Je regardais Amynduilas qui n’avait pas cillé face à la réplique cinglante de Chandra. Tous les deux continuaient de se regarder dans les yeux, l’une le regard effronté, l’autre un léger sourire sur les lèvres. Pour ma part, je devais être autant choquée et remontée que Moela. Cette dernière n’hésita d’ailleurs pas à se faire entendre et à rompre la connexion entre son meilleur ami et sa « rivale ». Elle se tourna vers Amynduilas et posa sa main sur son épaule.

– Amyn, qu’est-ce que ça veut dire ? lui demanda-t-elle, se rendant bien compte qu’il en savait plus.
– Ça me rassure qu’elle ne soit pas morte, mais que s’est-il passé… Chandra, c’est bien ça ? dit-il en levant la main pour faire patienter Moela.
– Tu as au moins une bonne mémoire. Pour ce qu’il s’est passé, le médaillon de Lizeth est endommagé, et elle se balade dans le coin tandis que je suis prisonnière de son corps.
– Tu n’as pas l’air en forme… s’inquiéta-t-il.
– Toi non plus.

Je sentais bien que Chandra n’avait pas envie de continuer cette conversation. Après avoir lancé un regard vers Galadriel, elle reprit sa route. Amynduilas et Moela suivirent le cortège.

– Vas-tu maintenant m’en dire un peu plus ? entendis-je Moela demander à Amynduilas.
– Rosalynd a un pendentif très spécial, expliqua-t’il. Il est habité par une sorte d’entité pouvant entre autres manipuler les esprits ou temporairement prendre le contrôle d’un autre corps.
– Et cette entité s’appelle Chandra. Joli nom, commenta-t-elle sur un ton ironique. Si j’ai bien entendu, le collier est cassé et de ce fait, l’esprit est resté dans le corps de Rosalynd. Et tant qu’il ne sera pas réparé, on ne la retrouvera pas ?
– C’est assez bien résumé, en effet, répondit Amynduilas, préoccupé.
– Mais c’est une bonne nouvelle, non ? Qu’est-ce qui te tracasse ?
– Les efforts que Chandra fait pour rester la tête haute.

J’étais tout à fait d’accord avec Amynduilas. Depuis que nous étions arrivés, Chandra faisait tout pour ne pas perdre la face. Elle était maintenant en train de parler avec Galadriel, et je la voyais bien différente, plutôt à l’aise, malgré tout, comme si je n’existais plus. Alors que nous parcourions les chemins menant à Caras Galadhon, je me perdis dans la contemplation des gigantesques arbres. Le bruissement des feuilles m’apaisait, et j’eus soudain envie de flotter et de dériver au gré du vent. Je ne pensais plus qu’à ne faire qu’une avec la nature. J’étais si légère.

Tout à coup, une force me fit redescendre à terre. Pendant quelques secondes, je tournoyais, et des verts, des oranges, et des jaunes se succédèrent dans un tourbillon de feuilles. Je ne savais plus où était le bas et où était le haut. Au bout d’un moment, je risquai un coup d’œil et vis la masse de gens se précipiter vers un point plus en avant. J’étais seule, dans l’herbe sur le côté de la route, et j’avais à peine la force de relever le visage pour qu’il ne retombe pas dans la terre. Je pesais des tonnes, à présent, et l’angoisse remplaçait le bien-être que j’avais ressenti quelques secondes plus tôt. Quelque part au milieu de tous ces gens, mon corps. Il semblait si loin de moi… trop loin !

Et le bruit que tout ce monde faisait. Ces roulements de tambours ! CESSEZ DONC CE VACARME ! J’avais l’impression que mon être allait exploser.

– SILENCE !!! cria une voix.

Ce n’était pas vraiment un cri, c’était un ordre, auquel toute l’assistance réagit. Les tambours cognèrent encore quelques temps, puis ralentirent. Une lumière transperça la foule, en sortit, et se dirigea vers moi.

– Lizeth, tenez bon, tout sera fini ce soir. Faites-moi confiance, laissez-moi vous aider… me dit cette même voix.

La lumière me tendit la main et la seconde d’après, je la pris – où étais-je dessus ? Mes pensées se bousculaient, et n’étaient plus cohérentes. J’eus l’impression de flotter à nouveau, et le cortège reprit sa route. Les arbres défilèrent, par centaines me sembla-t-il, jusqu’à ce que nous arrivions à un grand portail d’or. Il devait s’agir de celui de Caras Galadhon.

Une fois à l’intérieur de la ville, la file se dispersa. Quelques personnes restèrent et je pus voir Chandra dans les bras de l’un des gardes de Galadriel, inconsciente.

– Allez chercher Mírien et Ingarthael et dites-leur de venir chez moi avec leurs outils, demanda la voix à l’un des Elfes présents.
– Très bien, ma Dame.

La voix était-elle celle de Galadriel ? La question resta en suspens alors que nous nous dirigions vers le centre de la cité. Nous contournâmes une grande mare alimentée par une fontaine en forme de cygne, puis nous empruntâmes un chemin construit à son origine à même les racines du plus grand des arbres. Puis nous longeâmes son tronc, montant toujours plus haut, jusqu’à atteindre la porte d’une belle demeure, pas plus grande que les autres aux alentours.

A l’intérieur, la décoration était assez simple, mais raffinée. Des meubles fonctionnels, un espace parfaitement utilisé. Nous allâmes dans une petite chambre, et Chandra fut déposée sur le lit. Elle avait l’air paisible.

– Merci beaucoup, dit Galadriel à l’Elfe. Vous pouvez disposer. Restez près de la porte et laissez entrer les maîtresses artisanes quand elles arriveront.
– Il sera fait selon vos demandes.

Le garde s’inclina et sortit de la pièce. Galadriel me laissa près du lit et alla chercher une bassine d’eau. Elle prit également quelques vêtements propres d’une armoire, et entreprit de retirer la crasse du voyage du corps de Chandra.

Elle ferma le dernier bouton de la chemise propre de Chandra au moment où les deux artisanes arrivèrent en portant chacune un sac. Galadriel se redressa et s’approcha d’elles.

– Mírien et Ingarthael, soyez les bienvenues en ma demeure. Je vous avais déjà parlé de ceci il y a quelques jours. Le moment est arrivé de faire un miracle. Voici le pendentif.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena