Ils étaient une dizaine, armés jusqu’aux dents, mais j’en sentais d’autres, cachés dans l’ombre et dans les niveaux supérieurs. Les spécimens les plus proches nous regardaient en ouvrant de grands yeux globuleux injectés de sang et en émettant des sons dont le sens m’échappait toujours. Entre le moment où Chandra avait prononcé sa phrase d’avertissement et celui où ils attaquèrent, une éternité sembla se dérouler devant mes yeux. J’avais mis un certain temps à réaliser que Chandra avait de nouveau ralenti le temps.
– Lizeth, quelque chose ne va pas. D’habitude, je n’ai aucun souci à puiser mon énergie dans la tienne.
Elle ne parut pas gênée d’annoncer qu’elle se comportait avec moi comme un parasite. De mon côté, le processus ne m’était bien évidemment pas étranger, et je l’invitai à poursuivre son explication.
– Je ne sens plus le lien avec le collier, c’est… étrange, continua-t-elle. Dans ce cas, ça risque d’être légèrement plus compliqué.
– En quoi puis-je aider ? proposai-je, consciente que Chandra ne me consulterait pas si elle n’en avait pas l’intérêt.
– Ils sont trop nombreux, et je ne pourrai pas attaquer sur plusieurs fronts. Il est temps que tu apprennes à maîtriser ta forme éthérée.
J’étais prête à tout entendre, compte tenu de la situation, mais j’avais tout de même de la peine à croire qu’en tant qu’esprit je puisse avoir un quelconque pouvoir sur les choses matérielles. J’étais de toute évidence invisible aux yeux des gobelins mais l’idée de les surprendre ne me déplaisait pas.
– Comment dois-je faire ? lui demandai-je.
– D’abord, oublie cette idée de ne pas pouvoir les toucher, j’arrive encore à deviner ce à quoi tu penses, et tes pensées négatives me désolent.
Chandra se montrait vraiment comme un être exécrable quand elle avait le contrôle de mon corps, mais je décidai de prendre sur moi, d’autant plus que je voulais me rendre utile en tuant quelques cibles.
– Ne t’enflamme pas, Lizeth. A ton niveau, tu ne pourras pas les tuer. Essaye déjà de les bloquer, nous gagnerons du temps.
Je haussai un sourcil, étant persuadée qu’elle avait les mots parfaits pour démoraliser les plus motivés. Au même instant, peut-être pour me faire revenir à la réalité, le temps reprit son cours, et deux des gobelins chargèrent. Je me concentrai, loin d’être sûre de la démarche à suivre pour réussir à les bloquer. Je levai devant moi les bras et sentis un terrible frisson me transpercer le corps lorsqu’ils me passèrent au travers. Je n’aimais pas du tout la sensation, mais quand je me retournai, je vis que les deux gobelins s’étaient arrêtés dans leur élan et étaient en train de s’interroger du regard. Je ne les avais pas bloqués, mais ils avaient dû me sentir. Chandra en profita pour se précipiter vers l’avant et en tuer un avec sa dague avant de donner un violent coup de coude au deuxième. La pauvre créature tomba à terre, se tenant la tête dans les mains, et gémissant de douleur.
– TU APPELLES CELA UN BLOCAGE ? me cria-t-elle tout en prenant l’arme du gobelin mort. Tu es plus qu’un fantôme Lizeth, je sais que tu peux faire mieux que ça !
Elle acheva le second gobelin et se retourna à temps pour parer la massue d’un nouvel assaillant. Je me précipitai à ses côtés et me concentrai de nouveau pour l’aider. Cette fois, le résultat fut meilleur : j’empêchai un gobelin de frapper Chandra et réussis même à lui faire lâcher son arme.
– Chandra, pourquoi n’utilises-tu pas la magie du feu ? l’interrogeai-je alors.
– En tant qu’esprit, j’aurais pu…
– Je suis capable de le faire alors ? la coupai-je en gardant les yeux rivés sur ceux que je bloquais.
– Non, non, non. Tu épuises tes pouvoirs rien qu’en maintenant ces quatre là en place, commenta Chandra en continuant à décimer nos ennemis. Tu es encore loin de les faire flamber.
Je ne pus pas dire à ce moment là que mon sang bouillit dans mes veines. A la place, je sentis plutôt une sorte d‘explosion d’énergie. L’air autour de moi commença à vrombir, brouillant par la même occasion mon champ de vision. Je vis les gobelins hésiter un instant, et je sus qu’ils voyaient ce que j’étais en train de faire. Évidemment, il ne voyaient pas ce qui provoquait le phénomène, ce qui ajouta à leur perplexité, et provoqua en moi un sentiment de fierté. Je pouvais sentir l’étendue de ce champ de force et eus la soudaine envie de le projeter contre mes adversaires.
Comme je l’aurais fait avec la corde d’un arc, je bandai ma volonté et la concentrai sur la surface de ma bulle de pouvoir. J’utilisais une puissance considérable et en ressentis bientôt les conséquences. Chandra avait raison quand elle disait que j’épuisais mes pouvoirs. Ayant atteint ma limite, je relâchai la tension. La vague d’énergie balaya tout sur son passage, et bien plus que je ne l’aurais cru. En effet, le souffle fit voler en éclat toutes les constructions en bois léger qui se trouvaient dans la zone. Les gobelins les plus proches furent projetés dans les airs et dans le décor. La destruction du “mobilier” atteignit également d’autres curieux plus loin et certains tombèrent dans le vide et vinrent s’écraser autour de nous.
Par réflexe, je m’étais recroquevillée sur moi-même, les bras au-dessus de la tête, surprise par le fracas de mon attaque. Lorsque je me relevai, le silence était retombé, et j’eus du mal à croire que j’avais fait ça. A côté de moi, Chandra était couchée sur le sol, et avait utilisé le corps d’un gobelin pour se protéger des pieux de bois qui avaient volé dans toute la pièce. J’en remarquai un particulièrement gros en plein milieu de l’abdomen du bouclier de Chandra.
Cette dernière se releva lentement, l’air sonnée. Je ressentis alors tout à coup une grande lassitude. J’avais l’impression de flotter d’avantage et ça ne me rassura pas. Chandra me regarda avec une expression sévère.
– Par tous les dieux, Lizeth, tu cherches à nous tuer ? Qu’est-ce que c’était que ça !?
Elle s’était rapprochée de moi et je vis très bien à quel point mes yeux verts s’étaient assombris. Cependant, il n’y avait pas que de la colère dans son regard. Une étincelle y brillait. Avait-elle été impressionnée ?
– Balancer toutes tes forces en un seul coup, mais as-tu perdu la raison ? continua-t-elle de vociférer.
De toutes évidences, elle n’avait peut-être pas été si impressionnée que ça, et Chandra était de nouveau en train de me passer un savon.
– Veux-tu disparaître pour de bon ??? l’entendis-je dire alors d’une voix presque cassée.
Chandra avait eu peur pour moi. Par Manwë, c’était donc ça. Je reculai d’un pas, et j’eus honte de moi. Alors que je me rendais compte de la gravité de la situation, nous entendîmes du bruit sur notre droite.
– Rosalynd ? émit une petite voix.
De derrière les décombres d’une porte, à présent partiellement en dehors de ses gonds, nous vîmes apparaître à la lueur des flammes une silhouette frêle qui s’aidait du chambranle de la porte pour rester debout. Ses vêtements en lambeaux faisaient un terrible contraste avec le casque en fer rouillé qui couvrait son visage.
– Rosalynd, c’est vraiment toi ? répéta Habricotine.
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
Oh chouette, tu as réussi à retrouver Habricotine ^^. Il vous reste plus qu’à trouver la sortie, si vous ne vous écrouler pas avant.
Elle est marrante Chandra mais Lizeth n’a pas réellement été formée sur ce qu’elle pouvait faire et les dangers inhérents, elle fait ce qu’elle peut la pauvre.