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Lizeth Heliandil BG#95

Forts désavantagés, nous devions absolument trouver une parade et faire diversion. Les deux pirates étaient devant nous, et barraient le chemin vers la sortie de l’écurie. Fuir était exclu, tout du moins pas avant d’avoir récupéré la boîte et mon pendentif. L’idée de voler des voleurs de cette envergure semblait ridicule et inenvisageable. Cependant, je n’allais pas les laisser faire. Je ne connaissais pas Uilrandir depuis longtemps, mais il était capable de se défendre.

Me concentrer sur la flamme de la lampe fit sur moi l’effet d’un coup sur la tête, mais soudain, la lumière s’éteignit. Espérant que la foudre ne viendrait pas éclairer trop souvent la scène, je tirai sur la manche de Uilrandir pour le faire réagir. Nous nous levâmes et il s’en fallut de peu pour esquiver l’arme de Lyanthor. J’entendis le fer s’entrechoquer plus loin, m’indiquant que mon compagnon avait repris le combat avec le Nain.

J’avais bien analysé l’environnement et j’étais à l’affût de tous les mouvements de mon adversaire. Je me baissai alors que ce dernier tentait un pas en avant, et je le fis trébucher en frappant ses jambes. Lyanthor poussa un juron alors que j’attrapai à tâtons une fourche à foin posé contre un box non loin de là. Agrippant le manche à deux mains, je m’en servis pour frapper le pirate au visage. Sonné, j’en profitai pour faire les poches de son manteau. Mais frustration totale : elles étaient vides ! Je n’eus pas le temps de réagir que Lyanthor m’attrapa le bras et tira dessus, m’envoyant dans le décor. Mon dos percuta une pile de seaux. Une seconde plus tard, je sentis deux puissantes mains agripper mes vêtements et me soulever sans le moindre mal. Je tentai de me défendre mais mes efforts furent de courte durée. Ma tête se cogna contre une surface dure et je vis des étoiles avant de perdre connaissance.

***

Lorsque j’ouvris de nouveau les yeux, il faisait jour. J’étais allongée au sol au fond d’une petite grotte naturelle. Une odeur de cheval mouillé envahit mes narines. Sous les couvertures qui me tenaient chaud, je sentis que mes muscles étaient ankylosés du combat de la veille. Je m’assis et observai les alentours. Plus loin, je vis que Palsambleu était allongé, le dos tourné vers moi. Ses ronflements m’indiquaient qu’il dormait à poings fermés. Aucune trace d’Uilrandir ou de Lyanthor.  Mis à part ceux que faisait le Nain, on pouvait entendre les bruits de la nature en une fraîche et tranquille matinée. C’était apaisant. La boîte était tout près, je pouvais la sentir. Je fermai les yeux et imaginai ses vibrations. Le pendentif m’appelait. Dans cette réalité, il était encore mien. Chandra n’avait pas effectué le rituel pour remettre son pouvoir à zéro, cette idée n’avait d’ailleurs pas dû lui effleurer l’esprit, ni à elle, ni à mon autre moi. Dans cette réalité, le bijou était encore dangereux. Je n’avais aucune assurance que Chandranor prendrait le même chemin si je lui racontais mon histoire, mais s’il y avait un espoir de faire revenir Amynduilas, j’aurai besoin d’elle. La situation était comme le serpent qui se mordait la queue.

– Et voilà pourquoi je ne laisse monter aucune femme sur La Serena ! s’écria Lyanthor avant d’éclater de rire.
– Je comprends, oui ! répondit Uilrandir, tout sourire.

Leur apparition m’avait fait sursauter. Mais étais-je en train de rêver ? Que s’était-il passé depuis l’épisode de l’écurie ? Les rires réveillèrent le Nain.

– Lyanthor, bougonna Palsambleu, tu pourrais faire moins de bruit, je m’apprêtais à mettre la main sur un énorme butin !
– Comment vont mes deux princesses endormies ? demanda Lyanthor, le regard amusé tourné vers son ami.

Palsambleu soupira et repoussa ses couvertures avant de se lever. Il murmura quelque chose entre ses dents que je ne compris pas. Lyanthor se dirigea alors vers moi, Uilrandir sur ses talons.

– Uilrandir, pourriez-vous m’expliquer ce… qu’il se passe exactement ?
– Nous avons tout à gagner d’une alliance, dame Lizeth. Lyanthor m’expliquait comment il s’était retrouvé mêlé à la boîte. Il est moins méchant qu’il en a l’air.
– Fais attention à ce que tu dis, réagit l’intéressé. Ma réputation me précède et j’y tiens. Les affaires sont les affaires. Comme tu l’as si bien dit, nous avons tout à y gagner. Il n’y a que ça qui compte.

Avait-il déjà oublié qu’il y a quelques heures encore, il se faisait botter les fesses par ces pirates ? J’avais l’impression d’avoir manqué plusieurs épisodes. J’entendais encore Lyanthor dire qu’il devait tuer quiconque m’accompagnait. Je n’accorderai pas ma confiance à ce pirate, mais étant donnée la situation, je pouvais bien faire un effort, tout en restant sur mes gardes.

– Mais, que faites-vous des demandes inscrites dans le message que vous avez reçu ? demandais-je  pour faire suite à mes pensées.
– Je crois que cette personne ne sait pas à qui elle s’est adressée. Les pirates ne suivent pas des ordres s’ils ne font pas partie de l’accord pour lequel ils ont convenu. Je lui rapporte la boîte, elle me rend mon bateau et mon équipage.
– Que savez-vous de cette personne ? L’avez-vous rencontrée ?

Lyanthor serra les poings. Un voile de colère venait de lui tomber sur le visage.

– Pas comme on l’aurait souhaité, répondit Palsambleu à la place de Lyanthor. On n’a rien pu faire et on n’a pas vu son visage. C’était un dégénéré de magicien, il s’est emparé de La Serena et ne nous a pas laissé le temps de réagir. Une vraie poule mouillée, mais à portée de ma hache il n’aurait pas fait long feu !
– Palsambleu déteste les jeteurs de sorts, commenta Lyanthor, une vieille histoire de jeu de cartes. Mais je suis d’accord avec lui sur un point. J’aurais bien aimé voir le visage de ce lâche.
– Je ne connais qu’une seule personne qui pourrait en vouloir après ce qu’il y a dans la boîte, dis-je. Mais elle a été tuée.

Lyanthor s’approcha de la paillasse de Palsambleu et fouilla dans son sac. Il en sortit le petit coffret. Le pirate alla ensuite s’asseoir sur un rondin près du feu qu’avait ravivé Palsambleu. Le Nain s’affairait déjà à préparer le petit déjeuner.

– Parle-moi de cette personne, me demanda Lyanthor. Celui qui veut ça a probablement les mêmes objectifs.
– Ce qu’il y a dedans vous intéresse à présent, je me trompe ?
– Ça t’arrive souvent de répondre à quelqu’un par une autre question ? Non, je l’ai déjà dit, ça m’est égal de savoir ce qu’elle renferme.
– Elle est douée cette petite, intervint Palsambleu à mi-voix tout en remuant ce qu’il y avait dans son chaudron.
– Tu as dit quelque chose ?
– Non, rien, je parlais tout seul, répondit le Nain avant de pouffer dans sa barbe.

Après quelques secondes de silence et un grand soupir de la part de Lyanthor, ce dernier se tourna de nouveau vers moi, attendant une réponse.

– Il s’appelait Dhuilin, c’était mon père. Un esprit très ancien l’habitait et s’est servi de lui pour arriver à ses fins.
– Un esprit puissant, tu dis ? demanda Lyanthor, distrait par la boîte.
– Il savait manipuler et contrôler les pensées. Assez pour faire croire et faire à quiconque ce qu’il voulait.
– Et il est mort… me coupa-t-il.

Le pirate me regardait à présent, l’air sérieux. J’avais moi-même vu le corps de mon père, inanimé. Cependant, ma sœur l’avait également tué dans ma réalité et cela n’avait pas arrêté Aryndion pour autant. Il avait dû trouver un nouveau corps ici et comptait à présent récupérer mon pendentif. Mais pourquoi avoir fait tous ces efforts pour obliger Lyanthor à récupérer la boîte à sa place ?

– C’est bien ce que je pensais, conclut le pirate en soupirant. J’espère avoir pris la bonne décision en ignorant cette missive.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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