Je ressentais un mélange de tristesse, de regret et de souffrance. J’avais envie de hurler ma peine, et un combat intérieur faisait rage à l’intérieur de moi. Une déflagration embrasa ma poitrine et gagna mon cerveau, me donnant l’impression que j’allais tout simplement fondre. Je me recroquevillai, tentant de sentir le reste de mon corps en l’enserrant de mes bras.Et j’attendis, les yeux fermés très fort, dans ces ténèbres piquetés d’étincelles. J’attendais la délivrance.
– Lizeth… entendis-je Chandra m’appeler. Tu peux ouvrir les yeux maintenant.
– Vous m’avez fait demander, Dame Galadriel ? demanda une voix masculine. Est-elle réveillée ?
– Je suis désolée de vous avoir arraché aux retrouvailles avec votre confrérie, Amynduilas. Il m’a semblé important de vous prévenir que Lizeth était en train de revenir parmi nous, en effet.
– Cela fait trois jours que j’attends ce moment, dit Amynduilas, visiblement soulagé.
– Je dois vous avertir cependant qu’il se peut que son esprit soit troublé. Il est resté bien longtemps hors de son corps, et il lui paraîtra peut-être étranger, c’est pourquoi Lizeth aura besoin du soutien de ses amis proches.
Je sentis alors sa main prendre la mienne. Elle était chaude, avait cette aspect entre douceur et rugosité. Je n’arrivais pas encore à ouvrir les yeux, reprenant possession petit à petit de tous mes sens, aussi laissais-je durer ce moment. Il était vivant, je ne venais pas de le tuer. Ca n’avait été qu’un mauvais rêve.
– Un mauvais rêve qui peut fort bien se réaliser…
Qui venait de prononcer cette phrase ? Ce n’était pas Chandra, non, mais je connaissais cette voix.
– Je suis toi, Lizeth, ta partie la plus sombre, me répondit instantanément la voix. Et c’est moi qui vais réaliser toutes ces magnifiques choses.
Je repensai à toutes les sensations que j’avais ressenties pendant mon rêve, au plaisir que j’avais éprouvé, au moment où s’éteignait la dernière partie de moi rattachée au passé pour faire place à une toute nouvelle personne, amère et maléfique. Allais-je vers cette fin, où mes amis se faisaient tous tuer parce qu’ils avaient voulu m’aider ? Il était encore temps de figer la roue, et d’empêcher le massacre.
Je m’opposai aux ténèbres, et ma volonté grandissait à mesure que l’autre partait dans un fou rire incontrôlé. Je tentai de l’expulser, loin de moi.
Un vacarme retentit alors, et ça me réveilla. Un bourdonnement résonna à mes oreilles alors que j’essayais de récupérer l’équilibre. J’étais désorientée, et je clignai plusieurs fois des yeux pour m’habituer à la lumière. J’étais au milieu des débris d’un lit et la pièce était sans dessus dessous. Je vis d’abord Galadriel. Elle était encore debout, au milieu de la pièce, et avait mis ses bras vers l’avant pour faire bouclier. J’entendis alors un petit gémissement plus loin près de la porte. Je commençai à paniquer. Que s’était-il passé ?
– Est-ce que ça va aller, Amynduilas ? demanda Galadriel en gardant les yeux rivés vers moi.
– Oui… je pense que ça ira. Je commence à être habitué.
Il se releva et je le vis en train de se toucher le crâne, en quête d’une blessure, qu’il ne trouva pas. Mais cela ne fit pas baisser mon inquiétude. J’étais dangereuse.
Amynduilas fit alors un pas vers moi.
– Non ! Ne t’approche pas ! lui ordonnai-je, les larmes aux yeux, tout en essayant de me mettre debout. Ne me touche pas, plus jamais !
Je cherchai du regard mon médaillon et je ne tardai pas à voir la petite chaîne sous un tas de bois. Je m’en emparai et, hésitante, je longeai les murs de la chambre jusqu’à la porte. Je gardai le plus de distance avec Amynduilas en la franchissant, et sans même penser que je ne portais qu’une fine robe blanche et que j’étais pieds nus, je quittai la demeure de Dame Galadriel.
J’avais besoin de m’échapper de ce lieu, de courir jusqu’à n’en plus pouvoir. Aucun garde ne m’arrêta, et je dévalai ainsi le chemin enroulant l’immense arbre, descendis les échelles. Une fois sur la terre ferme, je continuai de courir, et ne rencontrai personne que je reconnus. Les quelques Elfes qui étaient là en promenade me regardèrent simplement passer. Je connaissais un peu la ville, mais je ne savais pas vraiment où ma fuite allait me mener. Caras Galadhon était très grande, aussi je me retrouvais bientôt dans une partie que je n’avais jamais visitée. Au détour d’un chemin, je passai devant une arche, et alors que j’allais continuer plus en avant, la vue du jardin de l’autre côté attira mon attention.
En bas d’un escalier de pierre, l’endroit était magnifique. Les chemins serpentaient parmi des plateformes surélevées de différentes hauteurs qui présentaient des arbustes, des pots de fleurs, des jeunes arbres, et d’innombrables fleurs. Le jardin transpirait la sérénité, et semblait m’appeler à m’y cacher. La tentation fut la plus forte, et j’entrai dans ce lieu à l’abri des regards. Lorsque j’arrivai au centre du jardin, je vis une vasque remplie d’eau, sur un promontoire. Plus loin derrière, il y avait deux statues, majestueuses. Je reconnus Dame Galadriel, accompagnée du Seigneur Celeborn. Je devais sûrement me trouver dans le jardin privé de la maîtresse des lieux.
Je m’assis là, parmi les fleurs et contre le muret, et me mis à contempler les alentours. Au bout d’un moment, j’allais presque m’assoupir quand j’entendis des pas s’approcher. Je bondis sur mes pieds, et elle était là.
– Lizeth. Je vous trouve enfin, dit Galadriel. Vous avez trouvé mon jardin.
Derrière elle, Amynduilas était là. Il se tenait cependant à bonne distance de nous. Il n’était pas seul. Moela était près de lui et avait apparemment retrouvé sa bonne vieille armure. Il y avait aussi d’autres membres de la confrérie : Orchysdal et Eljoying.
– Je comprends votre trouble, Lizeth, continua Galadriel, conciliante. Vous êtes passée par de nombreuses épreuves, mais tout va bien à présent, vous avez réintégré votre corps, et nos artisans ont fait un magnifique travail sur votre pendentif.
– Vous n’avez pas vu ce que j’ai vu. Tout ne va pas bien, non.
J’avais répondu sans réfléchir, et cela me fit sursauter. Galadriel sourit avec bienveillance.
– La magie en ce lieu est plus puissante, et chasse vos peines. Je n’ai pas vu ce que vous avez vu, mais je peux le comprendre mieux que quiconque. Pourquoi ne me raconteriez-vous pas cela ?
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
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