Chandra m’avait alors expliqué que sans la liaison du pendentif, le transfert de son esprit à l’intérieur n’était plus possible, et que mon corps ne pouvait supporter qu’un seul esprit à la fois. Le fait que nous soyons toutes les deux toujours présentes indiquait néanmoins que le pendentif n’avait pas perdu toute sa magie, ce qui était selon elle encourageant.
Pour régler le problème, il suffisait de réparer le bijou, mais seul un maître en la matière pouvait espérer ne pas les tuer sur le champ.
– Bien entendu, le créateur du collier serait le meilleur candidat, avait fait remarquer Chandra.
– Je ne pense pas que l’on ait le temps de chercher mon père, surtout qu’il est probablement mort, lui avais-je répondu alors.
– Ta vie est faite de beaucoup de probabilités, Lizeth. D’un côté, ça laisse de la place pour l’espoir.
– Ce n’est pas de l’espoir qu’il nous faudrait dans l’immédiat.
– Ah, on ne peut pas tout avoir !
Puis nous étions redevenues muettes pendant une bonne partie du chemin. Les combats s’enchaînaient, mais n’étaient jamais très compliqués, comme si on nous laissait juste assez de mou à la corde qui nous guidait. Habricotine et Chandra avançaient, infatigables, ou peut-être était-ce ce que chacune voulait montrer à l’autre. Les alentours étaient de plus en plus décorés, et je sentais que nous approchions de la fin de la petite balade.
Nous entrâmes dans une nouvelle salle, plus vaste, et une fois les deux soldats à l’entrée maîtrisés, nous pûmes contempler ce qui devait être la grotte principale de Gobelinville. L’endroit était immense et grouillait d’ennemis. Ils étaient affairés autour de grands feux ou patrouillait en groupe. Certains se battaient même entre eux, entourés par d’autres gobelins qui semblaient se réjouir particulièrement du spectacle. Tout au fond, sur une plateforme surélevée il y avait un trône, mais je ne parvenais pas à distinguer qui étaient les deux personnages qui se tenaient là-bas.
– C’est cuit, y’a trop d’ennemis, commenta Habricotine. On est tête fortes, mais pas à c’point !
– Ça n’a pas de sens, pourquoi Gologmolva nous a-t-il fait parcourir tout Gobelinville, nous laissant décimer pas mal de ces gobelins, pour nous amener finalement ici ? demanda Chandra.
– S’il cherchait à nous miner l’moral, il va y arriver ! s’exclama la Hobbite.
Chandra se tourna vers Habricotine et lui demanda de baisser le ton de sa voix. Puis elle montra du doigt un endroit plus en avant d’où ils pourraient avoir un meilleur panorama sur le trône et ce qui l’entourait. Elles se déplacèrent en silence, longeant les murs de pierre, restant dans la pénombre pour ne pas être détectées. Arrivées à destination, nous étions à l’abri des regards et avions une vue imprenable sur un gobelin plus grand que tous les autres, et plus gros aussi. Il portait une couronne sur le haut de son crâne et parlait avec quelqu’un qui était debout près de lui. Il ne me fallut pas deux secondes pour le reconnaître, tout affublé de noir et portant le même masque doré que la dernière fois que je l’avais vu. Gologmolva semblait serein parmi l’armée de gobelins et leur chef. Je vis Chandra serrer le poing en voyant la même chose que moi.
Tout à coup, le roi des gobelins se leva de son siège et avança de quelques pas. Les bourrelets de son ventre frétillaient à chaque fois qu’il mettait un pied devant l’autre.
– Faites entrer l’émissaire ! cria-t-il.
Le silence tomba sur toute la salle. La voix du grand gobelin avait fait écho dans toute la grotte et tous ses sujets avaient maintenant leurs yeux rivés sur leur souverain. Deux gobelins escortaient trois grands Orques, et tandis que le nouveau groupe s’avançait bien en évidence, le roi des gobelins descendit la petite pente au pied de son trône. Gologmolva le suivait comme son ombre.
– Serviteurs d’Angmar et de Lugbûrz, je suis là pour vous demander de vous rallier à nous, annonça l’Orque situé au centre des deux autres.
Il portait une plus belle armure que ses deux compères et devait être l’émissaire dont parlait le gobelin. Ce dernier ne sembla pas aimer les paroles du nouveau venu. Il émit un rugissement avant de répondre.
– Vous osez venir me voir dans mon palais pour me parler de servitude ? Vous prenez les gobelins de Gobelinville pour des IDIOTS !? rétorqua le roi en s’étranglant presque.
– Gobelin, je suis là pour t’inviter au massacre. Le Nord est puissant ! On ne peut ignorer l’appel d’Angmar. Nous abattrons tous les adversaires et ferons disparaître la lumière du soleil.
– Vous parlez de servir l’Angmar, mais l’Angmar est toujours faible. La preuve, vous venez nous demander de l’aide !
Le roi des gobelins partit sur un fou rire incontrôlé. Quelques secondes plus tard, Gologmolva s’approcha de lui et posant une main sur son énorme bras, il lui chuchota quelque chose à l’oreille.
– Déjà ? couina le souverain. Bien ! C’est une bonne nouvelle, je m’impatientais !
Il leva la main vers les trois Orques, et arbora un énorme sourire.
– Vous n’êtes pas les seuls à être venus aujourd’hui me faire l’honneur de votre visite. Nous avons deux jeunes prisonnières qui ne demandent qu’à sortir de leur cachette !
Chandra et Habricotine se redressèrent et se retournèrent rapidement, mais n’eurent pas le temps de dégainer leurs armes. Devant les nombreuses lances qui pointaient maintenant vers elles, elles ne purent que lever les mains en signe de reddition. On les poussa alors sans douceur à rejoindre le point central de la salle et je remarquais que les gobelins n’avaient même pas pris la peine de les désarmer. Elles furent amenées juste devant le roi et se tenaient donc entre lui et les trois Orques. Habricotine s’apprêtait à saluer l’assistance comme il se devait, mais la grande créature reprit la parole avant elle, la coupant dans son élan.

– Maintenant que je suis sûr de ne plus avoir d’yeux qui nous épient, nous allons pouvoir continuer, dit le gobelin en fixant de nouveau des yeux l’émissaire. Finissons-en ! Comme vous l’aurez sûrement compris, nous ne nous mettrons pas à genoux devant l’Angmar. Les gobelins de Gobelinville ne s’agenouillent que devant Lugbûrz !
– Gobelin, ce discours est stupide, reprit l’Orque après quelques secondes de silence où il semblait hésiter entre continuer son argumentaire et exprimer sa frustration devant la situation étrange qui se déroulait à cet instant. Ça ne sert à rien. Nous sommes l’armée d’Angmar. Défier notre puissance et notre force est pure folie !
Une lueur rouge apparut dans les yeux du grand gobelin. Il fit un pas en avant, serrant les poings.
– De la folie ? DE LA FOLIE !? Misérable cloporte ! C’est GOBELINVILLE !
Il ne leva même pas les bras. Les trois Orques furent projetés dans les airs et tombèrent dans le trou béant qui se trouvaient juste derrière nous. Comment avait-il pu faire cela, sans faire bouger d’un centimètre Chandra et Habricotine ?
– Voilà la réponse que j’envoie à l’armée d’Angmar ! dit le roi en repartant vers son trône. Les imbéciles. Ils pensaient commander Ashurz, le Grand Gobelin ! Gologmolva, tu peux t’occuper de ces demoiselles, elles sont à toi.
– Demoiselles, j’vais lui faire voir c’que les dem… commença la Hobbite avant d’être interrompue par Chandra qui posa la main sur son épaule.
– Toujours la parole véhémente, petite Hobbite, dit Gologmolva. Dame Lizeth sait au moins retenir ta langue de vipère, je me demande comment elle s’y prend. Etonnamment, elle réussit là où nous avons tous échoué…
Gologmolva s’approcha de Chandra mais resta à une certaine distance d’elle.
– Comment vont vos blessures, ma Reine ? demanda-t-il. Oh, vos yeux sont bien différents de ceux que vous aviez lors de notre précédente rencontre. Vous avez utilisé le pendentif, n’est-ce pas ?
Chandra continuait de le toiser sans prononcer un seul mot. Je vis qu’elle avait les dents serrées et le regard acéré.
– Vous pouvez rester muette, ça m’est bien égal, déclara alors Gologmolva en faisant un geste nonchalant de la main. Tout se déroule comme prévu, et je suis content du résultat. J’ai bien fait de vous attirer ici.
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
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