Menu Accueil

Lizeth Heliandil BG#84

La vallée des cendres se situaient au sud-ouest de Dol Guldur. Il s’agissait d’une immense cuvette qui devait son nom à la couleur de sa végétation. Parmi les habituels arbres, certains étaient immenses, mais ils avaient perdu depuis longtemps leurs feuilles, et leurs branches desséchées se balançaient lentement au gré de la petite brise chaude. Kintyra et moi avions fait attention à ne pas nous approcher des camps d’Orques disséminés çà et là, et bientôt nous aperçûmes les pieds de la forteresse. Une sombre construction avait été érigées près de là, sur les rives d’un lac.

– Et dire qu’on l’appelle « l’étang pâle », commenta Kintyra, alors que nous restions à l’abri derrière l’un des troncs. L’eau qui s’y déverse est pourtant aussi noire que du sang de gobelin.
– Nous ne nous étions jamais approchées aussi près de la forteresse par le passé, tu connais bien le coin on dirait, dis-je, sur un ton un peu suspicieux.
– Je ne serais pas venue jusqu’ici si je n’avais pas étudié les cartes de la zone, répondit ma sœur comme si cela avait été évident. Il y a une entrée secrète un peu plus loin derrière Sâd Doldúr.
– Cela semble facile vu d’ici.
– Détrompe-toi, petite sœur, cette bâtisse est imprégnée d’énergie maléfique. Des centaines de fantômes hantent ces lieux. Si l’on ne se laisse pas tenter par leurs murmures, on devrait s’en sortir.

Sur ces mots, elle sortit de notre cachette et s’aventura plus avant. Je la suivis, étonnée par l’agilité dont elle faisait preuve. J’étais encore en train de penser à elle quand je mis les pieds sur les pavements de Sâd Doldúr et que je ressentis un énorme poids sur les épaules. Je titubai, manquant tomber, et tentai de reprendre le contrôle de mon corps en m’adossant à l’un des murs de la forteresse. Kintyra se retourna et me voyant faiblir, elle se précipita vers moi. Elle posa sa main sur mon épaule.

– Lizeth, reste avec moi, susurra-t-elle à mon oreille.

Grâce à Chandra, j’avais appris à voir les esprits, et même si elle n’était pas près de moi, je pouvais encore les voir. Ils étaient tout autour de nous, et si j’avais du mal à respirer, c’était parce qu’il y en avait un qui avait enserré ma taille. Ses bras sortaient du mur derrière moi et me comprimaient le ventre. Je tentai de détacher ses mains ectoplasmiques mais je ne fis que tirer sur mes vêtements. J’étais bien placée pour comprendre que je ne réussirai pas à me dégager de cette façon. Soudain, un visage apparût sur mon épaule. C’était un crâne hideux, les orbites étaient vides et la langue pendait tristement en se balançant de droite à gauche. Je poussai un cri, me rendant compte qu’il lui manquait la mâchoire. Kintyra commença à me secouer violemment. Elle devait probablement penser que je faisais une crise d’angoisse. Elle n’était pas loin de la vérité.

– … Sens bon, réussis-je à comprendre. Energie… chaude.

Je blêmis. Cet esprit était attiré par moi et voulait se repaître de mon énergie. Je n’étais plus protégée par Chandra et je devinai qu’elle m’aurait avertie du danger si elle avait pu. Je devais faire quelque chose, mais j’avais peur de rendre la situation encore pire qu’elle ne l’était déjà. Mon corps devint ardent, comme si mes pouvoirs bouillonnaient et voulaient sortir. Kintyra essaya de me relever.

– Kin, prépare-toi à courir vers ton entrée secrète, marmonnai-je.

J’avais l’impression d’avoir du coton dans la bouche. Sans plus attendre, je me concentrai et tentai de repousser l’étreinte de l’esprit. Je réussis à créer une bulle qui me libéra tout à coup de tout le poids qui entravait mes mouvements. Au même moment, je sentis la haine de tous les êtres spectraux qui se tenaient à distance exploser et je sentis la main de Kintyra se resserrer sur la mienne.

– J’ai la chair de poule…
– On déguerpit TOUT DE SUITE ! hurlai-je.

Elle me guida vers l’avant, en me tirant sur le bras. De mon côté, j’essayais de repousser les vagues ennemies et plus j’utilisais ma volonté contre eux, plus je sentais leur inimitié grandir. Au bout d’un moment, nous nous retrouvâmes dans une grotte. Les deux mains devant moi, je continuais de faire barrage quand ma sœur me poussa contre la paroi de pierre.

– Quoi que tu sois en train de faire, arrête ça tout de suite ! m’ordonna-t-elle.

Je crus entendre Chandra m’invectiver. La douleur provoquée par l’absence du pendentif revint à la charge au moment où j’accédais à la demande de Kintyra. Le souffle court, je tentai d’apaiser la peur que j’avais ressentie et de contenir mes pouvoirs. Je ressentis des fourmillements à la surface de ma peau qui finirent par s’atténuer.

– Cela n’était peut-être pas une bonne idée de passer par ici… continua-t-elle, en essayant elle aussi de reprendre son souffle. On aurait dit que tous les fantômes s’étaient rués vers nous. Tu as utilisé le pouvoir du pendentif contre eux ?
– Euuh… hésitai-je.
– Essaye de ne pas l’utiliser ici, me coupa-t-elle. Il serait trop bête de se faire prendre par Gologmolva alors qu’on est si près du but. On doit d’abord faire sortir Mère d’ici. Allez, viens.

Au moment où j’avais cessé d’utiliser mes pouvoirs, les esprits s’étaient arrêtés de nous suivre. Je les voyais à l’entrée de la grotte, en train d’errer sans plus aucun but. Je me demandais si l’on allait pouvoir ressortir par ce chemin-là.

Ma sœur sortit un morceau de bois et prépara une torche qu’elle alluma. Elle me prit de nouveau la main et me guida à travers les boyaux sombres de la grotte. A chaque embranchement, plus nous nous enfoncions dans les ténèbres, plus j’avais un mauvais pressentiment. J’avais l’impression qu’on nous observait.

– Kin, nous ne sommes pas seules, pas vrai ? lui demandai-je en m’approchant d’elle.
– Non, mais ne leur prête pas attention. Ils ne nous feront rien tant qu’on ne les dérangera pas.

Au même moment, je crus voir des yeux rouges apparaître puis disparaître dans la pénombre. Alors que je me demandais comment Kintyra réussissait à garder son calme, nous débouchâmes dans une immense salle. Elle était vide, malgré les feux qui illuminaient la pièce. Les occupants s’étaient probablement cachés dans le labyrinthe de couloirs. Un grand escalier s’élevait entre deux piliers de pierre.

– C’est par ici, chuchota ma sœur. Plus haut, beaucoup plus haut, on pourra infiltrer les geôles de Dol Guldur.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

Laisser un commentaire