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Lizeth Heliandil BG#79

Les œufs étaient aussi grands que mes avant-bras. Il en restait trois qui trempaient dans la substance visqueuse noire qui allait se perdre plus loin. Moela s’approcha d’eux et en prit un qu’elle mit à l’intérieur d’un sac de toile qu’elle avait apporté. Après avoir refermé le cordon avec soin, elle mit le tout dans sa besace remplie de tissu.

– Un nid bien confortable en attente de la bouillie qu’on lui réserve, me commenta-t-elle en me faisant un clin d’œil.

J’étais surtout rassurée que l’œuf soit bien en sécurité, ou plutôt, bien enfermé. Nous jetâmes un coup d’œil autour de nous et rebroussâmes chemin, moi en tête, une flèche encochée à mon arc, à l’affût du moindre danger. Finalement, notre partie de la mission avait été simple, et j’espérais qu’Amynduilas et les deux Malledhrim pourraient venir à bout de l’énorme bestiole. Je ne pouvais m’empêcher de penser à ses mandibules et surtout à sa manière de se déplacer. J’en frissonnai.

Les chevaux enfin en vue, je me retournai, et qu’elle fut ma surprise en ne voyant pas Moela. Je criai son nom mais ce fut en vain, la capitaine semblait avoir disparu. Je me maudis de ne pas avoir fait suffisamment attention à mes arrières et à ce qui y était. Ce que Moela transportait était vital.

– Lizeth, tu devrais t’inquiéter de Moela tout autant de ce qu’elle transporte, m’indiqua Chandra sur un ton de reproche.

Le sang me monta au visage, de honte. Je repris le chemin en sens inverse et scrutai les fourrés qui le bordaient. Tout à coup, je vis l’une de ses bottes dépasser des hautes herbes.

– Moela, mais que s’est-il passé ? l’interpellai-je tout en accourant auprès d’elle.

Je ne pus réprimer un cri d’étonnement. Elle était toute tremblante, recroquevillée sur elle-même. Mon cœur manqua un battement quand je vis ses mains recouvertes par d’énormes cloques violacées. Elle avait reçu une dose de poison pure, et l’effet avait été bien plus rapide.

– Non, non, non, pourquoi n’y avons-nous pas pensé ? paniquai-je tout en redressant la capitaine. Moela, est-ce que tu m’entends ?
– Oui, et je n’entends que toi… répondit Moela d’une voix pâteuse.
– Il faut que tu te relèves, on file jusqu’aux chevaux, il faut te soigner de toute urgence.
– J’ai une mauvaise nouvelle… continua-t-elle alors que je l’aidais à se mettre sur ses jambes. J’ai écrasé l’œuf en tombant.

En effet, le fond de la besace avait maintenant pris une couleur noirâtre, et l’ingrédient clé de l’antidote était inutilisable en l’état. Je me mordis la lèvre inférieure.

– Je vais en chercher un autre, reste contre cet arbre, dis-je à Moela en la déposant doucement contre le tronc le plus proche.

Je n’entendis pas si elle m’avait répondu. Je fonçai de nouveau vers les berges du marais. Quelques secondes plus tard, j’y arrivai et utilisant un grand morceau de tissu, je pris un autre œuf. Je priai Manwë pour que cette fois-ci tout se passe bien avec lui. Je fis un nœud pour qu’il soit bien en sécurité et repartis en courant. J’allais emprunter le chemin quand un cri déchirant me cloua sur place. Je tournai la tête en direction de l’endroit où mes trois compagnons et l’araignée étaient partis se battre. Mon cœur commença à battre la chamade, et j’espérai que ce cri ne fut pas celui d’Amynduilas. J’eus soudain une irrépressible envie d’aller les aider, malgré ma peur bleue du monstre.

– Pense à l’œuf et à l’antidote d’abord, me conseilla Chandra.
– Oui, tu as probablement raison… répondis-je.

Je continuai ma route. De nouveau près de Moela, je tentai de la motiver à se lever. Elle avait l’air sur le point de sombrer dans l’inconscience. Avec Moela sur une épaule et l’œuf sur l’autre, nous réussîmes à retrouver les montures. Après avoir posé l’œuf au sol, j’aidai Moela à monter en selle. Je pris la corde qui y était attachée, et l’enroulai autour de la taille de la capitaine pour ensuite la fixer sur la selle.

– Serais-je ta prisonnière ? plaisanta Moela, presque allongée sur l’encolure de son cheval.
– C’est pour que tu ne tombes pas. Penses-tu être capable de rentrer à l’auberge seule ? ajoutai-je en attachant maintenant l’œuf au pommeau de sa selle.
– Tu y retournes ? s’inquiéta-t-elle.
– Je serai sûrement plus utile là-bas.
– Ah bon ?
– File donc.

Je donnai une petite tape sur la croupe de sa monture. Elle partit au galop.

Maintenant seule, je lâchai un énorme soupir. Je pris quelques flèches supplémentaires dans mon carquois, et testai que mes armes sortaient bien des fourreaux. Puis je repartis en courant vers le lieu du combat.

– Lizeth, tu es sûre de vouloir aller là-bas ? répéta Chandra, en écho à ce qu’elle avait dit le matin précédent.
– Non, mais tu seras là pour m’aider si cela tourne mal.
– Je pensais que tu ne voulais plus m’utiliser pour les combats.
– J’ai juste besoin d’un peu de force. Pour le reste, je devrais réussir à m’en charger.
– Sinon, je peux prendre possession de ton corps…
– N’y compte pas une seconde !

Je fis la rencontre d’araignées de plus petites tailles qui me barrèrent le chemin. Je tirai quelques flèches et en abattit quelques-unes, et les plus proches prirent des coups d’estoc, rejoignant leurs sœurs dans le Néant.

Je vis le Malledhrim au sol, la main posée sur son abdomen, en point de compression. Il était recroquevillé sur lui-même, concentré à ne pas perdre plus de sang, ce qui n’était pas joué. Son ami essayait de le protéger des attaques d’araignées qui étaient probablement venues en renfort. De nombreux cadavres jonchaient le sol et au milieu de toutes ces pattes, inertes pour la majorités, bougeant faiblement pour d’autres, j’essayais de ne pas trembler.

– Lizeth, mais que fais-tu ici ? m’interpella Amynduilas qui était directement en train de se battre contre la grosse araignée.

Je tirai une flèche pour dévier la patte crochue qui allait s’abattre sur lui.

– Plus tard, lui répondis-je en me précipitant vers l’avant pour aider le soldat au sol.

Il était salement amoché, mordu au ventre par l’une des créatures. L’épée à la main, je lui permis de s’appuyer contre une pierre située au pied d’un mur naturel. Je remarquai alors que nous étions dans une cuvette formant un cul de sac. Les araignées nous avaient maintenant acculés là sans aucun espoir de retraite. Leur nombre commençait à décroître, mais aussi notre énergie.

–  Soldat couvrez-moi, je vais tenter quelque chose, demandai-je au Malledhrim.

Il acquiesça et reprit le combat. Quant à moi, je me mis debout sur la pierre où se reposait l’autre soldat, et encochai une flèche.

– Chandra, j’ai une quinzaine de flèches, faisons en sorte qu’elles amènent toutes la mort à ces monstres.

Le temps ralentit. Je bandai mon arc, et décochai ma flèche. Elle transperça la première araignée qui s’affaissa au sol. Un autre projectile fit mouche de la même manière, puis un autre. Au bout d’un moment, les évènements reprirent leur cours. Je me sentais alors essoufflée. Mes bras tremblaient. Le soldat, étonné qu’une dizaine d’araignées meurent presque instantanément, se retourna juste une seconde pour me regarder. Je lui fis signe de continuer, massant mes bras.

– Ça fait un mal de chien, maugréai-je.
– Les crampes sont un effet secondaire de cette technique. Tu sais, ce n’est pas le temps qui ralentit, mais toi qui accélère tes mouvements. Tes muscles auront du mal à suivre, surtout si tu continues de vider ton carquois de la sorte.

Je n’en aurais de toute façon pas eu l’occasion, il était déjà vide, et j’avais la dernière flèche dans la main. A ce moment, j’entendis un cri sur ma droite.

Amynduilas était au sol et l’araignée était sur lui.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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