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Lizeth Heliandil BG#74

Amynduilas me prit la main et y déposa mon pendentif. Après avoir refermé mes doigts dessus, il me pressa l’épaule. Ses lèvres pincées, il avait le regard sérieux.

– Je vais te laisser avec Elidrir, il est temps qu’il arrive à la fin de « son histoire », dit Amynduilas en insistant sur la fin de sa phrase. Tu pourras me la raconter plus tard, si tu en as envie. Mais pour le moment, je vais raccompagner Moela auprès des autres. Je t’y attendrai.

J’ouvris la bouche pour protester mais il était déjà parti, entraînant Moela avec lui.

– Mais enfin, Amyn, qu’est-ce que ça veut dire ? entendis-je Moela demander au Chasseur.
– Je vais t’expliquer sur le chemin, allons-y.

J’attendis quelques secondes en les regardant partir, bras dessus, bras dessous. Une fois qu’ils n’étaient plus en vue, je soupirai et je me retournai vers Elidrir. Il avait les mains dans le dos, et la mine plus fatiguée qu’auparavant.

– C’est quelqu’un de bien, cet Amynduilas, finit-il par me dire en souriant. Je regrette presque de lui avoir volé ton premier baiser.

Alors qu’il haussait l’un de ses sourcils, je fronçais les miens.

– Oh ! Avoue-le, Lizeth ! s’écria-t-il. Vu ta manière de réagir, ça crève les yeux.
– Ce n’est pas une gifle que tu méritais… répondis-je entre les dents.
– Non, mais c’est trop tard maintenant.

Le silence s’abattit de nouveau entre nous. Je sentais son regard sur moi alors que je regardais les petits rochers sur la berge du lac.

– Peux-tu continuer ton histoire, Eli ? lui demandai-je, toujours les yeux rivés au sol, histoire de changer de sujet.
– D’accord. Viens, on va marcher.

Je regardai sa main alors qu’il me la tendait, et j’hésitai. Après ce que m’avait appris Amynduilas plus tôt, je n’étais plus sûre de rien. Qu’était-il arrivé à Elidrir ? J’imaginai ma main passant au travers de la sienne, et mon cœur manqua un battement au moment même où ma peau touchait la sienne. Elle était toujours aussi froide que la veille.

– Bien, commença le Gardien des Runes. Comme je l’ai dit tout à l’heure, cela fait trois lunes que tout est arrivé. C’était une journée normale, plutôt tranquille. Les troupes ennemies n’avaient pas approché le village depuis longtemps, les Malledhrim les tenaient à distance, comme d’habitude. Je venais de partir de chez toi, Kintyra restait avec votre mère la majorité de son temps libre. Sur le chemin, j’ai rencontré un groupe de personnes qui ne venait probablement pas du coin, qui avaient l’air très louches, vêtus de capes à capuches recouvrant presque entièrement leur visage. Il y en avait un parmi eux, je m’en souviens très bien, car il était plus grand que les autres, et il portait un masque doré.
– Gologmolva, encore lui… murmurai-je pour moi-même, serrant les poings.
– Qu’as-tu dit ?
– Non, rien. Tu peux continuer.
– Bref, ce grand bonhomme m’a regardé droit dans les yeux, et j’ai tout de suite eu envie de déguerpir. J’avais la chair de poule, et je ne me sentais pas très bien. Sans vraiment m’en rendre compte, je me suis éloigné du chemin, mais voilà que quelque chose me vint à l’esprit. Ce groupe se dirigeait vers ta maison, et compte tenu de l’expérience que je venais de subir, j’ai éprouvé une très grande inquiétude pour ta famille. J’ai rebroussé chemin et alors que je me trouvais près de l’entrée de chez toi, je les ai vus. Le chef du groupe, le grand au masque doré, était resté à l’extérieur, alors que ses compagnons œuvraient dans la maison. J’ai entendu des cris, et je m’apprêtais à foncer tête baissée quand Kintyra est sortie. Elle était suivie par l’un des sbires, mais était relativement calme, bien qu’un peu contrariée, contrairement à ta mère, qui était comme une furie, et qui criait un nom, toujours le même.
– Et quel était ce nom ? lui demandai-je perplexe.
– « Dhuilin ».
– C’est… C’était le nom de mon père. Il est parti de chez nous il y a des décennies de cela.
– Oui, et bien, on aurait dit qu’elle l’appelait à l’aide. Mais quand les deux gaillards qui la maintenaient la présentèrent à leur chef, elle se calma d’un seul coup, comme si elle avait été ensorcelée.
– Tu as dit que Kintyra était calme ? le coupai-je, essayant de faire abstraction de ce que venait de dire Elidrir au sujet de ma mère. Elle l’était avant de voir le chef du groupe, ou après ?
– Il m’a bien semblé qu’elle l’était déjà en sortant. Je me suis fait la même réflexion. C’est étrange, n’est-ce pas ? Hey, mais tu sembles connaître ce personnage masqué…
– Oui. Il me suit… ou plutôt ai-je l’impression de le suivre. Il s’appelle Gologmolva et peut manipuler les esprits. Si Kintyra n’était pas sous son emprise, pourquoi agissait-elle aussi calmement ?
– C’est ce qui m’a empêché d’intervenir. J’ai ressenti un énorme poids sur le cœur, et j’ai su que quelque chose n’allait pas avec elle.

La version d’Elidrir semblait être différente de celle de ma sœur lorsqu’elle me l’avait racontée il y a plusieurs semaines de cela dans la maison de confrérie. Je me remémorais alors les avertissements de Galaenthir, l’ancien chef des Cavaliers Solitaires, et de nouveau, je ne pus concevoir le fait que Kintyra fut de mèche avec l’ennemi.

– Kintyra s’est alors approchée du chef et a manqué de lui bondir dessus. Les sbires se sont emparés d’elle pour l’empêcher de toucher… Gologmolva, c’est ça ? Et là, elle lui a hurlé que ça n’était pas les termes de leur accord, qu’il ne pouvait pas emmener votre mère.

J’eus l’impression de ne plus sentir mes jambes. Ma sœur avait-elle vraiment pactisé avec l’ennemi ? Et dans quel but ? Était-ce cette histoire de pendentif qu’ils semblaient rechercher ? Il y avait cependant une petite chance pour qu’elle ait répondu à un chantage, je connaissais bien Kintyra, il était impensable qu’elle puisse nous trahir.

– Ils les ont alors emmenées toutes les deux dans un grand chariot. Je les ai alors suivis, ils descendirent la route principale du village, et une fois sur la place, le véhicule s’est arrêté. Tous les habitants étaient là, perplexes. Quelqu’un a dû aller quémander les Malledhrim car ils arrivèrent peu de temps après. Gologmolva descendit du chariot, et s’avança vers les soldats. Il leur ordonna de retourner dans leur caserne, et d’ignorer tout ce qu’il se passerait ensuite. Et c’est ce qu’ils firent. Ils partirent. Les villageois, interloqués, ne bougeaient pas d’un cil, et c’est alors que le feu entoura le village.
– Les hommes de famille ne défendirent pas les leurs ? m’écriai-je.
– Bien sûr que si. Mais le feu a pris si vite, toutes les maisons étaient faites de bois, tu le sais bien. C’est devenu une fournaise en l’espace de quelques secondes. Des Orques ont alors débarqué, et alors que les pauvres gens hésitaient entre sauver leurs biens et s’enfuir, ils se sont fait massacrer.
– Et toi dans tout ça ? Tu as pu t’échapper de cet enfer ?

Elidrir évita mon regard. Il ouvrit la bouche pour dire quelque chose, puis se ravisa. Il fit alors quelques pas en avant puis se tourna vers moi.

– Oui, puisque je suis là ! me répondit-il en plaquant ses mains sur son torse. J’ai vu tout ça de loin, je n’ai pas pu faire grand-chose.

Il mentait. Ça se voyait aux petites fossettes qui creusaient ses joues lorsqu’il le faisait. Je sentis une larme couler le long de mon visage.

– Où est ton corps, Eli ?

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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