Le lendemain matin, je me réveillai épuisée. Toute la nuit je n’avais pas arrêtée de me retourner dans mon lit, la conscience mauvaise et le cerveau en ébullition. Je ne sentais pas de regrets pour ce qu’il s’était passé dans la cave et ce constat ne me fit pas changer d’avis. Je ressentais un poids à la poitrine que je n’arrivais pas à expliquer. Les plus petites choses semblaient m’irriter et ma mauvaise humeur ne tardera sûrement pas à être détectée par les autres membres de la confrérie. Ce n’était pas une bonne nouvelle.
Je me dirigeai vers la chambre d’invité. J’avais estimé juste de laisser ma sœur se reposer mais il était maintenant temps d’aller la voir afin de remplir les blancs qu’elle avait semés sans grande discrétion.
– Entrez, l’entendis-je dire depuis l’intérieur de la pièce.
J’ouvris la porte et la trouvai assise devant un miroir. N’ayant aucun bagage, elle portait encore ses vêtements de la veille. Elle avait au moins pu se débarbouiller le visage grâce à une vasque que Menillian avait dû lui apporter.
– Lizeth ! Tu viens enfin me voir ! s’écria-t-elle en se levant et en venant à ma rencontre.
Je ne réussis pas à échapper à son étreinte. La chaleur et l’odeur de son corps raviva quelques souvenirs que je pensais oubliés.
– C’est si bon de te revoir ! avoua-t-elle en enfouissant sa tête dans mes cheveux.
– Oui, je le pense aussi… ne trouvais-je rien d’autre à répondre.
Une fois ce moment intime terminé, Kintyra me relâcha et en s’écartant elle me regarda de la tête aux pieds.
– Oh Lizeth, regarde-toi ! Tu parais en pleine forme ! Je suis si contente que tu sois en vie !
Sa première phrase était de la pure gentillesse, car je sentais les énormes poches que j’avais sous les yeux. La seconde, en revanche, m’alarma.
– Que veux-tu dire par là ? lui demandai-je alors.
– Ils ont dit que tu avais été exécutée, j’ai eu si peur que ça soit le cas, mais je le savais ! J’ai senti qu’ils me mentaient.
– Ils ne t’ont pas menti, Kin, c’est exactement ce que je voulais qu’ils croient, lui expliquai-je. Assieds-toi, je pense que nous avons beaucoup à nous raconter.
J’avisai un fauteuil à côté de la table et m’y assis confortablement. Ma sœur jumelle me raconta alors ce qu’il s’était passé depuis mon départ il y a de si nombreux mois.
Le fait que je parte avait abattu notre mère. Elle avait peu à peu sombré dans la mélancolie et avait commencé à parler de Valinor. Cette nouvelle m’attrista grandement, mais j’avais entrepris ce voyage pour trouver des réponses que je n’aurais pu obtenir en restant au village. Un peu moins de six mois après avoir quitté la Forêt Noire, des individus étranges commencèrent à s’installer dans le coin et à s’immiscer dans les affaires des gens. Ils étaient à la recherche de quelque chose et avaient posé tout un tas de questions aux habitants. Ils n’avaient pas tardé à frapper à notre porte. En les voyant, ma mère n’avait pas supporté la résurgence de vieux souvenirs. Elle s’était effondrée, au bord des larmes, et si Kintyra ne s’était pas trouvée là pour congédier rapidement les visiteurs et consoler notre mère, son état aurait très certainement empiré.
Je ne savais pas si ma sœur me racontait tout cela en ces termes pour me faire culpabiliser d’être partie. Ce qui était certain, c’était que Kintyra aussi avait sûrement souffert.
– Je suis navrée de ce qui est arrivée à mère, mais il fallait que je parte. Je n’étais pas à ma place à la maison, je devais trouver les réponses à mes questions, trouver notre père…
– Et tu l’as retrouvé ? As-tu trouvé les réponses que tu cherchais ? me coupa-t-elle assez sèchement.
– Kintyra, cela fait soixante-treize ans qu’il nous a quitté. Je n’allais pas le retrouver au détour du premier chemin.
– As-tu au moins trouvé un indice le concernant ?
– C’est une certitude que des Semi-Orques sont à sa recherche, ils ont cherché à m’empêcher de suivre sa trace.
– Des Semi-Orques, il y en a partout, et…
– Kintyra, l’interrompai-je à mon tour, pourquoi insistes-tu autant à en apprendre plus sur le résultat de mes recherches ? Tu n’as jamais eu le moindre intérêt à ce sujet, tu me l’avais bien fait comprendre.
– Laisse-moi continuer mon histoire, et tu le sauras.
Elle avait le regard dur, le même qu’avait mère lorsque nous avions fait une bêtise. Je compris qu’elle avait dû la remplacer en quelque sorte depuis ces longs mois.
– Les individus sont revenus quelques jours plus tard. Je leur ai ouvert moi-même et ils ont été plus insistants et bien plus clairs sur leurs intentions que la première fois. Ils voulaient savoir si notre père était revenu ou s’il nous avait contactées.
– Et que leur as-tu répondu ?
– La vérité ! Qu’il n’avait jamais daigné se manifester depuis notre naissance. Ils étaient quatre. Ils se sont concertés un instant puis ont observé les alentours. Tu sais bien que notre maison est à l’écart des autres habitations, alors ils ne craignaient pas d’être vus pour ce qu’ils avaient l’intention de faire !
Je restai interdite, et devinai avec aisance la suite. Je l’encourageai cependant à continuer.
– Le premier me prit totalement au dépourvu et m’immobilisa contre le chambranle de la porte tandis que les trois autres s’engouffrèrent à l’intérieur de notre maison. Ils ont tout saccagé, tout retourné. Ils étaient manifestement à la recherche de quelque chose chez nous. Quelque chose qu’ils n’ont pas trouvé. C’est alors qu’ils sont entrés dans la chambre de mère. Elle était en train de se reposer, mais elle avait dû être réveillée par tout le vacarme. Ils l’ont ramenée dans l’entrée. Elle était terrorisée. Quelques minutes plus tard, ils ont décrété qu’ils n’avaient plus rien à faire ici. Mais, tu vois, ils ne nous ont pas laissées là. Ils nous ont emmenées avec eux.
Mon cœur fit alors un bond dans ma poitrine.
– Ils nous ont emmenées dans cette forteresse, au Sud de la Forêt Noire.
– Dol Guldur …
– Oui, c’est bien là. Lizeth, ils nous ont torturées ! Enfin, c’est ce qu’il m’est arrivée. On nous a séparées, mère et moi, dès notre arrivée.
– Kin…
– J’ai été alors forcée de raconter que tu étais partie. Je ne savais pas quoi faire d’autre pour que la douleur s’arrête…
– Mais ils ont cru que j’étais morte. Ils sont venus et m’ont vu mourir !
– C’est ce qu’ils ont dit après avoir reçu les nouvelles de ceux qui avaient été envoyés. Mais ils ont recommencé à me torturer, ils étaient certains que je leur apporterai ce qu’ils cherchaient.
– Et c’est à ce moment que tu leur as dit que j’étais vivante ? Tu m’as dit que tu l’avais senti ! Tu le leur as dit ?
– Je voulais te protéger, je te le jure ! Ils m’ont fait boire tout un tas de breuvages pour affaiblir mon esprit. J’ai été contrainte de leur avouer la seule chose que je savais.
Je me levai du fauteuil et allai vers elle. Je la fis se lever et la pris dans mes bras. A présent que je savais tout, je me sentais terriblement désolée pour toutes les épreuves qu’elle et mère avaient endurées. Être restée n’aurait peut-être pas changé grand-chose, mais Kintyra n’aurait pas eu à vivre ça sans moi.
– Ils m’ont emmenée avec eux pour retrouver de nouveau ta trace, me menaçant qu’ils tueraient mère si je ne les aidais pas dans leurs recherches. Ils sont très puissants, Lizeth, et je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils nous veulent.
Je continuai à la réconforter pendant de longues minutes. Je savais à présent quoi faire. Je devais sauver notre mère de leurs griffes. J’allais venger ma famille et obliger leur chef à me révéler leurs desseins.
Mais j’allais avoir besoin du soutien de mes frères et sœurs.
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
La suite va être dur à écrire Lizy, mais je suis toujours fan de ton écriture 😉