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Lizeth Heliandil BG#92

Le vent soufflait tout autour de moi, gentiment. C’était une petite brise matinale agréable qui sentait bon les pins. L’air et les oiseaux, la faune locale, des centaines de sons connus, rassurants. Des bruits de pas me firent sortir de l’état second où je me trouvais. Ils venaient d’un peu plus loin. Je me levai et m’approchai d’un précipice. En contrebas, je vis les restes d’un feu de bois qui terminait de se consumer. L’endroit me rappela vaguement quelque chose. Lorsque je vis quelqu’un sortir d’entre deux arbustes, je m’accroupis, la main à la ceinture. Puis aussi doucement que possible, je me mis à plat ventre et rampai vers le bord. En bas, je me vis en train de préparer un sac de voyage. Tout près, un grand Elfe aux cheveux d’argent.

– Tout va bien, Rosalynd ? entendis-je tout à coup.
– Oui. J’ai cru qu’on nous observait. Ça devait être un animal.

Rosalynd ? Était-ce là un de mes souvenirs ? L’Elfe tourna la tête et je pus voir son visage. Il s’agissait de Dirvrelleth.

– Il est temps que l’on rentre à la maison, un peu de civilisation nous fera le plus grand bien, dit-il.
– Je te signale que c’est toi qui a insisté pour que nous restions plus longtemps ici, répondit Rosalynd, la voix pleine de reproche. La punition a assez duré, non ?
– Ne sois pas si amère, Rosalynd, gronda le Chasseur. Galaenthir m’a donné carte blanche pour que je m’occupe de toi. Tu as fait des progrès depuis trois semaines.
– Peut-être, mais je ne suis pas une enfant.
– Ah non ?

Je le vis faire un sourire en coin. Quant à cette Rosalynd, elle faisait une moue réprobatrice, et après avoir levé les yeux au ciel, elle reporta son attention sur les bagages. Tout à coup, un bruit de branches retentit dans les fourrées. Rosalynd et Dirvrelleth préparèrent leurs arcs, prêts à agir. Il n’était pas difficile de comprendre que la situation allait bientôt tourner au vinaigre. Amynduilas n’était certes pas là, et bien entendu, la conversation était bien différente à présent, mais j’étais maintenant à l’affût de l’arrivée des trois Trolls. Mon cœur s’accéléra.

L’attaque ne fut pas aussi surprenante que dans mon souvenir. Les deux Chasseurs étaient parfaitement concentrés, et ils n’eurent aucun mal à esquiver les premiers assauts des arrivants. Que dire de plus si ce n’est que du début à la fin, ils frappèrent vite et bien, même si parfois je voyais qu’ils hésitaient sur la prochaine action à faire. Le dernier Troll, celui qui semblait le plus intelligent, remarqua cette petite désynchronisation et en profita. Dirvrelleth fut projeté en arrière et il se réceptionna juste au bord du précipice. Les pierres cédèrent sous son poids et il commença à glisser dans le vide. Rosalynd sauta alors sur le dos du Troll et enfonça sa dague dans le cou du monstre, à de nombreuses reprises, jusqu’à ce que ce dernier s’écroule, mort. Puis elle se précipita au bord du gouffre et avant que Dirvrelleth ne lâche prise, elle l’aida à remonter sur la terre ferme.

– Tu n’as pas assez protégé ton flanc, Dirvrelleth, heureusement que j’étais là !

Qu’est-ce que c’était que cette arrogance qui sortait de sa bouche ?! Rosalynd gardait un regard hautain et fier tandis que Dirvrelleth se redressait.

– Oui, heureusement que tu étais là !

Dirvrelleth tentait de cacher l’exaspération qu’il ressentait. Je ne pouvais qu’être d’accord avec lui. Que m’était-il arrivé pour que je sois aussi désagréable ?

Je repensai au moment où j’avais demandé après Amynduilas, et où personne ne semblait en avoir jamais entendu parler. Même Moela, pourtant son amie la plus intime, avait nié le connaître. L’idée que la destruction du pendentif dans ma réalité ait eu la conséquence d’effacer l’existence d’Amynduilas dans toutes les autres m’avait terrorisé. Et, après avoir vu la réminiscence de ma retraite dans la Trouée des Trolls, je me rendais compte que cela avait eu probablement de terribles répercussions sur mon comportement.  Je me rappelais très bien la retraite que j’avais passée avec lui. Cela avait été un véritable choc, mais j’avais fini par apprendre à canaliser ma colère. Là, j’étais définitivement hors de contrôle. Je n’oserais jamais contester les méthodes de Dirvrelleth, car je ne l’ai jamais vraiment connu, mais il avait vraisemblablement échoué dans la mission qu’on lui avait confiée. Sans Amynduilas, j’avais commencé à dériver et à quitter le droit chemin qu’il avait tracé pour moi.

Je finirais par mépriser les autres membres de la confrérie et irais en courant dans les bras de Gologmolva. Oh, par Manwë, j’étais réellement devenue un monstre dans cette réalité.

***

Je me réveillai en sursaut, couverte de sueur. J’étais sur une paillasse à même le sol, dans une cellule humide. Je me mis à genoux et me pris la tête dans les mains. Je criai de désespoir en fondis en sanglot.

– Non, ça ne peut pas être vrai, non, non… scandai-je en pleurant.

***

Les jours passèrent, et j’en perdis le compte. Je restais prostrée sur ma paillasse, ne touchais à aucun des repas qu’on avait déposé près de la porte. J’avais fait d’autres cauchemars, avais eu d’autres réminiscences. Peu à peu j’avais sombré dans les ténèbres, et je ne pouvais être que spectatrice des horreurs que j’avais perpétrées. J’avais tué Galaenthir et Legalus, j’avais également assassiné cette jeune Elfe, Cellebiel, alors qu’elle tournait autour du groupe dans la Forêt Noire. Mon pendentif s’était alimenté de toute cette violence, et mes pouvoirs s’étaient considérablement accrus. J’avais un respect immense pour Gologmolva, qui m’avait révélé être un esprit qui avait pris possession du corps de mon père. Et malgré toutes les cachotteries, j’avais adoré son plan. Puis nous avions capturé les Cavaliers Solidaires, ou ce qu’il en restait, et avant qu’on nous arrête, j’avais égorgé Dirvrelleth. J’avais senti le goût du cuivre dans ma bouche, puis m’étais réveillée pour me rendre compte que je m’étais mordue la langue jusqu’au sang.

Je méritais mon sort, j’étais devenue l’ennemie, il fallait bien que je paye pour mes actes.

Mon esprit était embrouillé, par le manque de sommeil, par le manque de nourriture, par ces affreuses images, ces sensations de haine contre moi-même, et contre les autres. Dans un moment de lucidité, je me surpris en train d’arracher mes cheveux, un à un. Pourquoi suis-je en train de lutter ? Pour la justice ? Pour rétablir la vérité ? Pour … comment s’appelle-t-il déjà ?

– S’IL-VOUS-PLAIT, QUELQU’UN !!!! hurlai-je soudain. 

Je m’étais précipitée contre la porte, et tentais de la tambouriner le plus fort possible. Oh, par Manwë, je suis si faible. Je me rendis compte que j’avais retourné mon repas en allant vers la porte. Je me mis à quatre pattes et essayai de trouver les morceaux de nourriture. Tout avait un goût de poussière. Non, non, non, je dois me souvenir, je dois me souvenir de lui. Aidez-moi…

Je sombrai dans une torpeur indéchiffrable.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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