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Lizeth Heliandil BG#77

Le soleil avait disparu depuis un petit moment déjà, et j’étais en train de nettoyer quelques bandages dans un seau d’eau. La journée avait été très difficile après avoir appris la mort d’Elidrir puis constaté que presque tous les membres de la confrérie souffraient d’un empoisonnement. Les occupants de l’auberge ainsi que les soldats de la garnison des Malledhrim ne possédaient pas l’antidote, et argumentèrent que le sage du village voisin avait toujours gardé secrète la formule de la potion. De plus, comme ils étaient tous résistants à la maladie, ils ne s’étaient pas soucié du jour où ils auraient besoin du remède. J’avais constaté plus tôt que l’eau du Bois Noyé avait été contaminée par le poison de l’araignée géante qui y vivait et je me demandais une fois de plus quand les obstacles cesseraient.

Les symptômes de mes camarades avaient empiré, et certains avaient déjà commencé à délirer. Orchysdal était inquiète et n’avait pas quitté le chevet des malades. Je fis le tour des lits que l’on m’avait attribué et après m’être assurée que tous avaient trouvé un semblant de tranquillité, plongés dans un sommeil apparent, je m’approchai du chef de la confrérie.

– Orchysdal, commençai-je, je ne peux m’empêcher de me sentir responsable pour ce qui arrive à nos amis. Nous devrions tous les ramener en Lothlórien, loin du Mal qui sévit en ce lieu. Dame Galadriel pourra les soigner.
– Je ne voulais pas en arriver là… répondit-elle. Mais plus je regarde ma chère Joye, et plus j’ai peur pour sa vie. Cependant, je ne sais pas combien de temps nous disposons, et les déplacer ne sera peut-être pas si aisé.
– Les Malledhrim peuvent nous couvrir alors que nous les transportons, proposai-je.

L’Elfe soupira et balaya la chambre d’un regard qui en disait long. La situation n’était plus supportable. Elle allait me répondre quelque chose quand Moela entra dans la pièce. Elle avait le teint pâle et l’air affolé.

– Orchys, tu peux venir dans la chambre des garçons ?
– Qu’y-a-t-il ? demanda le chef.
– C’est Rhéo. Il va mal. Je ne suis pas sûre…
– Allons-y, déclara Orchysdal, la voix déterminée.

Une pensée négative traversa mon esprit : nous n’avions pas assez de temps pour emmener tout le monde hors de la Forêt Noire. Je me mis à faire les cents pas dans la pièce, plus qu’inquiète. Et alors que mon cœur commençait à s’emballer, mes yeux se posèrent sur mon sac dans le coin de la pièce. Je me précipitai vers lui et ouvrit la petite pochette avant. J’en sortis le petit sachet de toile qu’elle contenait et le tenant dans mon poing je quittai la pièce. Il n’y avait personne dans le couloir, et lorsque je passai devant la porte de la chambre voisine, j’entendis des éclats de voix provenant de l’intérieur. Je m’arrêtai et hésitai à entrer, mais me ravisai. Après tout, je pouvais faire ça seule.

Je laissai l’auberge derrière moi et me dirigeai vers le village en ruine. Elidrir avait raconté que tous les habitants avaient péri sur la place principale. Ma torche n’éclairait pas très loin, mais je réussis à retrouver l’endroit où s’élevait jadis la petite maison du sage. J’avançai parmi les décombres et cherchai un objet qui aurait échappé à l’incendie. Je trouvai un petit bol en métal sous les cendres de la charpente tombée au sol et m’en contentant, j’allai là où avait dû se trouver la pièce à vivre. Je me mis à genou et posai le bol devant moi. J’inspirai un grand coup avant d’ouvrir le sachet de toile. Une forte odeur d’herbe en sortit qui me donna presque la nausée. Je posai le sachet dans le récipient et attendis quelques secondes. Rien ne se passa. Je tentai de me rappeler les paroles d’Arwen lorsqu’elle m’avait fait cadeau des plantes. L’odeur seule suffisait à rassembler les esprits alentour. Au bout d’un moment, je soupirai. Cela fait plus de trois mois que le massacre avait eu lieu. Les esprits avaient peut-être déjà quitté les lieux.

J’allai abandonner l’idée et récupérer le sachet quand je sentis un courant d’air passer à côté de moi. Mais contrairement à ce que je pensais, je ne vis rien du tout.

– Chandra ? demandai-je en prenant le pendentif entre mes doigts. Pourquoi ne puis-je pas voir ce qui nous entoure ?
– Tu ne veux pas savoir…
– Qu’est-ce que tu racontes ? m’impatientai-je.
– Ils sont tous là. Tous les gens de ton village.

Je refermai rapidement le sachet. Peut-être l’avais-je laissé trop longtemps ouvert. Je me relevai.

– Ça ne me dit pas pourquoi je ne peux pas les voir, continuai-je.
– Les esprits décident de se montrer ou non. Il va falloir les convaincre.
– Très bien, ça ne devrait pas être compliqué.

Ne sachant pas vers quel endroit me tourner, je décidai de ne pas bouger.

– Bonsoir, je souhaite parler au sage du village, annonçai-je. Il est le seul à pouvoir sauver mes amis. Ils ont été touchés par le venin d’une araignée géante vivant dans le Bois Noyé.

J’attendis, mais rien ne se passa. La pièce paraissait toujours aussi vide qu’avant.

– J’ai besoin de l’antidote, continuai-je.
– Tu n’oublies pas le petit mot magique, peut-être ? me souffla Chandra au bout de quelques secondes de silence supplémentaires.
– S’il-vous-plaît, ajoutai-je finalement, reconnaissant que Chandra avait peut-être raison. Ils sont très malades.

Quelques minutes passèrent. J’avais l’impression que l’odeur commençait à se dissiper.

– Et tu ne peux pas faire apparaître le sage devant moi ? Je pensais que tu étais une experte à ce jeu maintenant ! m’énervai-je un peu, repensant à Elidrir.
– Lizeth, je le répète, s’ils ne veulent pas se montrer, je ne peux rien faire. Les esprits n’ont plus rien à perdre et peu à gagner. Trouve le prétexte qui les obligera à se manifester.

Si ces esprits étaient toujours là, c’est qu’ils ne souhaitaient pas encore partir. Leur mort violente pouvait très bien les pousser à se venger.

– Je sais qui vous a tué. Il me poursuit aussi. Je cherche actuellement à le trouver et à le vaincre. Et pour cela, j’ai besoin de mes amis.

Je pensais que ça allait les faire réagir, mais après quelques secondes supplémentaires, ils ne se manifestèrent toujours pas. Je commençai à perdre patience, surprise par leur inaction.

– Chandra, je suppose que tu me couvres, s’il m’arrive quelque chose ? me risquai-je à demander.
– Que vas-tu faire ? me demanda-t-elle.
– Tu ne lis pas en moi ? répliquai-je, étonnée.
– Ton sachet de plantes brouille tes pensées, expliqua Chandra, la voix irritée.
– Ah, c’est bon à savoir, ça…

Je me redressai, les mains prêtes à toute éventualité.

– Avez-vous au moins vu mon visage ? dis-je en me déplaçant dans une zone où la lune m’éclairait.
– Tiens, ils te regardent, quoi que tu veuilles faire, ça à l’air de marcher, commenta Chandra.
– Ce même visage était avec Gologmolva, votre assassin, expliquai-je les dents serrées.

Je fus tout à coup projetée en arrière, incapable de me retenir à quoi que ce soit. Je finis au milieu de décombres, détruisant sous mon poids une poutre en bois carbonisée. Je ne pensais pas que ça irait si vite. Une masse transparente était sur moi et essayait de m’étrangler. Incapable de dire quoi que ce soit, j’attendis que Chandra intervienne. Elle apparut une seconde plus tard, illuminant la scène de sa vive lumière, et attrapa l’esprit par derrière. D’autres fantômes étaient maintenant visibles. Ils arboraient tous un visage haineux. Protégée par Chandra, je me relevai, me massant le cou.

– Maintenant que j’ai votre attention, écoutez-moi, lançai-je. Je sais qu’il est difficile pour vous de vous rappeler de tous les détails de vos vies de mortels. Je suis Lizeth Heliandil. J’ai habité ici, avec ma mère et ma sœur jumelle. Elles ont toutes les deux échappé au massacre, l’une est en ce moment retenue prisonnière à Dol Guldur. Et l’autre a vraisemblablement changé de camp. Je peux vous venger, je peux vous libérer. Je souhaite seulement parler au sage de ce village.
– Je suis là… tonna tout à coup une voix grave.

Un esprit à l’allure de vieillard apparut et s’avança vers moi. Il fit signe aux autres de reculer, et progressivement, ils s’exécutèrent, certains redevenant même invisibles.

– Je ne vous ai jamais vue chez moi, jamais vous n’êtes revenue avec le besoin d’être soignée ou de soigner les autres. Votre sœur, elle, oui. Elle venait souvent me voir, me demandait des remèdes, ou m’apportait des patients. Une très gentille petite Elfe. Avant de mourir, je me suis vraiment demandé laquelle des jumelles nous avait trahis. Mais vous étiez absente, alors ça ne pouvait être que la jeune Kintyra…
– Je ne suis pas venue ici dans le but d’entendre vos critiques. Des hommes et des femmes sont malades. Cela devrait suffire à vous décider de m’aider.

Le vieil esprit soupira.

– Vous avez l’air d’avoir changé, jeune fille, déclara-t-il finalement. Mais je crains fort que vous ne puissiez avoir le temps de rassembler tous les ingrédients pour guérir vos compagnons.
– Dites-moi ce qu’il faut pour faire ce remède.
– Des herbes par-ci, par-là, vous les trouverez rapidement, je n’ai aucun doute là-dessus. En revanche, le dernier ingrédient, et le plus important, il n’a jamais été simple de s’en procurer.

Devant mon regard interrogateur, il reprit :

– Le contenu d’un œuf de cette araignée qui a empoisonné vos amis. Il faut combattre le mal par le mal, vous comprenez ?

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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