aurions pas pu nous revoir. Je … hantais les alentours quand je t’ai vu arriver avec tes amis, et j’ai espéré que tu pourrais me voir, même si toutes mes tentatives avec les soldats n’avaient rien donné ces derniers mois. Je fus déçu qu’il en fût de même avec toi. Mais alors que tu étais avec Amynduilas, au bord de la falaise, Chandra m’est apparue.
– Tu as parlé avec elle ?
– Non, elle n’a fait que parler, en fait.
– C’est bien son genre…
– Elle m’a proposé de me rendre visible pour un moment, le temps que mon souhait s’accomplisse. Elle y voyait un intérêt certain concernant ta mission, mais elle m’a bien fait comprendre que ça demanderait énormément de pouvoir et que ça pourrait s’annuler à n’importe quel moment. Je suis content d’avoir pu aller jusqu’au bout avec toi. Je peux partir en paix maintenant. Mon histoire s’achève aujourd’hui, mais la tienne continue. Avec tes amis, tu réussiras à sauver ta mère et à déterminer si tu peux encore avoir confiance en Kintyra.

La silhouette d’Elidrir s’estompa lentement alors que ce dernier me souriait. Je me retins alors de crier, serrant les poings si fort que je me plantai les ongles dans les paumes de mes mains.

– Au revoir, Lizeth.

Quand le silence s’abattit devant l’arbre et la tombe de mon ami, je ne pus le supporter et rester plus longtemps. Je m’éloignai et retrouvai la route vers l’auberge. Sur le chemin, je pris tout mon temps, me forçant à penser à Gologmolva et à tout ce que je lui reprochai. Il avait rasé mon village et tué tous ses habitants, dont mon meilleur ami, enlevé ma mère et probablement poussé ma sœur à le suivre docilement. Il faisait pratiquement la même chose avec moi, m’intimant à le rejoindre, la colère au ventre pour finalement me briser. Je n’osai penser à ce qu’il me réserverait ensuite.

Lorsque j’entrai dans l’auberge, je la trouvai calme. J’allai monter dans ma chambre quand je reconnus Moela et Amynduilas près de la cheminée. Je m’approchai d’eux sans interrompre leur conversation.

– … incroyable que les Malledhrim ne sachent rien de plus pour le village, commenta Moela. Ils étaient censés le protéger.
– Orchys et Joye sont sur le coup, elles pensent qu’ils sont encore sous les effets d’un sort, comme pour les autres du camp d’Echad Sirion.
– Je ne sais pas si c’est la priorité, Amyn, avec ce qui est arrivé à … Oh, Lizeth, tu es revenue.

Moela et Amynduilas se levèrent de leur banc et me firent face.

– Tu tiens le coup ? me demanda le Chasseur.
– Tu le savais, n’est-ce pas ? murmurai-je en fronçant les sourcils.
– Je n’étais pas totalement sûr. Avec les derniers évènements, de nouvelles possibilités ont fait leur apparition. Je ne voulais pas m’avancer et te donner de faux espoirs, ou au contraire te donner davantage de peine.
– Il est parti, c’est fini, déclarai-je. C’était Chandra qui nous permettait de le voir.
– Oh…
– Je… je vais vous laisser, intervint Moela. Je vais rejoindre les autres. A tout à l’heure.

La Capitaine quitta la pièce et disparut dans les escaliers. Amynduilas s’approcha de moi et m’invita à m’asseoir avec lui sur le canapé. Le feu de cheminée me fit du bien, m’entourant d’une douce chaleur qui me faisait défaut.

– Alors, tu tiens le coup ? répéta-t-il.
– Je me sens comme si j’étais sur le point de tout perdre. Gologmolva est en train de me voler tout ce qu’il me reste de cher, je souhaite tant qu’il paye enfin.
– Il n’est plus très loin.
– Non, mais c’est ce qui me fait le plus peur. Je suis terrifiée, Amyn. J’ai l’impression que la raison va être bientôt remplacée entièrement par la colère que j’éprouve pour lui. Et si je finis par capituler et deviens son pantin… je ne veux pas vous faire de mal.
– Il ne se passera rien de tout cela, me rassura-t-il. Hey, Lizeth, vraiment, il tient à ce que tu te plies devant lui, mais tu ne le feras pas. Il te provoque, ne lui fais pas ce plaisir.

Amynduilas m’entoura avec ses bras et me serra tout fort contre lui. Les tensions que je ressentais s’estompèrent un peu, et la fatigue que j’avais accumulée ces dernières nuits revint soudain à la charge. Je ne sus combien de temps nous restâmes ainsi, mais un moment plus tard, il me libéra.

– Je vais un peu mieux, concédai-je, essayant d’esquisser un léger sourire, et anticipant la question d’Amynduilas.
– C’est bien alors, dit-il. Parce qu’il faut maintenant que nous nous penchions sur un nouveau problème.

Il pinça les lèvres et soupira.

– Certains des membres de la confrérie sont tombés malades.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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