Habricotine ne payait pas de mine dans ce qu’il restait de son armure. Alors que j’étais en train de récupérer mon énergie petit à petit, elle faisait rôtir la cuisse d’un Ouargue près des flammes du feu de camp, refusant de toucher aux stocks de nourriture plus que douteux des gobelins. A la place, elle avait découpé la patte sur l’un des cadavres tout frais du coin et après l’avoir dépecée avec soin, avait entrepris de la rendre mangeable.
– Tiens, Rosalynd, dit-elle à Chandra après avoir coupé son morceau de viande en deux, t’as l’air d’avoir faim et tu n’as qu’la peau sur les os. Pis d’abord, c’est toi qu’a tué la bête !
Je regardais la scène en silence et me demandais pourquoi aucun renfort n’avait encore été envoyé. C’était assez étrange, vu le boucan que j’avais provoqué.
– Toujours aucun gobelin en vue, annonça Chandra après avoir fini son morceau de viande et s’être essuyé les doigts sur un morceau de tissu qui traînait par là.
Depuis qu’Habricotine était apparue, Chandra évitait de me regarder et faisait comme si je n’étais pas là. C’était pour le moins agaçant mais je ne pouvais pas vraiment protester. Une question me brûlait aussi les lèvres, plus pour avoir confirmation qu’autre chose, car j’avais moi aussi senti que le lien avec le collier était différent depuis notre réveil dans la neige. J’aurais eu envie d’avoir une conversation à ce sujet avec Chandra mais nous n’en n’avions pas vraiment eu le temps.
– L’entrée est tête bouchée, répondit Habricotine, la bouche encore pleine. Ou bien l’chef en a déchidé autrement, qui chait ?
– Le chef ? demanda Chandra.
– Bah oui, s’exclama la Hobbite après avoir fini d’avaler, l’autre taré habillé en noir !
– Gologmolva… commença Chandra.
– C’est ça ! Si ça s’trouve, l’est tête dans l’coin, à s’rincer l’œil de derrière son masque ! Nous sommes quand même deux séduisantes jeunes femmes ! affirma Habricotine en ricanant.
Chandra esquissa un léger sourire. Quant à moi, je me demandais si les gobelins n’avaient pas été les seuls à avoir vu Habricotine sans son masque.
– Elle a une ravissante âme, me dit tout à coup Chandra en pensées en profitant de quelques secondes de silence. Nul besoin de voir son visage pour l’affirmer.
Les canons de beauté étaient peut-être différents parmi les esprits.
– Nous devrions confirmer l’une ou l’autre de tes théories, Habricotine, déclara Chandra en se levant. Ne perdons pas plus de temps ici.
– Allons-y alors ! s’exclama la Hobbite en se mettant également sur ses pieds. Mais, dis-moi, tu n’es pas v’nue toute seule au moins ?
– Non, mais nous avons, comme tu as dû le constater, été séparés.
– Ha ! Ha ! Galaenthir va faire une de ces têtes en m’revoyant ! entonna-t-elle. J’ai hâte de lui raconter comment j’ai m’né la vie dure à ces malfrats avant qu’ils ne trouvent une bonne solution pour me neutraliser !
Si j’avais été dans mon corps, je pense que je n’aurais pas eu le courage de lui annoncer la mauvaise nouvelle de la mort du chef des Cavaliers Solitaires. Chandra était cependant quelqu’un de différent, froid et direct. Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, elle ne s’avança pas sur le sujet. Elle refit son léger sourire, et, après avoir récupéré une épée sur un cadavre qui n’en aurait plus besoin, elle prit la direction des boyaux par lesquels elle avait été amenée. Certains étaient effondrés par endroit, mais nous pûmes quand même monter dans les niveaux. Habricotine tenait entre ses mains un énorme gourdin et était prête à l’utiliser à tout moment. Nous rencontrâmes quelques ennemis isolés, qui n’avaient apparemment pas osé descendre à notre rencontre. Nous, en revanche, allâmes à la leur et leur fîmes bon accueil.
Arrivés à l’entrée de l’enclos aux esclaves, nous débouchâmes dans une grande galerie mais nous ne vîmes aucun ennemi. Le chemin se divisait en deux, une partie allait vers la gauche et vers un couloir vide et très sombre tandis que la voie principale, en face de nous restait bien éclairée. Au bout de celle-ci, je pouvais voir un escalier en bois monter vers l’inconnu.
– On dirait qu’on souhaite nous diriger vers cette partie de la grotte, dit Habricotine, les poings sur les hanches.
– Je ne te contredirai pas, répondit Chandra, mais quelque chose me dit que si l’on ne suit pas le chemin balisé, on risque gros.
– T’veux jouer l’jeu d’Gologmolva ? répliqua la Hobbite.
– Avoue que tu en as envie… murmura Chandra en jetant un regard de défi à sa camarade.
– Je ne t’savais pas si intrépide, Rosalynd, commenta Habricotine, dubitative.
– Si l’on avait eu envie de nous éliminer, ça serait fait depuis longtemps. Gologmolva ne nous a pas attiré ici pour rien. Je souhaite connaître ses intentions. Il est ici, quelque part.
– Une affaire personnelle ? demanda Habricotine.
– C’est ça.
– Alors, on est deux ! J’dois être l’autre personne qui veut l’plus sa peau ! Si on peut en savoir plus ET le découper en morceau, ça m’va très bien !
Je suivis les deux meilleures amies dans la vengeance sur le chemin d’en face et après quelques minutes passées dans le silence, nous arrivâmes à un cul de sac. Enfin, ça n’en était pas tout à fait un, car un trou béant nous attendait et plus de trois mètres en dessous, l’on pouvait voir qu’il y avait une suite aux évènements. Chandra et Habricotine se consultèrent du regard et tentèrent de trouver un moyen de descendre.
-Tu peux faire en sorte qu’on ne se casse pas une jambe, Lizeth, me dit Chandra tout à coup, ce qui me fit sursauter. Retiens juste notre chute juste à la fin. Ton amie n’y verra que du feu.
Chandra ne me laissa pas le temps de décider si j’étais prête ou non. Elle prit Habricotine par la taille et le bras et sauta dans le vide. J’eus le réflexe de lever le bras et de penser très fort à … du vent ? La seconde d’après, je les vis accroupies au fond et se relever lentement, indemne. Je les rejoignis, soulagée qu’elles n’aient rien et fusillai du regard Chandra qui me lança un sourire en coin.
Le soulagement fut de courte durée car, la seconde suivante, nous vîmes sortir de nulle part un groupe de cinq Ouargues accompagné par un unique gobelin. Le petit monstre vert désigna Chandra et Habricotine du doigt et prononça quelques mots à leur attention dans la langue commune.
– Vous… suivre… maintenant… nous…
– Qui de toi ou moi aura l’honneur de les tuer ? demanda Chandra à Habricotine.
– Bah ça dépend, j’peux t’laisser ceux-là pis aux prochains j’men charge, proposa Habricotine.
– Recule un peu, alors.
Chandra respira profondément et dégaina ses armes. Quant à moi, je l’assistai à peine dans ce combat, me demandant si elle me laissait exprès en dehors de la mêlée. Les bêtes et leur maître furent bientôt hors d’état de nuire, ce qui ne manqua pas de plaire à la petite Hobbite, qui applaudit le combat vite fait bien fait.

-Bon, on continue ? dit finalement Chandra. Comme si nous avions besoin de guides !
Les deux jeunes femmes reprirent la route, et moi, ne tenant plus, je pris l’initiative de poser la question qui me chatouillait l’esprit. Autant lui demander ça maintenant.
– Chandra ?
– Oui, Lizeth ?
– Tu fais tout pour que je m’habitue à ma nouvelle condition, n’est-ce pas ?
– …
– Parce que tu ne peux pas me rendre mon corps.
– Je ne peux pas te le rendre pour le moment, non. Le pendentif a été endommagé.
– Est-ce que ça pose un problème ? Je veux dire, à long terme ?
– Oui. Tu ne vas pas pouvoir me suivre comme ça éternellement…
Elle avait prit l’air le plus grave que je lui avais vu jusque là.
Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO
« Oui. Tu ne vas pas pouvoir me suivre comme ça éternellement », *ahuri* et paf prend toi ça dans la figure. Autrement dit, « maintenant que j’ai ton corps, j’y suis j’y reste et va falloir que je trouve un moyen de t’envoyer paître ailleurs », dure, dure, dure…
P.S. Oups petite coquille -> « Nous devrions confirmer l’unE ou l’autre de tes théories »
Alors oui, problématique, mais n’oublions pas que Chandra ne souhaite pas que Lizeth meure, comme elle l’a prouvé après la chute dans le gouffre. On peut imaginer que pour le moment, il est important que l’esprit de Lizeth ne se fasse pas la malle. Il y a une autre preuve, c’est le fait qu’elle a besoin d’elle comme soutien, notamment en tant que bouclier.