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Lizeth Heliandil BG#68

Nous rebroussâmes chemin et montâmes le camp en haut du petit promontoire où se trouvaient les sangliers que nous avions repérés auparavant. La nuit était tombée mais tout le monde était encore aux aguets. Après ce qu’il venait de se passer, c’était compréhensible.

Les officiers étaient encore en train d’interroger les Malledhrim à l’intérieur de la forteresse en ruine quand il fut l’heure pour la majorité de prendre du repos. Ayant été assignée au premier tour de garde, je m’adossai à une palissade existante, près des couchettes des autres membres de l’équipe. L’air était frais et il me gardait éveillée. J’essayais de me concentrer sur les moindres bruits alentours, discernant ceux des gens encore debout, dans mon dos, de ceux qu’il y avait devant moi. Les murmures des arbres, les craquements dans les feuilles mortes, de l’eau qui coule, quelques bruissements d’ailes. Une étoffe qui claque dans le vent… Mon regard se tourna rapidement vers la gauche, vers la rive de l’Anduin. Je longeai la palissade et me dirigeai vers la source du bruit.

– N’avancez pas plus, ma Reine, émit une voix depuis les ombres. Vous risqueriez de souffrir inutilement.

Mon sang bouillit dans mes veines. Je n’écoutai pas son avertissement et pressai le pas, jusque derrière le tronc d’arbre où il était caché. Je pris au passage un couteau dans ma botte et sans opposition aucune, je plaquai Gologmolva contre l’arbre, ma lame sous la gorge.

– Qu’as-tu cherché à accomplir cette fois en envoyant ces soldats Malledhrim contre nous ?
– Ooooh, s’exclama l’autre en prenant un air navré, vous n’avez donc pas trouvé les autres ?
– Où veux-tu en venir ? lui demandai-je sans baisser d’un ton.
– Vous avez combattu des soldats, mais il y avait aussi d’autres personnes, des civils. Ne les avez-vous pas vu flotter dans l’Anduin après qu’on les ait jetés dans les rapides ?

Comment garder son sang-froid après avoir entendu ça ? Je le frappai au visage d’un revers de mon poing gauche. Il commença à ricaner.

– Je suis déçue, ma Reine, reprit-il, plus sérieusement après quelques secondes. Pas que je risque quoi que ce soit ici et maintenant. Non, cela n’a aucun rapport… Loin de me rendre fier, vous vous ridiculisez, en vous comportant comme une enfant impulsive, et pourtant si faible. Vous avez le pouvoir de faire de grandes choses, mais vous vous détournez de ce pouvoir. N’avez-vous jamais pensé que vous pourriez utiliser votre pendentif pour me détruire ?

J’avais des dizaines de répliques à lui dire, mais aucune ne semblait meilleure que les autres. A la place, je fronçai les sourcils.

– Bien, ça c’était la partie la plus facile, dit Gologmolva en soupirant. Entamons à présent les explications de ce qu’il s’est passé aujourd’hui. Les Malledhrim n’étaient qu’une diversion, nous sommes en guerre, il est normal d’avoir des pertes, d’un côté et de l’autre, des dommages collatéraux…

Sans que je ne puisse faire quoi que ce soit, comme si j’avais eu un moment d’absence pendant lequel il s’était échappé de mon étreinte, je le vis tourner autour de moi, lentement. Il marchait en traînant les pieds dans les feuilles mortes. Il prit alors une pose ridicule qui me surprit.

– Oh ! Pardon ! Le pendentif m’est sorti momentanément de l’esprit ! mima-t-il avec ironie.
– Ne me dis pas que… commençai-je, menaçante.
– ÉVIDEMMENT ! s’exclama-t-il. Le plus ardu a été d’endormir la conscience du pendentif, petite chose indomptable, mais loin de vous, elle ne vaut pas mieux. Et… voilà ! Un simple voile devant les yeux, et votre cher ami ne pense plus qu’à une chose, aller encourager la petite rousse qui part en reconnaissance.

J’avais tout un tas d’émotions qui se battaient dans mon esprit, de la haine pour ce personnage, de la honte pour ne pas être assez forte et assumer seule mes problèmes, et mettre en danger la vie de mes amis, et … une pointe de jalousie ? Gologmolva s’approcha de moi.

– C’était un avertissement, mais je pense que tu as compris le message, non ?

Je ne comptais pas lui faire ce plaisir. Je tentai de l’atteindre avec le couteau que je tenais toujours fermement dans mon poing. Mais alors que j’étais certaine de le toucher, mon arme traversa un écran de fumée. Gologmolva s’effaça devant moi en ricanant, et bientôt tout le paysage devint brumeux, et les sons s’étouffèrent.

– Lizeth ? Lizeth, réveille-toi.

J’étais toujours adossée à la palissade, mais les fesses au sol. Je m’étais endormie. Je me relevai d’un bond, un peu déboussolée. Dirvrelleth pouffa de rire.

– Je… Je me suis vraisemblablement assoupie, avouai-je tout bas en regardant le sol et en époussetant mon pantalon.
– Rassure-toi, ça vient d’arriver, je t’ai vue piquer du nez. Tu devrais aller te reposer, je prends ta place.
– Il n’est pas encore l’heure… commençai-je en levant les yeux vers le ciel pour évaluer l’avancée de la nuit.
– Je n’arrive pas à dormir, alors ça m’est égal. Allez, file.

Je le remerciai en lui tapotant l’épaule, et me dirigeai de nouveau vers l’enceinte du camp. Fatigue ou pas fatigue, cette rencontre avec Gologmolva était bien réelle. Le fait qu’il puisse s’immiscer dans mes rêves de cette manière me rappelait que peut-être il avait raison en disant que loin du pendentif, j’étais bien plus faible.

Je dépliai mon sac de couchage et le posai à côté de celui d’Amynduilas. Il semblait dormir profondément, sans le moindre souci en tête. Au moment de m’enrouler dans mes couvertures, je vis qu’il tenait mon collier, la petite chaîne traînant sur le sol.

Je tendis le bras et frôlai sa main. Je la retirai immédiatement, me rendant compte que mes doigts étaient gelés comparés aux siens. Amynduilas ouvrit les yeux.

– Lizeth ? Quelque chose ne va pas ? me demanda-t-il, inquiet.
– Non, tout est calme. Je… J’aimerais pouvoir parler à Chandra. Je peux ?

Amynduilas ouvrit sa main et me présenta le pendentif. Au moment où j’allais le prendre, il serra doucement mes doigts, m’empêchant de les retirer, puis il posa son autre main par-dessus la mienne. Mon cœur commença à battre la chamade.

– Tu ne vas pas t’enfuir avec ? m’interrogea-t-il sur le ton de la plaisanterie.

Il commença à me regarder avec une grande intensité. Je repensai aux paroles de Gologmolva, qui l’avait manipulé pour me mettre en garde. Le Chasseur connaissait les risques, mais c’était bien trop dangereux, et j’étais à deux doigts de prendre le pendentif et de faire cavalier seule. Néanmoins, sa présence m’apaisait, comme s’il m’envoyait une douce énergie. Les battements de mon cœur ralentirent. Il me sourit.

– Non, répondis-je, malgré moi. Je veux juste lui parler. Je te le rends après.
– D’accord, dit-il tout en libérant ma main.

Il me caressa le front, écartant l’une de mes mèches de cheveux, puis me souhaita une bonne nuit avant de se rallonger.

– Tu voulais discuter ? me demanda Chandra au bout de quelques secondes.
– Oui, affirmai-je mentalement. Tu peux fouiller ma mémoire, ou je te raconte tout ?
– Je sais déjà tout, ton esprit est aussi troué qu’une passoire ! J’ai un plan, mais il ne va pas te plaire…

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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