J’attendis que Galaenthir et Eljoying retournent à l’intérieur pour bouger de l’endroit où je me cachais. Que signifiaient exactement les paroles du chef ? Que s’était-il passé avec Habricotine ? Mourant d’envie d’en savoir plus et consciente que je ne pourrai assister à cette réunion, je décidai pour l’instant d’aller glaner quelques informations auprès de mon ami le Semi-Orque.
Je m’arrêtai devant l’entrée de la cave au moment même où j’entendis un cri provenant d’en-dessous. Il devait probablement s’agir de l’endroit où mon agresseur était retenu. La dizaine de marches m’amenèrent dans un lieu plutôt humide et rempli de tonneaux. A l’odeur, ils devaient surtout contenir de la bière. Dans le fond de la pièce, je détectai une faible lueur provenant d’une bougie. La scène que je vis ensuite était pitoyable. Le prisonnier était solidement attaché à une chaise. Il avait apparemment essuyé quelques coups car s’était ajouté à son nez cassé une large entaille à l’arcade sourcilière et quelques hématomes aux joues et au menton.
– Je vois que l’on s’amuse bien ici, dis-je à voix basse pour annoncer ma présence.
Il ne faisait pas bien chaud et je resserrai donc les pans de ma cape. Legalus et Amynduilas tournèrent la tête vers moi. Le premier se redressa et vint à ma rencontre. Il me barra le chemin.
– Rosalynd, dit Legalus, tu ne devrais pas être ici, remonte plutôt aider les autres.
– Merci de l’accueil… N’oublie pas que c’est moi qui l’ait amené, lui répondis-je en montant le Semi-Orque de la main. J’ai bien le droit de le cuisiner un peu aussi, non ?
Au bout de quelques secondes, le regard sérieux de Legalus se détendit. Il esquissa un demi-sourire et fit une petite courbette de côté pour m’inviter à avancer. En voyant le visage verdâtre du prisonnier tâché de rouge, je repris :
– Uuuh, il est encore plus hideux qu’avant, mais a-t-il parlé au moins ?
Je ne m’étais adressée à aucun des deux en particulier. Devant leur air tendu, je devinais qu’il était encore trop tôt pour que notre ami en soit arrivé aux aveux.
– Oh, j’oubliais, ajoutai-je avant qu’ils ne répondent. Le chef souhaite parler à tous les officiers. Tu devrais y aller, Legalus.
– Que s’est-il passé ? me demanda l’Elfe.
– Aucune idée ! m’exclamai-je en haussant les épaules de façon innocente. Mais ça avait l’air important.
Quand Legalus quitta la pièce et que je me retrouvais en tête à tête avec Amynduilas, je me demandai pourquoi je n’avais pas tourné ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Toutefois, le fait d’avoir le Semi-Orque dans la pièce aidait grandement à apaiser l’ambiance que je sentis électrique. Quoi que…
– Alors, rien du tout ? interrogeai-je Amynduilas en reportant mon regard sur le prisonnier.
– Non, il n’a encore rien dit, répondit-il calmement.
Le Semi-Orque recommença à ricaner. Je me redressai et croisai les bras, réfléchissant à un moyen de le faire parler qui n’ait pas déjà été utilisé.
– Tes amis n’ont pas été très doués pour me faire parler, dit-il tout à coup comme s’il avait lu dans mes pensées. Il dévoila une bouche quasiment édentée qui me révulsa. Mais nous pourrions arriver à un accord rien que toi et moi.
Amynduilas prit sa remarque assez mal et je dus l’empêcher d’intervenir en faisant barrage avec mon bras droit. Après quelques secondes de réflexion, je m’approchai d’avantage du prisonnier, assez proche pour sentir son haleine nauséabonde.
– Que proposes-tu, Semi-Orque ? lui demandai-je tout bas.
– Si tu me détaches, je te dirai tout ce que tu veux savoir, et plus, si tu vois ce que je veux dire …
– Ah, je vois très bien ce que tu veux dire, dis-je en haussant un sourcil, mais je ne crois pas que cela va être possible, totalement exclu.
– Alors, je ne dirai rien, me cracha-t-il.
Je me reculai et ce fut à mon tour de ricaner. J’attendis un moment afin d’avoir toute l’attention de mon interlocuteur.
– Je ne suis pas certaine que tu aies tant de choses à raconter. Rien qu’en te voyant, on remarque tout de suite qu’on ne te confierait rien du tout. Et comble de tout, je n’ai pas eu de mal à te maîtriser tout à l’heure. C’est par pitié que l’on t’a recruté ?
– Silence, sale Elfe, cette attaque fut une franche réussite. Toi, tu n’étais qu’un bonus, une friandise !
Je ne m’attendais pas à ce que mon bluff marche si bien et si vite. Cet individu n’avait vraiment rien dans la cervelle. Cependant, son langage commençait à me taper sur les nerfs. Je me concentrai alors pour maîtriser le sang qui bouillait déjà dans mes veines.
– C’est gentil de dire ça, très gentil… affirmai-je avec une voix douce. Toutefois, je ne crois pas qu’incendier un bâtiment et y laisser brûler une jeune fille soit une réussite. Que cherchiez-vous à accomplir ?
Le Semi-Orque éclata d’un rire tonitruant. Je reculai de dégoût et de surprise. Sa réaction n’avait que peu de sens et était disproportionnée. J’avais l’impression de faire partie d’une blague à grande échelle.

Le volcan entra alors en éruption. Les éclats de rire devinrent soudain des cris de souffrance. Je me rendis compte que je venais de planter ma dague dans la cuisse du prisonnier. Presque instantanément, je sentis qu’on me tirait vers l’arrière pour m’éloigner du Semi-Orque.
– Ça suffit, Rosalynd !! s’écria Amynduilas. Mais enfin, qu’est-ce qui te prend ?
J’avais à présent la sensation de me réveiller d’un mauvais rêve. Amynduilas était en face de moi et me réprimandait sur mes actes. Je ne comprenais pas ce qu’il disait au début mais ses mots firent sens au fur et à mesure que je reprenais le contrôle de moi-même et que je réalisais ce que je venais de faire.
– Tu te comportes étrangement depuis quelques temps, continua Amynduilas. Les cris s’étaient un peu tus derrière lui. Je pensais que tout était rentré dans l’ordre depuis notre retraite, mais je me trompais. Tu fonces tête baissée au travers du danger, tu as des réactions, et un langage inappropriés. Tes actes sont maintenant emplis de… cruauté. Que t’arrive-t-il ?
Je vis qu’Amynduilas me tenait le bras tout en me parlant. Une nouvelle bouffée de colère me prit à la gorge. Je me libérai alors de son étreinte.
– Je ne suis plus la gentille et innocente Elfe qu’il faut protéger et à tout prix cacher des bandits ! Ils s’en sont pris à moi, et ce soir, à ma sœur ! C’est une déclaration de guerre !!!
Je reculai d’un pas.
– Et d’abord, repris-je finalement, qui est la personne la plus cruelle dans cette pièce ?!
Je venais de cracher tout mon venin et je n’en avais plus en réserve. Je soutins le regard d’Amynduilas pendant quelques secondes avant de me retourner et de me diriger vers la porte de la cave. J’étouffais et j’avais besoin d’air.
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
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