Menu Accueil

Lizeth Heliandil BG#62

La première chose que je vis en me réveillant fut un entrelacs de branches. Il recouvrait le plafond et formait un treillis régulier de couleurs vertes, jaunes et marrons. Il régnait également une atmosphère calme, et la lumière ambiante indiquait que le soleil était sur le point de se coucher. J’entendais aussi un petit vent qui soufflait dans les arbres au dehors.

Amynduilas était là, debout contre le mur, les bras croisés et les yeux clos. Je me demandais depuis combien de temps il était là à attendre. Je me rappelais alors ce que Chandra avait dit, ce qu’elle lui avait demandé. Il avait accepté sans hésiter de garder le pendentif jusqu’à ce que je sois prête à le porter de nouveau sans vouloir le détruire. Cette spontanéité m’avait frappée, j’étais d’un côté touchée qu’il ne veuille pas que je meure, et furieuse d’autre part, car il allait à l’encontre de ce que je désirais. Car je désirais éviter à tout prix que mon rêve se réalise, donner à Gologmolva et à ses sbires le pouvoir de voir l’avenir, de détenir la puissance de Chandra que je nourrissais chaque jour un peu plus.

C’est alors qu’elle apparut, cette fille qui ressemblait à Amynduilas. Elle s’approcha doucement de lui et posa sa main sur son épaule. Le Chasseur sursauta légèrement et tourna la tête vers elle, en lui souriant. Elle lui fit signe de la suivre, et j’eus juste le temps de refermer les yeux lorsqu’il me regarda avant de sortir. Ils restèrent à l’extérieur de la chambre et commencèrent à chuchoter.

– Tout va bien ? murmura-t-elle.
– Jusqu’ici, oui, répondit Amynduilas.
– Et tu comptes rester là longtemps ? demanda la jeune fille, un soupçon de reproche dans la voix.
– Je tiens à être là lorsqu’elle se réveillera.
– Tu n’as pas vraiment eu le choix, il faut dire.
– Amyniel…

Je levai un sourcil et laissai échapper un lourd soupir. Elle faisait bien partie de la famille d’Amynduilas en fin de compte. Une seconde plus tard, je me rendis compte que ma réaction avait été remarquée et me mordis la langue alors que j’entendais leurs pas s’approcher de mon lit.

– Depuis combien de temps es-tu réveillée ? me demanda Amynduilas.
– Quelques minutes, répondis-je, ouvrant enfin les yeux.

Je vis alors le visage d’Amyniel. Il n’était pas mauvais, comme je l’espérais, mais il affichait un léger sourire – le même que celui d’Amynduilas, ce qui m’exaspérait un peu. Elle restait un peu en retrait, les mains derrière le dos, et avait l’impression de ne pas tenir sur place. La regardant avec insistance, Amynduilas intervint :

– Rosalynd, je te présente Amyniel, Amyniel, voici Rosalynd.
– Rosalynd ? dit Amyniel. J’ai pourtant entendu Dame Galadriel l’appeler Lizeth.
– Ah, c’est que…
– Je m’appelle Lizeth, l’interrompis-je. C’est en fait mon vrai nom, Rosalynd était juste un nom d’emprunt, mais cela fait longtemps qu’il n’a plus lieu d’être.

J’avais dit cela avec le plus grand calme. Cela faisait des mois que je portais ce nom, que j’avais adopté pour me cacher des Semi-Orques. Mais cela faisait aussi bien longtemps que j’avais été découverte. Je n’avais plus de raison de me cacher. Je vis qu’Amynduilas était un peu gêné par mon intervention.

– J’aimerais que l’on m’appelle par mon vrai nom à partir de maintenant, si cela ne te dérange pas.
– Cela peut s’arranger, répondit Amynduilas au bout de quelques secondes, visiblement soulagé et m’offrant un sourire.

Je le réalisai tout à coup, mais par cette demande, je changeais un peu le futur. Réaffirmer mon identité, c’était renforcer ce pour quoi je me battais, et si l’on m’empêchait de prendre le chemin le plus direct, je prendrai alors des chemins détournés.

– Bien, je vais te laisser en tête à tête avec lui Lizeth, je dois filer ! s’exclama Amyniel en me faisant un clin d’œil. Il y a un troupeau de sangliers au nord de la ville, j’ai bien envie d’une petite séance d’entraînement.
– Tu sais bien que la chasse est gardée dans le coin, Amyniel, lui dit Amynduilas.
– Je ne t’ai pas dit de combien j’irai au nord, hé hé, ricana-t-elle.
– Sois prudente alors, sois rentrée pour avant notre départ.
– Oui, papa… répondit-elle sur un air enfantin en levant les yeux au ciel.

Et elle sortit. Quant à moi, je dévisageai Amynduilas en entendant ces derniers mots.

– Papa ? murmurai-je avec une pointe d’insistance. Je devais avoir les yeux ronds comme des assiettes.
– Amyniel est ma fille, en effet, déclara-t-il. Je n’ai pas l’habitude d’en parler, peu de gens sont au courant, d’ailleurs.
– Tu n’as pas besoin de te justifier, Amyn. Je suis juste … surprise. Tu es encore un jeune Elfe.
– C’est un peu pour cette raison que je préfère garder Amyniel en dehors de toute conversation.
– Sa mère… était-ce cette personne que nous avons rencontrée à Bree ?

Amynduilas ne put se retenir de rire. Je rougis jusqu’aux oreilles, embarrassée.

– Il n’y a pas de quoi rire, c’est ce que l’on récolte quand on n’en dit pas grand-chose ! me défendai-je.
– Pardonne-moi, cela faisait longtemps que je n’avais autant ri !
– Ravie de te remonter le moral… Enfin… pour en revenir à ce que nous disions, j’ai probablement parlé trop vite. A moins qu’elle tienne tout de toi, il n’y a rien qui viendrait de Lissenka, c’est vrai.
– La mère d’Amyniel était l’exact opposé de Lissenka, commenta Amynduilas, redevenu sérieux.

« Etait ». Ce verbe au passé ajouta du poids à l’ambiance. Le silence tomba, et les sourires s’effacèrent. Le regard d’Amynduilas reprit son apparence à la fois mystérieuse, et à la fois triste. Je compris des tas de choses à ce moment-là. Cela expliquait pourquoi il se tenait souvent à l’écart, pourquoi il marquait toujours cette espèce de barrière, entre lui et les autres, ou entre lui et moi.

– Je… pardonne-moi. Je ne voulais pas raviver de… mauvais souvenirs, dis-je maladroitement.
– C’est le genre de conversation qui devait arriver, tu n’es pas en faute, Lizeth, me dit Amynduilas, peiné. Je ne me sens cependant pas prêt de développer sur le sujet, pas pour le moment.
– Je comprends.
– Bien, et si on parlait de ceci ? m’interrogea-t-il avec la ferme intention de changer de sujet.

Amynduilas sortit de sa poche mon pendentif et le fit osciller comme un pendule. Il allait falloir mettre cartes sur table.

 

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

Laisser un commentaire