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Lizeth Heliandil BG#1

Les flammes crépitaient, rouges comme le sang et jaunes comme l’or. Située à idéale distance, je pouvais profiter de leur chaleur et de leur lumière au cœur de l’obscurité nocturne. J’avais encore quelques lieues à parcourir avant d’arriver à Celondim, et je préférais passer une bonne nuit avant d’entrer en ville. Mon petit campement se trouvait dos à une falaise et était au sommet d’une pente douce, si bien que je pouvais voir quiconque tentait de me rejoindre ou de me tendre une embuscade. J’avais disposé çà et là des branchages secs qui serviraient de sonnette d’alarme pendant mon sommeil et quelques arbustes alentours aidaient aussi à me protéger de la brise de l’Ered Luin, ce qui n’était pas du luxe dans cette partie de la région.

Je me mis à l’aise, un tapis de feuilles en guise de matelas, et mon sac de voyage faisant office d’oreiller. Les lits de la Forêt Noire étaient bien loin à présent, et leurs souvenirs s’étaient estompés depuis plusieurs semaines déjà.

Un éclat doré attira mon attention. Je tendis la main, et pris ma besace. Mes maigres possessions s’y trouvaient, et hormis les quelques pièces d’argent et de bronze, elles étaient les seules qui pouvaient encore me rattacher à ma région natale, Emyn Lûm.

Je pris le médaillon en or par la fine chaîne qui dépassait de la pochette avant. Je soupirai quand je l’ouvris. A l’intérieur on pouvait voir le portrait de deux femmes.

Celui de droite était celui d’une jeune fille aux cheveux d’or, le regard espiègle et le sourire large et innocent. Elle était mon aînée de quelques minutes, ma sœur jumelle, Kintyra.

La femme de gauche, cependant, avait des yeux sages et une expression sereine. Ses cheveux, blond également, tendaient à présent sur l’argenté. Son nom était Solriana Heliandil, et tenait le rôle d’érudite. C’était aussi ma mère.

Une certaine nostalgie m’emplit, mais les larmes ne venaient pas. Je pense en avoir épuisé toutes les sources. Seule restait la mélancolie.

A l’intérieur on pouvait voir le portait de deux femmes

Ce voyage n’était peut-être pas une bonne idée, après tout. Mais j’étais arrivée si loin, et je crois enfin être sur une bonne piste. Le médaillon que je tenais entre les mains était un cadeau de naissance de mon père, et c’était le seul objet et indice que j’avais de lui. Ma mère ne me parlait jamais de lui, car il était parti, sans un mot un humide matin d’hiver, peu après notre mise au monde à ma sœur et à moi. J’avais pris le pendentif le jour de mon départ. Certains parleront de fuite, mais ça m’était bien égal.

La vérité était que je ne me sentais plus chez moi à Emyn Lûm pour plusieurs raisons.

La première était la disparition de mon père, car je ne croyais pas un mot de l’histoire de ma mère. D’après ce que j’avais pu entendre çà et là, mon père était avant notre naissance quelqu’un de fier mais loyal envers la communauté. Il avait peu d’ennuis dans son travail de forestier et était apprécié de ses voisins. En revanche, il était vrai que personne ne savait ce qu’il faisait avant de rencontrer ma mère mis à part le fait qu’il avait appris les bases de sa vocation en Ered Luin. Mais lorsqu’il était parti, les rumeurs avaient commencé à se répandre comme un feu de forêt, et ma famille, qui était jusque-là respectée, fut méprisée. Depuis aussi loin que je puisse me souvenir, nous étions la majorité du temps la proie aux regards inamicaux et le sujet de murmures et de ragots. Ma mère supportait assez mal cette situation, c’est pourquoi elle ne parlait pas de lui. Elle s’était rapprochée de sa tante, qui tenait la salle des archives, et s’était isolée petit à petit, derrière les piles de parchemins qui ne cessaient d’affluer.

La seconde raison était un peu moins commune. Ma sœur et moi étions, du fait de la réclusion de notre mère, toujours ensemble, et n’avions que peu de contacts avec les autres enfants. Kintyra avait beaucoup de talent pour la musique, et moi, j’aimais avant tout la chasse. Je poursuivais des bêtes que nous trouvions toute la journée et ma sœur me suivait avec son luth et animait nos séances de poursuites sur des notes épiques.
Mais un jour, Kintyra et moi nous sommes un peu trop enfoncées dans les environs de notre village et sommes tombées sur un nid d’araignées géantes ! Kintyra s’était approchée de l’arbre le plus proche et s’était préparée au combat. Je me souviens avoir bandé mon arc et décoché une flèche vers l’araignée la plus proche. La flèche s’était alors plantée dans la souche qui se trouvait près du monstre. J’étais tellement surprise d’avoir manqué mon coup que je n’avais pas compris que j’étais en fait terrorisée par ces araignées. Ma sœur avait déjà commencé à jouer de son instrument pour nous protéger, mais je l’ai arrêtée en lui prenant le poignet et l’ai entraînée dans notre fuite.
Je ne me suis jamais remise de la honte et ai depuis lors horreur de ces créatures. Je fis des cauchemars toutes les nuits pendant des mois, et ma sœur passait une grande partie du temps me réconforter. J’étais une chasseuse qui avait peur des araignées ! Par la suite, il m’a été extrêmement pénible de cacher ce détail à mes collègues chasseurs. Je ne prenais jamais les missions de traque, de peur de tomber nez à nez avec l’une de ces créatures et de mettre en danger mon groupe.

Nous sommes tombées sur un nid d’araignées géantes !

J’ai alors commencé à me répéter encore et encore que cela ne pouvait plus durer. Je ne trouvais aucun sens à ma vie, et tournait en rond, jour après jour. Il fallait que je fasse quelque chose ! Et puis je suis tombée sur le médaillon de mon père alors que je faisais le ménage dans notre maison. Je suis partie, me persuadant que c’était dans le seul but de le retrouver. Consciente des conséquences de mes actes – attirer de nouveau les regards désapprobateurs sur ma famille, ce que ma mère avait tant travaillé à éviter – j’ai pris le médaillon et la fuite en direction du port de Celondim, dans l’espoir de rencontrer une personne qui aurait pu connaître mon père, pour en apprendre plus sur lui et savoir où commencer les recherches.

J’étais si près de cette ville, et pourtant, ses tours éclairées au loin m’intimidaient, moi, Lizeth Heliandil, Chasseuse – sinon chassée de plein gré – de la Forêt Noire.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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