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Lizeth Heliandil BG#43

La salle du feu était calme lorsque j’y entrai. Après le repas du soir, nous avions été plusieurs à aller nous promener en ville pour profiter du beau temps qui nous ferait immanquablement défaut à partir du lendemain. Je m’étais apprêtée à rentrer lorsque l’on m’avait informée que Galaenthir souhaitait me parler. Je m’étais attendue tout l’après-midi à cette rencontre et elle était arrivée. Le chef portait un élégant pourpoint aux couleurs d’automne. Les flammes dansantes qui se trouvaient à ses côtés produisaient un jeu d’ombres et de couleurs quelque peu effrayant, mais il m’accueillit avec un léger sourire, bien que ses yeux trahissaient le tableau en montrant de la fatigue, de l’inquiétude et de la frustration.

– Bonsoir Rosalynd, j’espère que tu as pu te reposer aujourd’hui, commença Galaenthir.
– J’ai bien usé de mon temps pour reprendre des forces, oui. Je ne peux pas en dire autant de vous, cependant, me risquai-je à dire.
– La fonction de chef n’est pas de tout repos. Je me suis d’ailleurs longuement entretenu avec le Seigneur Elrond sur divers sujets et je voulais t’informer de la décision que j’ai prise concernant les prochaines semaines. Tu as déjà dû lire la missive venant de la Forêt Noire…
– Je l’ai lue, en effet, répondis-je, neutre.
– Je ne faisais pas confiance à ta sœur, et c’est toujours le cas. Cependant, au sujet de ta mère, je ne miserai pas sur la parole d’un Orque.

La pression sur mes épaules baissa d’un cran, mais je tentai de dissimuler tout soulagement, car je sentais bien qu’il n’allait pas s’arrêter là.

– Je crois que tu as compris que notre ennemi, cet homme habillé de noir, est une menace qu’il faut neutraliser. Il est lié plus à toi qu’à nous, car il ne t’aurait pas attaquée de la sorte. Mais il a fait une erreur en cherchant à tous nous attirer en enlevant Habricotine. Je vais le trouver et je vais lui faire payer ce qu’il a fait.
– Si je puis me permettre, Galaenthir, je suis d’accord avec vous pour faire un sort à notre ennemi, mais qu’avez-vous décidé pour ma mère ?
– Si cet individu décide de se replier à Dol Guldur, nous irons là-bas et nous pourrons éventuellement avoir le cœur net concernant ta mère.

Autrement dit, si nous éliminions l’homme en noir dans les Monts Brumeux, nous n’irions pas à Dol Guldur. Je comprenais parfaitement que la forteresse serait un gros morceau à attaquer, et que notre groupe n’aurait que peu de chance de s’y infiltrer sans y perdre quelques plumes. Je me surpris alors à espérer que notre ennemi serait assez puissant pour ne pas être vaincu tout de suite et s’enfuirait vers la Forêt Noire. A mieux le penser, ce n’était pas exactement de l’espoir. Je savais que nous n’étions pas prêt à l’affronter parce qu’il avait cette assurance et cette maîtrise déconcertante alors que nous, nous ne savions rien de lui. Je pressai mes lèvres de frustration.

***

Cette nuit-là, je me retrouvai de nouveau dans cette salle à Dol Guldur. La scène se déroula comme la fois précédente : la foule d’ennemis rassemblée en rang, cette ambiance malsaine lorsque les sorciers apparurent suivis par l’homme masqué et par mon futur moi. Mal à l’aise, je décidai de suivre l’action depuis un emplacement un peu à l’écart, désirant cette fois aller plus loin. Après l’acclamation des monstres, l’homme masqué s’avança au bord de l’estrade et a demandé le silence.

– Merci d’être venus acclamer notre nouvelle Reine ! Le Seigneur Ténébreux l’a choisie et l’a formée depuis des années à le devenir.

Il écarta les bras et tout à coup une lueur éblouissante apparut au-dessus du trône, comme s’il l’avait invoquée. Un sentiment d’effroi me parcourut le corps ou c’était tout du moins l’impression que j’avais eu lorsque tout le monde se mit à genou en même temps. La lueur prit une vilaine couleur rouge parsemée de jaune. Elle dessina la forme d’un œil et il ne me fallut pas une seconde pour comprendre que j’étais devant une projection de l’esprit de Sauron. L’ennemi de la Terre du Milieu.

– Relevez-vous, mes fidèles sujets ! résonna une voix caverneuse.

Tous s’exécutèrent à l’unisson dans un bref bruit de métal. J’étais impressionnée par tant de discipline, et je supposais qu’aucun d’entre eux n’était simple soldat.

– Vous suivrez les ordres de votre Reine et de Gologmolva comme s’il s’agissait des miens, reprit-il quelques secondes plus tard.

Tous les monstres hurlèrent de joie en brandissant leurs poings en signe d’approbation. Mon inquiétude s’intensifia.

– Gologmolva, je suis content de toi, ajouta-t-il malgré le bruit ambiant à l’attention de l’homme en noir qui s’inclina alors majestueusement devant l’Œil. Sa transformation est parfaite. Ton travail sera récompensé.
– Merci, Maître. Vous servir est déjà une récompense, répondit Gologmolva la tête toujours baissée.
– Il semble que tu nous réserves encore un petit quelque chose pour ce soir ?
– Oui, Seigneur, la preuve que notre Reine abandonne son ancienne vie pour la nouvelle.
– Je ne puis attendre plus longtemps, alors…

L’homme masqué intima l’assemblée à revenir au silence. Je me vis me relever du trône et rejoindre Gologmolva, et, le cœur cognant fort dans ma poitrine, je craignis ce qui allait suivre. D’autres orques firent leur entrée dans la salle et par couple de deux, ils tenaient fermement un prisonnier. Avec horreur je vis plusieurs de mes compagnons. Au fur et à mesure, je reconnus Orchysdal, Thalesir, Eljoying, Orriath, Siloinsiproche, Moela, puis enfin Amynduilas. Mon regard allait et venait entre l’estrade et la file qui avançait vers elle. Je ne perçus aucun changement dans les yeux de la Reine. Mais que s’était-il donc passé pour en arriver là ? Je commençai à paniquer.

Gologmolva donna quelques instructions, mais je n’arrivais plus à enregistrer les sons. Je voulais me réveiller, tout de suite. On obligea les prisonniers à se mettre à genou sur l’estrade, en une ligne parfaite. Tous sauf Amynduilas que deux gorilles continuaient de maintenir. Ils avaient tous les mains liées dans le dos, et leur apparence en disait long sur le traitement qu’ils avaient dû subir avant d’être amenés là. Puis un Orque se positionna derrière chacun de ceux au sol et chacun d’entre eux posa la pointe d’une épée à l’arrière de la nuque de mes amis.

Comme à un spectacle muet, Gologmolva passa devant les prisonniers et bougeait les bras avec entrain. La foule semblait apprécier. Je n’entendais plus rien, pas même les cris de tous les monstres. Je voulais me réveiller, je n’allais pas supporter de voir ça. Je fermai les yeux en me concentrant et me réveillai en sursaut quand je distinguai soudain clairement le bruit caractéristique du fer rencontrant l’os.

***

Le lendemain, lorsque nous rejoignîmes le groupe et nos chevaux, je ne pus m’empêcher de regarder mes compagnons, qui étaient encore en vie. Je les accompagnerai pour sauver Habricotine, mais il ne serait pas question qu’ils passent à l’est des montagnes. Au bout de quelques minutes que nous avions mises à contribution pour vérifier paquetages et selles de cheval, vint le moment de quitter Fondcombe.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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