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Lizeth Heliandil BG#72

– Donc, tu n’étais pas là quand le village a été détruit, dis-je sur un ton qui ne se voulait ni déclaratif, ni interrogatif.

Amynduilas s’était également relevé et se tenait à côté de moi, prêt à intervenir. Il était vrai qu’Elidrir nous avait pris pour cible, et cela ne lui ressemblait pas. La surprise était peu à peu remplacée par la méfiance.

– Il semblerait que tu connaisses cette personne, Lizeth, dit Amynduilas.
– Oui, répondis-je, distraite. Il répond au nom d’Elidrir, c’est l’un des habitants du village.
– Cela te gêne apparemment de faire les présentations correctement, déclara Elidrir, en faisant un geste désinvolte de la main.

Il n’avait pas tort en disant cela, bien que je ressentisse une pointe d’agacement pour ce qu’il avait fait, et la sensation allait en s’intensifiant.

– Lizeth et moi nous connaissons depuis de nombreuses années, expliqua-t-il à Amynduilas. Nous sommes amis, de très bons amis même. Nous avons grandi ensemble.
– Drôle d’accueil pour de très bons amis, alors. Il fait souvent ça ? m’interrogea le Chasseur en ne détournant pas les yeux d’Elidrir.

J’hésitais. Elidrir avait toujours été spontané, réagissant au gré de ses envies, mais il savait cependant se retenir quand il le fallait. Néanmoins, je ne détectais aucun signe de méchanceté dans son regard. Ses actes résultaient d’autre chose.

– Non, finis-je par dire. Elidrir est mon meilleur ami, en effet. Si l’on met de côté son entrée fracassante, je suis… à vrai dire, je suis soulagée de le voir en vie.

Je me détendis, essayant de calmer mon irritation et j’espérai qu’Elidrir en fît de même. Au bout de quelques secondes, je vis ses muscles se relâcher. Nous allions pouvoir repartir du bon pied. Elidrir rangea ses runes dans sa bourse tandis que je laissai de mon côté ma dague au fourreau. Au bout de quelques secondes assez gênantes durant lesquelles nous nous toisâmes du regard sans savoir quoi faire ensuite, Elidrir fit un pas en avant, et soupira, étirant les lèvres en un léger sourire. Il ouvrit les bras, m’invitant à le rejoindre.

– Je suis aussi très heureux de te revoir, Liz, dit-il.

Je soupirai à mon tour, levant les yeux au ciel et m’avançai vers lui. Quand il me prit dans ses bras, je remarquai qu’il était gelé. Et pourtant, il ne tremblait pas.

– Oh, Eli, j’ai cru que tout le monde était mort, que s’est-il passé ? lui demandai-je, le menton encore collé à son épaule.
– C’est une longue histoire, me répondit-il simplement.
– Eh bien, je souhaite l’entendre, m’exclamai-je en reculant un peu.

Aussi difficile que cela puisse être, je tenais réellement à avoir sa vision des faits. Elidrir était toujours le premier et le meilleur pour raconter des histoires plein de détails croustillants. Kintyra l’adorait et je trouvais également agréable d’être en sa compagnie. Assez vite, ma sœur avait fini par succomber à ses charmes, et ils passaient beaucoup de temps ensemble. Le Gardien des Runes insistait cependant toujours pour m’inclure dans leur petit groupe, et cherchait toujours de nouvelles activités à faire tous ensemble pour ne pas me mettre mal à l’aise ou me tenir à l’écart. Il m’avait beaucoup soutenu après l’épisode du nid d’araignées, et c’est à partir de ce moment que je l’ai considéré comme mon meilleur ami. Rien ne pouvait séparer notre trio, et cela dura jusqu’au moment où j’ai quitté le village. Il devait m’en vouloir d’être partie, et je comprenais mieux maintenant qu’il puisse ressentir de la colère.

– Il y a quelque chose que je voudrais faire avant qu’il ne soit trop tard, avoua-t-il.
– Comment ça, trop tard ? lâchai-je, perplexe.
– Au point où j’en suis, je ne risque rien. Ton petit ami ne va pas apprécier, ceci-dit.

Elidrir ne me laissa pas le temps de répondre ou d’objecter. Il prit mon visage entre ses mains et en une fraction de seconde je compris ce qu’il allait faire. Consciente que je n’aurais pas le temps de le repousser, je m’attendis au contact de ses lèvres contre les miennes. Le moment d’après, je m’étonnai de penser que ça n’avait pas été aussi brutal que j’espérais – étant donnée la situation de surprise. Un frisson me parcourut le dos, et je ne sus dire si c’était dû à ses mains et ses lèvres froides, ou bien à autre chose. Au bout d’un temps que je pus mesurer, il se recula alors que je reprenais de mon côté l’usage de mon corps et pus enfin repousser ses avant-bras. Juste avant qu’il n’affiche un petit sourire de satisfaction, je crus cependant percevoir une infime lueur de tristesse dans ses yeux.

– Et donc, pour l’histoire… commença Elidrir.

Je le giflai, offusquée. Comment osait-il se comporter ainsi dans une telle situation ? Etait-ce la jalousie qui le motivait ? Je pensai à ma sœur, et ne compris pas comment il pouvait la trahir de la sorte. Ne cherchant pas plus loin, je fis un geste de la main pour couper court à toute future conversation, et secouai la tête, montrant un air de déception avant de tourner les talons et de me diriger vers le chemin menant vers le village.

Amynduilas me rattrapa et me retint en posant une main sur l’épaule.

– Désolée, murmurai-je en m’arrêtant.
– Pour quoi ? me demanda-t-il.
– Pour la scène qui vient de se passer, répondis-je en me tournant vers lui.
– C’est lui qui devrait s’excuser, alors.
– Je sais. Mais je sais aussi qu’il ne le fera pas.
– Je commence à cerner le personnage.
– Non. Il n’a jamais été comme ça.
– Nous devrions retourner voir les autres et nous reposer. On lui posera toutes les questions dont nous avons besoin demain matin.
– Oui, tu as raison, je suis fatiguée.

Nous étions presque arrivés au village quand Elidrir, qui nous avait suivis jusque-là, prit congé.

– J’ai mon campement un peu plus loin dans la forêt. Je n’ai pas très envie de rester près des ruines, vous comprenez ?
– Où est-il ? lui demandai-je. Au cas où nous aurions besoin de te retrouver.
– Quelle confiance ! s’exclama-t-il. Il est par là. Vous deux êtes des Chasseurs, vous me retrouverez facilement. Allez, on se voit demain !

Il s’éloigna en faisant un signe de la main. Je restai quelques secondes à contempler son dos, plongée dans mes pensées. Il y avait quelque chose d’étrange, mais je n’arrivais pas à voir ce que c’était. Je soupirai, puis me retournai vers Amynduilas.

– Retrouvons les autres, ils se demandent sûrement où nous sommes, déclarai-je, en prenant les devants.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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