– Tu veux dire par-là que tu voulais détruire ce collier parce que tu as eu un rêve où tu t’es vue nous trahir et où… commença Amynduilas.
– Où j’ai fini par te tuer, oui, le coupai-je.

J’avais d’abord hésité à lui en parler, mais j’avais décidé d’être honnête avec lui. De plus, le sujet était assez grave et aucune autre raison ne m’était venue à l’esprit pour justifier mon comportement. Il avait tout à coup l’air songeur, comme s’il pesait le pour et le contre avant de me répondre, en regardant les flets à l’intérieur de l’enceinte de la ville.

– Et maintenant que tu sais cela, le ferais-tu ? me demanda-t-il, brisant le silence.
– Non, c’est bien pour ça que j’ai voulu m’assurer que rien ne pourrait arriver, me justifiai-je.
– Hé bien, tu vois ? Ton rêve pourra t’être utile finalement, ajouta-t-il en me souriant. Considère-le comme un avertissement, tu dois agir pour le mieux et tout le monde s’en sortira. Tu n’as pas à t’inquiéter, nous trouverons un moyen d’annuler cette vision.

Il avait raison, mais il restait une inconnue dans l’histoire : la raison pour laquelle j’étais passée chez l’ennemi. Au départ, j’en étais restée sur le fait que le pendentif, que Chandra aurait pu avoir une influence négative sur moi, et m’avait transformée petit à petit en quelqu’un de peu recommandable. Mais plus j’y pensais, et plus j’avais l’impression que ce que voulait Gologmolva était que je prenne moi-même la décision, en m’embrouillant l’esprit, certes, mais surtout en me faisant croire que c’était la seule et unique alternative que j’avais, et qu’elle résoudrait tous mes problèmes. Je ne m’étais pas sentie un instant coupable pendant mon rêve. J’étais contente d’être là, je ressentais de la fierté, et elle était justifiée. Ce refus de devenir cette personne m’avait poussée à préférer disparaître plutôt que de laisser cela arriver.

– Chandra a parlé de… conséquences, si le pendentif venait à être détruit, reprit-il après quelques secondes. Sais-tu ce qu’elle voyait par-là ?
– Ahem… Elle ne m’a expliqué les détails, seulement qu’elle n’était pas un esprit comme les autres, qu’il n’y avait rien pour elle si elle venait à disparaître. Et que puisque l’on était liées, mon esprit la suivrait peu importe l’endroit où elle irait.
– Etant donné la panique dans laquelle elle était, je… hésita-t-il, j’ai peine à croire que ce soit si simple.
– Je n’en sais pas plus, lui dis-je en haussant les épaules.
– Il faudra tirer cela au clair un jour ou l’autre, conclut-il. Mais tant que nous ne savons pas les vraies conséquences que cela puisse avoir, essayons de prendre soin de ce collier.

Il s’approcha de mon oreille et chuchota :

– Et ne gaspille pas ta vie sur un coup de tête, tu bafouerais la confiance de ceux qui te connaissent, et tu ne ferais que les rendre tristes.

Je rougis en pensant à tout ce que cela impliquait alors qu’il se relevait. Après s’être étiré, il me tendit la main pour m’aider à me mettre debout.

– Allez, rentrons en ville. Moela et les autres sont impatients de te revoir en pleine forme.

Lorsque nous rejoignîmes les quartiers des invités, nous reçûmes bon accueil. Une table avait été dressée avec divers mets et boissons, et quelques-uns jouaient de la musique pour mettre l’ambiance. Eljoying et Orchysdal s’approchèrent en premier et vinrent me saluer.

– Dame Galadriel nous a tout expliqué, dit Orchysdal, nous sommes désolées de ne pas avoir vu dans quel état tu te trouvais.
– Nous étions si contente d’avoir récupéré Habricotine ! renchérit Eljoying.
– Il faut dire que Chandra ne tenait pas à être découverte, expliquai-je. Il n’y a pas tout le monde, je me trompe ?

En regardant autour de moi, il me semblait qu’il manquait plusieurs membres du groupe que j’avais laissé derrière moi. Eljoying se pinça les lèvres.

– Oui, certains ont décidé de rentrer en Eriador, dit-elle. Il ne faut pas leur en vouloir, quelques-uns ont de la famille laissée derrière. Orriath et Irileith sont quant à eux restés dans la Vallée de l’Anduin le temps que cette dernière récupère. Nous sommes venus le plus vite que nous avons pu avec le reste de la troupe. Tu étais déjà ici en train de récupérer, et nous attendions que tu ailles mieux.
– Dès que tu te sentiras prête, déclara Orchysdal, nous partirons pour l’Est et pénètrerons dans la Forêt Noire.
– Êtes-vous sûrs de vouloir continuer le chemin ? leur demandai-je.
– ON Y COMPTE BIEN ! retentit une voix un peu plus loin.

Habricotine n’avait apparemment pas la langue dans sa poche. Ni ses mains d’ailleurs. Elle avait une coupe dans une main et un sandwich dans l’autre. Elle avait la bouche à moitié pleine mais nous offrit quand même un grand sourire, le verre levé dans notre direction. Une seconde plus tard, elle repartait dans ce qui semblait être une grande conversation avec Siloinsiproche.

– Habricotine vient de résumer la situation. Toutes les personnes présentes sont au courant et prêtes à t’accompagner pour le sauvetage de ta mère.

Au moins ceux qui étaient partis ne risquaient plus rien. Ça me soulagea un peu. Moela nous remarqua et nous rejoint quelques secondes plus tard.

– Hey comment vous allez tous les deux ? demanda-t-elle en se pendant au bras d’Amynduilas.
– Jusqu’ici, tout va bien, répondit Amynduilas en lui souriant.
– Amyniel n’est pas dans les parages ? Je ne l’ai pas vue depuis tout à l’heure, l’interrogea Moela en jetant des coups d’œil suspicieux autour d’elle.
– Elle est partie chasser, pourquoi ? répondit-il en riant doucement.

Elle lâcha Amynduilas, se positionna devant nous et montra ses vêtements. Elle portait de nouveau une tenue masculine et je remarquai quelques pièces d’armures sous le tissu.

– Elle veut me faire porter une robe pour sa fête d’anniversaire.
– Ah, celle que tu portais l’autre jour. Elle t’allait bien pourtant.
– J’ai une dague dans ma botte, Amynduilas ! le prévint Moela, les mains sur les hanches.
– Je suis sérieux… insista le Chasseur, sincère.

Je reculai discrètement et les laissai discuter tous les deux. Je m’approchai alors de la table du banquet. Je mourais de faim !

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena