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Lizeth Heliandil BG#37

Lorsque Kintyra était partie, la tempête vivait ses derniers instants, et je pouvais au moins me consoler du fait que ma sœur n’avait pas eu à essuyer le gros de l’orage. Pour le reste, je ne savais pas vraiment comment le gérer. Galaenthir n’avait pas eu besoin de faire le moindre discours pour que la nouvelle et ces raisons se répandent. Dorénavant, j’avais l’impression d’être la sœur d’une traîtresse, et qui pouvait prétendre le contraire ? Alors que le tonnerre finissait de gronder au dehors, j’étais revenue près de mon sac de voyage et j’avais broyé du noir en essayant de me reposer un peu. Personne n’avait osé s’approcher de moi, pas même Amynduilas, dont j’aurais apprécié la compagnie.

Dans la soirée, nous étions de retour sur la route, et je somnolais sur ma monture emmitouflée dans deux couvertures. La tempête avait refroidi l’atmosphère, et de toute évidence, nous allions avoir froid cette nuit. Fort heureusement, nous avions la lumière des étoiles et de la lune pour nous guider et cela permettait au moins aux chevaux de ne pas trébucher sur le sol inégal.

J’étais la proie de nombreux sentiments mais tous paraissaient vouloir prendre le dessus sur les autres et je savais plus où donner de la tête. Galaenthir était furieux contre ma sœur mais n’étant plus là, je ressentais bien vers qui son énergie se dirigeait à présent. Désirant tout à coup mettre quelques distance entre lui et moi, je menai mon cheval sur le côté et le fis s’arrêter pour laisser la colonne me dépasser. Pendant ce temps, je contemplai les quelques lumières provenant de la cité d’Ost Guruth. Après l’après-midi mouvementée, il devait y avoir encore pas mal d’animation en ville pour tout remettre en ordre.

– Hey ! m’interpela une voix derrière moi.

Je sursautai de surprise et me retournai sur ma selle. Mon cœur battait la chamade.

– Excuse-moi si je t’ai fait peur, me dit Siloinsiproche. Il était encore sur le dos d’Irileith qui dans l’obscurité paraissait encore plus imposante et inquiétante. Il m’a semblé utile de te tirer de tes rêveries pour t’informer que nous sommes vraisemblablement à la traîne.

Il avait raison, le groupe était déjà bien loin. Je fis faire à ma monture un quart de tour, et repris la route.

– On ne se connait pas encore très bien, dame Rosalynd, et on n’est pas partis sur les meilleures bases, mais j’aime être franc avec les personnes qui en valent la peine, commença le nain. Tu te demandes sûrement si tu ne devrais pas quitter le groupe pour rejoindre ta sœur, et c’est une chose que je comprends bien, les liens du sang sont toujours très forts. Mais je connais toute cette petite troupe de Cavaliers Solitaires depuis longtemps, et bien qu’ils respecteront ton choix, ils ne sont pas moins tes frères et tes sœurs, et ils se font du soucis pour toi.

J’avais écouté les paroles de Siloinsiproche en silence mais j’avais du mal à les croire. Devant mon mutisme, le nain se gratta la barbe comme s’il réfléchissait.

– A mon avis, reprit-il, ils ne savent pas non plus comment gérer cela, et n’osent pas faire le premier pas, de peur que tu te brusques… Aaaaaah, mais quelle grande bouche je fais ! IRILEITH ! Allons-y, du nerf !!!

L’ours grogna mais s’exécuta finalement.

– Attendez, maître nain ! l’apostrophai-je en mettant ma monture au trot.

Ils ralentirent un peu pour que je puisse revenir à leur hauteur.

– J’aimerais vous… hésitai-je un peu. Je tiens à te remercier…
– Dis donc, il n’est pas trop tôt ! Je me demandais quand tu allais enfin me tutoyer ! s’exclama-t-il en me montrant toutes ses dents.

Je lui envoyai en retour un léger sourire.

– Tu es plus jolie quand tu souris, tu sais !? me dit-il. Rosalynd, ne t’en fais pas, la petite Kintyra se débrouillera bien toute seule. Nous la reverrons sûrement bientôt !

Les paroles du nain m’avaient apaisée mais au fond de moi, je craignais le moment où Kintyra referait surface. Je tentai de chasser ces pensées.

– Hé, mais qu’est-ce-qui se passe ? demanda Siloinsiproche après quelques heures de chevauchée silencieuse.

Nous étions restés en queue de file et vîmes que certains commençaient à quitter la piste et à se diriger vers le sud. Siloinsiproche, Irileith et moi pressâmes l’allure et découvrîmes en même temps que les autres les ruines d’un petit bâtiment. En nous approchant je compris la raison du changement de trajectoire du groupe. C’était léger, mais on pouvait voir les vestiges d’un feu de camp.

Le terrain vague devant la bâtisse avait été piétiné par de nombreux individus. Il y avait près des rondins de bois calcinés les restes d’un gros animal – était-ce un cheval ? – et des petits tas d’immondices.

– Que chacun cherche s’il y a d’autres indices qui pourraient nous indiquer qu’Habricotine est passée par ici ! ordonna le chef.

Les recherches ne s’éternisèrent pas. Quelques minutes plus tard, Galaenthir siffla pour rassembler le groupe. L’ambiance était plutôt tendue et un frisson me parcourut le dos quand je vis ce que le chef avait dans la main gauche. Il s’agissait d’un morceau d’étoffe noire et blanche, et j’en vins à la même conclusion : le masque d’Habricotine.

– Ces Semi-Orques ne se sont pas gênés, dit Galaenthir. Ils ont fait irruption dans notre maison, et nous ont volés ce que nous avions de plus cher. Et maintenant, ILS SE MOQUENT DE NOUS !

Tout le monde avait sursauté en entendant le chef hausser la voix. Tous les regards étaient graves et je devinais la souffrance que chacun ressentait. Je sentais moi-même un pincement au cœur en pensant à la manière dont ces brutes devaient traiter Habricotine. Ils avaient encore une bonne avance sur nous cependant, mais nous avions rattrapé une partie de notre retard, l’estimant à une journée tout au plus. Restait maintenant à savoir quelle direction ils avaient pris.

– Le jour va bientôt se lever, reprit-il Galaenthir en serrant le tissu dans son poing. Nous allons reprendre la route pendant encore quelques heures avant de nous reposer. Puis nous forcerons l’allure. Essayons d’atteindre Fondcombe à la nuit prochaine ou dans le pire des cas demain matin.

Sur ces mots, nous remontâmes en selle. A l’horizon, j’aperçus la forme indistincte du Dernier Pont. Plus loin s’étendaient les forêts de la Trouée des Trolls. Je soupirai en repensant à ma dernière visite en ces lieux, puis talonnai gentiment ma monture pour la faire avancer.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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