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Lizeth Heliandil BG#22

La matinée se termina calmement. Eljoying avait appris ma présence auprès de Kintyra et était venue nous rejoindre. Elle avait écouté en silence le récit de ma sœur que celle-ci avait reformulé de manière moins personnelle.

– La décision de vous garder ici Kintyra ne relève pas de mes pouvoirs, mais elle appartient à Galaenthir, déclara Eljoying au bout d’un moment. Elle paraissait plus calme qu’à son arrivée, ce qui était bon signe. Jusque-là, vous resterez notre invitée, et continuerez à occuper cette chambre. Rosalynd, quant à toi, tu dois aller t’entretenir avec le chef. Il me semble que tu as manqué le précédent rendez-vous.

Elle n’attendit pas ma réponse et quitta la pièce. Un fumé de nourriture entra dans la chambre. Je regardai alors Kintyra et lui offrant un sourire, l’invitait à aller déjeuner.

***

Lorsque j’entrai dans le bureau de Galaenthir après le repas, j’aperçus le chef assis derrière son bureau. Il lisait quelques parchemins répandus sur l’entière surface de la table en face de lui. Il releva légèrement la tête et m’invita à m’asseoir sur l’un des fauteuils tout près de là. Après quelques secondes, il me rejoignit. Il s’installa confortablement près de moi et accommoda les coussins pour se mettre à l’aise.

– Comment vas-tu Rosalynd ? me demanda-t-il
– Tout va bien, chef, et vous ? me risquai-je à dire.

Il me lança un léger sourire, mais son regard restait indéchiffrable.

– Très bien, merci. J’ai noté que tu n’es pas venue hier, tu as eu un empêchement ?
– Ah, euh, j’avais besoin de me dégourdir les jambes et de m’entraîner. A cause de mon pied, j’ai dû ralentir un peu la cadence, mais tout s’arrange, alors je souhaite rester en bonne forme.
– Cela aura de toute évidence permis la capture de l’un de nos attaquants, c’est du bon boulot, Rosalynd. De ce fait, Amynduilas m’a rapporté ce matin ce qu’il a pu apprendre du prisonnier. Et conjugué avec l’histoire qu’a racontée ta sœur, nous ne pouvons que conclure que tu étais leur cible.

Son regard s’assombrit.

– Cela ne fait que confirmer les informations que j’ai pu récolter ces derniers mois, reprit-il après quelques secondes de silence. Il est temps de te dire certaines choses, Rosalynd, et aucune ne te plairont je le crains.

Il attendit encore un peu le temps que je me prépare à la suite. Cette attente me parut durer des siècles. Lorsqu’il reprit la parole, sa voix remplaça le silence et me fit sursauter légèrement. Malgré la matinée passée avec ma sœur, je restai sur les nerfs et prête à tout.

– Peu après ton arrivée, j’ai commencé à rechercher des informations sur toi. Tu me pardonneras d’avoir tenté d’en apprendre plus, mais j’aime connaître à fond les gens que j’invite dans la confrérie. De toutes manières, en savoir plus m’a plus facilement aidé dans mes secondes recherches au sujet de ton père, pour que l’on puisse résoudre les mystères qui l’entourent. Cela a en effet porté ses fruits.

Je mourus soudain d’impatience, mais me rappelai ses précédentes paroles. Aucune des informations qu’il m’apporterait ne me plairaient.

– Nous avons écouté les rumeurs, les ragots, et toutes les histoires que nous avons pu rassembler dans les plus proches régions. Il y a beaucoup de mouvements en Terre du Milieu et il n’est pas aisé de localiser une personne en particulier. Cependant, il se trouve que ton père n’est pas le genre de personne que l’on oublie. Il est en effet très discret, très effacé, mais il a marqué les esprits de ceux qu’il a rencontré. Il est apparemment un excellent bijoutier, il savait les réparer comme il savait en fabriquer à partir de rien, ou presque. Il a donc eu une certaine réputation auprès des femmes et de nombreux récits viennent immanquablement d’elles. Il est cependant difficile de les croire mais lorsque le sujet est le même et qu’il est cohérent en tout point, on ne peut que conclure de la véracité des propos. Dans tous les cas, nous avons appris où exactement il a été vu pour la dernière fois.

J’ai attendu ce moment depuis des années. Avoir une vraie piste sur mon père, savoir à quel endroit il était passé, éveillait en moi un espoir renouvelé, mais en même temps, me sentir un peu plus près du but m’effrayait. Bien qu’il me faudra aller retrouver ma mère et la délivrer de ses bourreaux, m’approcher de la conclusion de ma présence ici me dérangeait. Mais je ne pus me l’expliquer.

– Parfois, on pourrait penser que se trouver proche de son ennemi permet de rester bien caché. Connais-tu la ville d’Aughaire, Rosalynd ?
– C’est en Angmar, il me semble, n’est-ce-pas ?
– Oui, c’est exact. Il y a vécu un moment, gagnant tout juste son pain pour pouvoir s’abriter et se nourrir mais aussi pour avoir le droit de rester. Puis un jour, il a voulu aller vers le nord. On lui a défendu de s’approcher de près ou de loin de Carn Dum, mais il a quand même voulu se rendre dans cette direction. L’un des habitants d’Aughaire, un jeune Trev Gallorg qui s’était sûrement attaché à ton père, est parti avec lui pour le guider à travers les plaines dévastées de Fasach-Larran.  Selon mes informations, ce guide serait rentré seul de ce voyage, quelques jours plus tard. Le malheureux était grièvement blessé et peinait à parler. Mais il a tout de même pu raconter qu’ils avaient été attaqués par un groupe d’Angmarim. Ton père lui aurait crié de fuir, et se serait même interposé entre l’un des individus et lui, recevant à sa place la flèche qui l’aurait sûrement achevé.
– Mon père est donc mort… soufflai-je tout bas.
– Le garçon n’a pas vu ton père mourir, mais il y avait là cinq ou six ennemis entourant son corps. Personne ne sait le fin mot de l’histoire.

Après tant d’années, depuis tout ce temps où il a réussi à échapper des mains et de la vue de ses ennemis, mon père avait failli devant quelques-uns d’entre eux. Je n’arrivais pas à comprendre cette situation. D’après les informations que j’avais apprises sur lui, je m’étais faite une idée du genre de personne qu’il était. Il savait se cacher sans pour autant renoncer à vivre sa vie. Ce n’était pas exactement un héros, mais il avait pu maintenir ce statut pendant 73 ans. Qu’il puisse disparaître comme ça m’était insupportable.

Galaenthir posa sa main sur mon avant-bras pour me consoler. Je me concentrais de toutes mes forces pour contrôler mes nerfs.

– Et ce n’est pas tout, Rosalynd, reprit-il.

Combien de mauvaises nouvelles allait-il encore m’apprendre ? J’espérais seulement que la mort de mon père serait la pire, et que j’allais maintenant pouvoir souffler un peu.

Les plaines de Fasach-Larran en Angmar

– Les Semi-Orques sont à la recherche de quelque chose qui est lié à toi. Certaines personnes dans cette confrérie pensent juste de te protéger et de garder pour eux certaines informations te concernant. Mais je ne serai pas dupe. Ce qu’il s’est passé dans la Vieille Forêt il y a quelques mois, je ne suis pas prêt de l’oublier. Tu as un pouvoir qu’ils n’ont pas, et je donnerai ma main à couper que c’est ça qu’ils veulent. Je ne te force en aucun cas à m’en parler, mais si cela pouvait nous aider à éclaircir certains points, nous pourrions éventuellement profiter de l’avantage de t’avoir parmi nous pour faire pencher la balance de notre côté.
– Je ne souhaite pas en parler ouvertement, Galaenthir, dis-je en me levant. Je ne pense pas que cela puisse résoudre quoi que ce soit, cela attirerait sûrement l’attention, et je préfère rester dans l’anonymat.
– Si tu penses que cela pourrait mettre en danger la confrérie, c’est un peu tard, compte tenu des évènements récents. Tu le sais mieux que quiconque qu’un tel pouvoir pourrait au contraire assurer notre protection et être un atout majeur dans notre combat contre nos ennemis.
– Je ne veux pas en discuter, chef, lui répondis-je, catégorique.
– … Très bien, comme tu le sens.
– Si vous n’avez rien d’autre à me faire part ou à me demander, je vous souhaite un bon après-midi et ne prendrai pas plus de votre temps.
– Rosalynd ? me demanda-t-il alors que j’allais passer le pas de sa porte.
– Oui ? fis-je en me retournant vers lui.
– Je ne souhaite pas que ta sœur Kintyra fasse partie de la confrérie pour le moment. Je n’ai pas encore décidé de son sort à ce sujet. Mais elle restera notre invitée, cela va sans dire. Je te prierai d’être discrète avec les discussions que tu auras avec elle surtout si cela concerne la confrérie. Suis-je bien clair ?

Je me pinçais les lèvres, et compris bien que Galaenthir n’aurait jamais l’intention d’accepter Kintyra chez les Cavaliers Solitaires. Cela remettait aussi en question mon propre statut au sein de la famille. Je sentais bien le malaise que je produisais dans ce groupe depuis le début et surtout depuis que Chandra avait fait son apparition. Elle n’était apparue qu’une seule fois, mais avait certainement déclenché de nombreux rouages.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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