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Lizeth Heliandil BG#9

Dans une semaine, cela fera un mois que j’ai été recrutée dans la confrérie des Cavaliers Solitaires. Et dans une semaine, je deviendrai membre officiel de la confrérie, une grande fête étant organisée avec tout le gratin, la crème de la crème des CS, comme ils aiment dire. Autant dire que je me sentais très nerveuse. Pour couronner le tout, il y a quelques jours, j’ai eu la visite d’Habricotine, ma marraine et représentante auprès du groupe. Je ne l’avais à vrai dire pas revue depuis le fameux jour où elle m’avait invitée officieusement à rejoindre la petite famille et le souvenir de son poisson restait gravé en ma mémoire – mes vêtements, fort heureusement, avaient été brûlés, l’odeur nauséabonde de poisson pourri avec.

Le pas en arrière que je fis lorsque je la vis sur le pas de la porte était un réflexe inconscient que tout le monde comprendra. Elle était habillée de la même manière et je me dis qu’avec son déguisement elle faisait peur ou tout du moins intimidait toutes les personnes alentour. Après quelques secondes d’attente, je me calmai en ne voyant aucun poisson, et me dis qu’elle avait sûrement une bonne raison de se déplacer pour me voir, ici à Hobbitebourg. Les Cavaliers Solitaires m’avaient conseillé de venir en Comté pour que l’on m’oublie, et j’avais cru que j’allais passer quelques vacances à la campagne. Que nenni !!

On m’avait envoyée chez Holly Sonnecor, car c’était de loin la personne la plus apte à me loger, tous les autres trous de Hobbit étaient soit trop remplis de petits Hobbits, soit trop remplis de barils de bière, qui avaient du jour au lendemain pris place dans les chambres d’amis, et particulièrement le jour de mon arrivée. Je me demandais si la générosité des Hobbits n’était qu’une légende, car je ne m’étais pas sentie la bienvenue. Eljoying était venue avec moi et m’avait présentée devant tout le monde dans la taverne du Lierre Touffu, demandant à l’assemblée qui voudrait bien m’héberger pour quelques semaines. Holly Sonnecor avait levé timidement la main, soutenant avec courage les regards étonnés de ses voisins. Tout le monde était inquiet dans la Comté, car des évènements sombres se profilaient à l’horizon, et les gens préféraient rester entre eux. Je ne pouvais pas les blâmer.

Holly était une très petite Hobbite aux cheveux roux, très vive au parler. Elle m’a raconté le premier soir qu’elle connaissait les Cavaliers Solitaires au travers d’un de ses membres. A ce moment-là, peut-être aurais-je dû me taire car je n’aurais ressenti ni surprise, ni appréhension. Ma marraine Habricotine – c’est un nom de code selon elle – était une ancienne amie à elle. J’eus la sagesse de ne pas lui demander pourquoi elles avaient rompu le contact, mais je constatai les jours suivants qu’elles partageaient une même vivacité dans le caractère. Je ne reçus pas de poisson sur la figure, mais non loin de là, les corvées pleuvaient. Holly était très heureuse d’avoir quelqu’un avec qui parler – qui l’eut cru ? –  et elle adorait faire des tartes. J’étais devenue sa messagère, ou plutôt sa bonne à tout faire : ramener de la farine, des œufs et des fruits du verger d’Aballon était une chose, mais livrer ses tartes en étaient une autre ! Je compte encore les piqûres d’abeilles, mais aussi le nombre de fois où j’ai été pourchassée par des Hobbits affamés. Je remercie Manwë de m’avoir donné des jambes rapides.

Je venais de me lever lorsqu’Habricotine frappa à ma porte, si bien que je ne devais pas montrer fière allure. Elle ne sembla pas le remarquer et entra dans ma chambre. Elle s’assit à la table et commença à badigeonner de beurre le pain que je pensais manger au petit déjeuner. Je la regardais se remplir l’estomac en silence, ayant pris place en face d’elle.


Holly était une très petite Hobbite aux cheveux roux, très vive au parler

– Tu n’aurais pas de la bière ? demanda Habricotine la bouche encore pleine.
– Je dois pouvoir vous trouver ça quelque part… lui répondis-je en me levant.
– Nan, attends, c’est bon ! Rassieds-toi ! Il faut qu’je fasse attention à ma ligne, tu vois ? me dit-elle en prenant à pleine main ses poignées d’amour. Je suis venue t’annoncer qu’on a décidé que tes vacances étaient finies, et qu’on voulait te faire passer un petit test, pour être sûrs que tu méritais de faire partie des nôtres. C’est tout un investissement, tu sais ?

J’acquiesçai, essayant d’avoir une expression la plus neutre possible, la vis sortir une fiole de sa poche, et la vider d’un trait. Après un rot plutôt sonore, elle reprit :

– C’est un peu comme un baptême du feu, une p’tite épreuve de rien du tout. T’connais un peu la Vieille Forêt ?

A part la situer – c’était une forêt à la frontière Est de la Comté –, je n’y avais jamais mis les pieds.

– Pas spécialement, répondis-je, mais si c’est pour aller chercher quelque chose tout en haut d’un arbre, c’est bon ! Je suis assez douée pour monter aux arbres.
– Mouais, monter aux arbres, on pourra voir si tu dis vrai… à l’occasion.

Son regard et son sourire en coin ne me dirent rien qui vaille.

***

J’étais donc dans la Vieille Forêt depuis quelques heures, et jusqu’ici, j’avais rencontré quelques chauves-souris, une poignée de loups et une famille d’ours. Habricotine m’avait indiqué que je devais récupérer le pendentif de mon père, qu’elle m’avait emprunté pour l’épreuve et qu’elle avait accroché à un vieil arbre au milieu d’une clairière au fond de la forêt. Je pouvais abandonner si je le souhaitais, mais je n’aurais jamais revu mon collier.

La carte qu’elle m’avait donnée en échange était un vieux morceau de parchemin griffonné. Mon sens de l’orientation développé me permis de me retrouver dans le labyrinthe végétal de la Vieille Forêt. Cependant, je relus le papier afin de vérifier que je ne m’étais pas perdue, car je me retrouvais devant une partie de la forêt entièrement recouverte de toiles d’araignées. Hélas, je ne m’étais pas trompée, et le pendentif, marqué d’un X, se trouvait exactement au centre de cette zone. Faire demi-tour était exclu, bien évidemment, mais je restai là à contempler l’obscurité pendant plusieurs minutes, incapable de bouger.

Je soupirai.

– Bon, quand il faut y aller, il faut y aller ! dis-je à voix haute pour me redonner courage.

Le moment qui suivit était l’un des plus effrayants que j’eus connu. J’avais l’impression d’être observée, et mon imagination donnait des centaines d’yeux à cette présence. Je n’avais pas encore rencontré d’araignées, mais il était certain que celles qui avaient tissé ces toiles n’étaient pas de la taille de ma main.

La suite fut comme dans ces vieux contes pour faire peur aux enfants. Le souvenir de la Forêt Noire me revint en pleine figure comme le poisson d’Habricotine. J’avais devant moi la reine de ces araignées. Elle était immense, et toute blanche. Elle tournait autour d’un arbre dans une clairière, et je maudis intérieurement ma marraine, car je remarquais un petit objet brillant au loin dans les branches d’un chêne.

Je décidai de fuir, mais comme plus jeune, mes jambes refusèrent de m’obéir. Quelques secondes plus tard, la créature sentit mon odeur, ou peut-être ma peur. Elle émit un bruit d’insecte qui acheva de me paralyser.

Elle se précipita vers moi.

Je hurlai.

***

Son corps était froid et moite. Mon arc en guise de bouclier, je réussis à contrer l’une de ses pinces. Je continuais de crier, terrorisée, mais soudain je pensai à ma sœur. Elle n’avait pas eu peur, et avait continué à jouer. J’entendais sa mélodie au loin et me dis que même si je n’arrivais pas à vaincre ma peur, je devais au moins essayer à m’en sortir. Me débattant avec mon arc de la main gauche, je pris ma dague de ceinture avec l’autre main et l’enfonçai plusieurs fois dans l’abdomen du monstre. Mes cris de peur s’étaient changés en cri de rage au fur et à mesure que j’assénais mes coups, j’entendais l’araignée pousser de drôles de bruits, comme si elle hurlait de douleur. Au bout de quelques instants qui me semblèrent des heures, la créature perdit la bataille, et s’effondra sur moi.


Mon arc en guise de bouclier, je réussis à contrer l’une de ses pinces

Le calme revenu, la terreur reprit son emprise sur moi et la seule chose qui me vint à l’esprit était de fuir loin du corps inerte de l’araignée. Après m’être extirpée tant bien que mal, je remarquai qu’un liquide visqueux imbibait mes mains et je m’empressai de les essuyer sur mon pantalon. Au bord des larmes, je me rappelai de ma mission et me retournant vers le chêne, je vis le bijou.

Je montai à l’arbre et décrochai le pendentif. Tout à coup, alors que je descendais des branches de l’arbre, celui-ci se mit à bouger.

Surprise, je perdis l’équilibre et tombai dans le vide.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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