Je regardais mes anciens vêtements brûler dans l’âtre de la salle commune des gardes de Gondamon et me demandais ce que j’allais faire à présent. Après avoir raconté toute mon histoire à ces gens, certaines pièces du puzzle s’étaient assemblées. Depuis un moment, des Semi-Orques avaient commencé à infiltrer l’Eriador et, plus inquiétant encore, certains s’intégraient à la population, achetant des propriétés et participant au commerce. La raison pour laquelle ils poursuivaient mon père nous était encore inconnue, et le simple fait d’être sa fille me mettait en danger. Je repensais à ma sœur et à ma mère et espérais qu’elles étaient à l’abri.
***
Abandonner mon identité était une chose, mais renoncer à la vérité en était une autre. Je ne pouvais rentrer chez moi, et je devais me montrer extrêmement prudente à présent pour ne pas éveiller les soupçons des Semi-Orques. Je devais retrouver mon père. Lorsque j’avais évoqué ce souhait, tout le monde s’était tu quelques instants. Ce silence en disait long, et j’imaginais déjà qu’ils pensaient tous qu’ils avaient développé une énorme quantité d’énergie pour rien si je devais me lancer de nouveau dans la gueule du loup. Puis l’un d’eux s’avança dans la lumière. C’était un Homme de grande stature, et en voyant les autres membres le regarder avec grand respect, il devait être quelqu’un d’important.
– Permettez-moi, Lizeth, de clarifier la situation. Vous vous êtes mise dans les problèmes et la confrérie des Cavaliers Solitaires n’existe pas pour foncer tête baissée dans la mêlée. Considérez-vous extrêmement chanceuse de nous avoir rencontrés à Duillond, où vous auriez pu, à la seconde où vous auriez mis un pied en dehors de cette auberge, finir dans le caniveau. Comprenez bien que ce que vous souhaitez ne peut pas être accepté dans l’état. Je ne saurais permettre que vous mettiez de nouveau en danger l’un des nôtres.
A ce moment-là, j’avais senti que la réunion venait de prendre fin. Je comprenais parfaitement la situation. Mon imprudence avait presque mis ces gens dans le même sac que le mien. Un nain avait même trouvé la mort et je supportais très mal d’en être responsable, d’une manière ou d’une autre. Mais je refusais cependant de laisser tomber ma quête.
– Je… Je ne pourrai jamais vous rendre la pareille pour m’avoir sauvée. Ma présence vous met déjà en danger, je … Je vais m’en aller, et vous n’entendrez plus jamais parler de moi. Au revoir.
Sur ces paroles, je m’étais dirigée en courant vers la porte et en la refermant derrière moi, j’avais soupiré. J’étais terrorisée, et sur le point de fondre en larmes. J’avais entrepris ce voyage mais n’en avais pas imaginé les conséquences. Une fois dans ma chambre, j’avais rapidement fait mon sac, méthodiquement, sans vraiment penser à ce que je faisais. J’avais mis mon sac sur l’épaule et ouvert la porte.
On peut imaginer des tas de choses en ouvrant une porte, mais ce qui était arrivé à ce moment là était des plus improbables. Une petite silhouette s’était tenue devant moi, habillée d’une robe noire à écailles d’argent et d’un masque ressemblant à une tête d’hibou qui cachait son visage. Ce n’est qu’après avoir reçu quelque chose d’humide et malodorant sur la figure que j’avais compris qu’il s’agissait d’un Hobbit. En effet, depuis une perspective plus basse – en l’occurrence le sol poussiéreux et froid -, j’avais pu distinguer les pieds nus et poilus caractéristiques de ces petites créatures. Quant à la chose humide et malodorante, il s’agissait de ce fait d’un poisson. Ce ou cette Hobbite s’approcha et me traîna dans la chambre en agrippant ma chemise. Après avoir refermée la porte, ce personnage mis ses mains potelées contre ses hanches, le poisson rebondissant au gré des mouvements, et me regarda de haut. Je n’osais pas me relever.
– Que… qu’est-ce que vous me voulez ?! m’étais-je exclamé, complètement choquée.
– Tous les Elfes sont donc aussi bêtes, aussi stupides, aussi débiles ?!! avait crié l’autre. Ça c’est parce que vous avez le cerveau bien loin des jambes, il doit avoir des interférences entre les deux. C’EST PAS POSSIBLE !! Aucun respect pour les autres. T’mérites bien un autre coup de poisson !
C’était de toute évidence une Hobbite, et de bien mauvaise humeur. Elle s’était alors précipitée sur moi et avait recommencé à me frapper avec son poisson.
– Mais !… arrêtez ! avais-je protesté tout en tentant de me protéger la tête.
Une odeur de poisson pourri avait commencé à sentir dans toute la pièce et la nausée me tenaillait les entrailles.
– Y’a qu’du lembas dans ton crâne, hein ? Même pas capable d’avoir les yeux en face des trous. VA ! Va t’faire tuer, tu n’as aucune idée de ce que ces bandits sont capables de faire à une petite Elfe frêle et ignare comme toi !
– Oooh, je crois que je vais vomir !!
J’avais eu le temps d’attraper le seau près du lit et de déverser tout ce que j’avais avalé depuis le matin.
– DÉGOÛTANTE !! avait dit la Hobbite en s’asseyant sur le sol et en commençant à se ronger un ongle par dessous son masque. Ça y est ? Tu t’sens mieux ? Rien ne vaut une bonne purge, tu devenais verte !
Doucement, j’avais repoussé le seau et m’étais essuyée le menton.
– Galaenthir Etheiren est notre chef à tous, avait-elle repris sur un ton qui se voulait plus calme. Il a commencé tout en bas de l’échelle, en a vu des vertes et des pas mûres. Qu’est-ce qu’une pauvre Elfe comme toi vient donc faire dans l’histoire ? T’es un cheveu dans la soupe, Lizeth Heliandil, et la soupe a changé de saveur !
La Hobbite avait fait une petite pause, s’occupant d’un autre de ses doigts.
– Mais tu sais, ça fait un moment qu’ça dure. Et la soupe a de plus en plus mauvais goût. On veut pas de problèmes, mais apparemment, les problèmes viennent à nous, comme des abeilles attirées par du miel.
Tout à coup, elle avait rampé vers moi et avait pris le col de ma chemise.
– Mais tu sais quoi ? avait-elle chuchoté, son masque collé contre ma peau. C’est que ça devient intéressaaaant ! Une petite Elfe qui débarque du fin fond du continent, qui remue le crottin de cheval, et qui … POUF ! Attise un feu ! J’veux en savoir plus, Lizeth, pouuurquoi tu les intéresses autant !
Je m’étais libérée, et avais reculé, effrayée, la respiration saccadée.
– Mouais ! dit la Hobbite en se relevant et en se dirigeant vers la porte. T’y arriveras pas toute seule, cependant. La gueule du loup est grande ouverte ! Ceci dit, le chef ne veut pas que tu mettes en danger l’un d’entre nous, mais si tu ÉTAIS l’une d’entre nous, ça serait une autre paire de manches ! ALLEZ ! BON VENT !
Et elle avait claqué la porte derrière elle.
***
J’étais donc là, devant le feu. Je n’étais pas partie, finalement. Je ne savais pas vraiment comment les choses allaient tourner. Une chose était sûre, cette Hobbite avait raison: je ne pouvais pas y arriver toute seule. J’esquissai un petit sourire.
– Rosalynd, on y va ? me demanda la voix d’Eljoying dans le dos.
– Oui.
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
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