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Lizeth Heliandil BG#23

Juste après mon entretien avec Galaenthir, ce dernier a rassemblé tout le monde pour annoncer les dernières nouvelles. Nous étions tous dans la salle commune à sa demande. J’étais en train de discuter avec Kintyra et Eljoying quand il est entré. Je me suis rapprochée de ma sœur tandis que mon autre interlocutrice alla rejoindre les autres officiers auprès du chef.

– Chers frères et sœurs, je tenais tout d’abord à vous remercier pour les efforts que vous avez fournis hier soir pour éteindre le feu. Sans cela, toute la maison aurait pu être touchée. Mais cet incident est sûrement le moins pire de tous. Alors que nous étions sur le point de rattraper les sauvages qui avaient fait cela, Habricotine et moi sommes tombés dans une embuscade. Les bandits du Pays des Collines Vertes nous attendaient au détour du chemin, et ils étaient assez nombreux. Nous avons immédiatement riposté, et nous aurions pu les vaincre sans l’intervention d’un individu encapuchonné.

Tout le monde s’était redressé sur son siège, et certains commencèrent à discuter entre eux, visiblement choqués par ce que Galaenthir venait de dire. Je jetais moi-même un regard en biais à Kintyra.

– Je ne savais pas qu’ils avaient fait une alliance avec les bandits de la Comté, me murmura-t-elle.
– Silence ! cria le chef pour faire taire les membres de la confrérie. Les Semi-Orques avaient manifestement assuré leurs arrières. Habricotine était encore en train de descendre quelques bandits quand le nouvel arrivant s’est approché d’elle et l’a immobilisé d’un seul geste. Je n’ai jamais vu une attaque aussi efficace. Vous connaissez Habricotine, c’est une dure à cuire. Et pourtant, en l’espace d’un instant, elle avait été maîtrisée. Le mystérieux attaquant a crié quelques ordres et ils l’ont emportée. Mais elle pouvait encore parler ! Habricotine m’a hurlé de battre en retraite et de retourner à la maison. Elle m’a aussi fait jurer de tuer tous ces salauds.

Tous les membres restèrent silencieux. Tous reconnaissaient le courage et la détermination d’Habricotine. Elle n’aurait jamais ordonné au chef de fuir si elle n’en avait pas ressenti l’extrême nécessité. Je serrai les poings, ressentant une soudaine envie de vengeance. Mais qui que fut l’adversaire, il était très puissant. Il allait probablement falloir l’aide de nombreux guerriers pour en venir à bout.

– Mes chers amis, ce n’est pas tout. Sauver Habricotine est une priorité, mais nous avons également appris qu’un parent de l’un de nos membres est en ce moment retenu prisonnier par nos ennemis.

Je remarquai le choix judicieux des mots qu’avait fait Galaenthir. Kintyra me prit le bras, elle était comme moi impatiente de savoir ce que comptait faire la confrérie à ce sujet.

– La mère de Rosalynd est captive de la forteresse de Dol Guldur depuis quelques mois, reprit-il lentement. Néanmoins, je préfère avoir la confirmation qu’elle se trouve bien là-bas avant d’organiser une expédition de secours.

C’était à mon tour de me redresser. J’étais abasourdie par ce qu’il venait de dire. Il ne croyait pas un mot de ce qu’avait dit Kintyra au sujet de mère. L’expression sur mon visage devait sûrement être facilement déchiffrable car le chef s’adressa directement à moi.

– J’ai déjà fait envoyer des courriers à mes informateurs en Forêt Noire. Nous serons probablement fixés le temps de retrouver où ils ont emmené Habricotine. Une fois que nous l’aurons arrachée des griffes de ses tortionnaires, nous partirons à Dol Guldur, si ta mère se trouve encore là-bas. Toi et ta sœur serez du voyage, cela va sans dire.

La réunion était alors presque terminée. Galaenthir informa de quelques points supplémentaires, mais je n’écoutais plus. Lorsque nous sortîmes tous de la salle commune, j’étais confuse. Mère subissait probablement encore mille morts tandis que nous parlions, et le chef allait reculer le sauvetage de plusieurs semaines, peut-être d’avantage. Dol Guldur n’était pas la porte à côté, il faudrait sûrement un mois ou deux pour y arriver. Je n’arrivais pas à imaginer mère tenir aussi longtemps. Je craignais le pire.

– Lizeth, allons toutes les deux la sauver, on ne peut pas attendre les autres, me dit Kintyra après nous être isolées. Et si le messager informe ton chef que mère est déjà morte ? Que feras-tu ?
– Kin, nous ne pouvons pas infiltrer Dol Guldur toutes seules, ça serait du suicide. Je suis tout comme toi furieuse envers Galaenthir, mais… il a raison.
– Tu penses que ça serait une perte de temps ?
– Non ! Bien sûr que non ! Mais Habricotine se trouve certainement plus près de nous que mère. Aidons-les à la récupérer, puis ils nous aideront pour mère. Ça sera probablement sur le chemin.
– Ca ne me plait pas…
– A moi non plus, mais nous n’avons pas le choix !

***

Les préparations pour le voyage prirent le reste de l’après-midi. Le départ était prévu le lendemain aux aurores. Après le dîner, je décidai de prendre un peu l’air et de me promener dans le quartier. Kintyra devait rester dans sa chambre et elle avait insisté pour que je la laisse seule. Elle avait besoin de réfléchir à tout cela et était fatiguée. Je l’avais donc laissée.

Je m’approchai d’un petit arbuste près de la place centrale et me mis à retirer ses feuilles, une à une, alors que mon regard se perdait dans l’horizon.

– Rosalynd ? dit une voix derrière moi.

Je sursautai. En me retournant, je vis qu’Amynduilas se trouvait à quelques mètres derrière moi.

– Bonsoir, reprit-il avec un demi-sourire. Je lui répondis d’un hochement de tête silencieux. Nous n’avons pas encore eu l’occasion de nous parler seul à seul, reprit-il après quelques secondes de silence. Difficile depuis l’arrivée de ta sœur et de tout le reste.
– Je ne vois pas de quoi tu veux parler, lui répondis-je, butée. Je pense que nous nous sommes tout dit.
– Non, je ne crois pas.
– Tu ne souhaites plus me former à ce qu’il paraît, annonçai-je en croisant les bras.
– C’est un peu plus compliqué.
– J’ai toute la soirée pour t’écouter, pourquoi ne pas commencer tout de suite.
– Très bien, si tu insistes. Asseyons-nous sur ce banc.

Au lieu de me diriger vers le banc qu’il me montrait, je décidai plutôt d’aller au bord du ruisseau. Il me suivit sans discuter. Je regardais nos deux reflets dans l’eau lorsqu’il commença son histoire :

– Cela fait quelques années déjà que je fais partie des Cavaliers Solitaires, et il s’en est passé des choses. J’ai débarqué chez eux par hasard, et leur philosophie m’a plu. J’ai alors abandonné mes voyages solitaires pour rallier une cause et faire quelque chose qui en vaudrait la peine. Mais aux yeux de tous, je suis resté réservé, et ils ont respecté mon choix. Je savais me rendre utile aux bons moments, je participais aux évènements et à certaines missions. Ça leur allait, et à moi de même.

Il s’arrêta un instant, et me regarda en souriant légèrement.

– Puis tu es arrivée, et dans cette auberge à Duillond il a fallu te sortir du guet-apens dans lequel tu étais tombée. Tu as vraiment été maladroite, excuse-moi de te l’avouer. Cela a cependant touché notre groupe et Thalesir s’est porté volontaire pour aller te voir et te proposer un verre. La situation a dégénéré, comme tu le sais déjà, mais de fil en aiguille, nous avons réussi à te faire aller là où nous voulions et à éloigner les Semi-Orques qui te suivaient. Une fois toutes les choses mises à plat, le chef a vu en toi une certaine détermination, et il a décidé de te faire confiance, t’ouvrant les portes de sa maison.

Son regard se durcit alors un peu. Il soupira avant de reprendre :

– Après la petite blague d’Habricotine, néanmoins, tu as changé. Tout le monde s’est rendu compte que tu étais de plus en plus irritable et impatiente. On sentait que tu voulais à tout prix trouver des indices sur ton père. Tu as donc perdu les pédales lors de cette fameuse mission qui t’a valu une punition dans la Trouée des Trolls. Le chef m’a envoyé avec toi car j’étais moi aussi chasseur, mais aussi parce que je viens de la Forêt Noire, tout comme toi. Il a pensé que je pourrais trouver un moyen de mieux te comprendre.

« Je regardais nos deux reflets dans l’eau lorsqu’il commença son histoire »

Amynduilas marqua une pause. Jusque-là, je n’en avais pas réellement appris plus. Je savais qu’il allait maintenant me dire pourquoi il avait réagi comme cela avec Galaenthir. Cependant, je sentais qu’il était hésitant. Je le voyais réfléchir aux mots qu’il allait prononcer.

– Contre ces trolls de pierres, je… j’ai perdu ma concentration. C’était une grave erreur de ma part.
– Mais, m’exclamai-je soudain, ils nous ont pris par surprise, et…
– Non, j’étais responsable de toi, et j’ai failli nous faire tuer tous les deux.
– Mais où veux-tu en venir à la fin ?
– Je ne veux plus que ça se reproduise !
– Tu as honte de ce qu’il s’est passé ? De ne pas avoir pu m’aider à tuer ces trolls ? Ça n’était pas ta faute.
– Si, ça l’était. Si je n’avais pas été déconcentré, j’aurais pu t’épargner ce que tu as subi !
– Déconcentré ? Mais par quoi ?
– Par toi, Rosalynd. Depuis quelques temps, quand je suis près de toi, je perds tous mes moyens. Et je ne souhaite plus te mettre en danger par mon incompétence.

C’était un lâché de bombe auquel je ne m’attendais pas. Puis tout est devenu limpide. Je me repassais les évènements derniers en tête et même de mon côté cela résolvait quelques énigmes que je me posais. Malgré tout, je ne savais plus quoi penser, et quoi lui dire. Au bout de quelques secondes, je n’eus cependant pas le loisir de lui répondre quoi que ce soit.

– Je ferais mieux de rentrer, déclara-t-il, il se fait tard. Navré d’avoir perturbé ta promenade.
– Mais…

Amynduilas me tournait déjà le dos et rejoignais le chemin. Je restais là interdite, à le regarder partir.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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