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Lizeth Heliandil BG#78

Je revins à l’auberge avec un vieux cahier humide entre les mains. L’esprit de l’apothicaire de mon ancien village m’avait permis de le prendre après m’avoir confié l’endroit où il était : dans un coffre situé sous les dalles dans un coin de la pièce. Je lui avais demandé pourquoi il n’y avait pas gardé quelques ingrédients à quoi il me répondit qu’il n’y avait jamais vu la nécessité.

Il y a encore quelques semaines, je serai partie sans rien dire à personne. Le temps pressait et il en allait de la vie de mes camarades. Mais je m’étais rendue à l’évidence que cette fois, il me faudrait probablement de l’aide. Mis à part le fait que j’allais sûrement devoir me faire violence si l’on rencontrait la créature qui avait pondu les œufs qu’il nous fallait, il me serait impossible de revenir vivante avec eux. C’est pourquoi j’étais bien décidée à faire ma demande en bonne et due forme auprès d’Orchysdal, et j’espérais pouvoir compter sur deux ou trois compagnons pour m’accompagner.

Après avoir frappé à la porte de la chambre des hommes, où j’étais quasiment sûre de trouver notre chef, je fus surprise de voir cette dernière dans l’encadrement de la porte après qu’elle l’ait ouverte. Elle avait le visage éteint.

– Entre, Liz, tu ne vas pas rester dans le couloir, me proposa-t-elle avant que je ne puisse ouvrir la bouche pour exposer mon plan.

A l’intérieur de la pièce tout était silencieux. Les personnes encore debout, Moela, Amynduilas, et Dirvrelleth étaient au pied du lit du fond de la chambre. Orchysdal me poussa vers eux, mais je ne pus les rejoindre tout à fait. Sous les draps tachés par endroit, le corps inerte de Rhéo semblait dormir. Sa peau avait déjà pris la couleur de la cire. Mes dents manquèrent de claquer à l’intérieur de ma bouche tandis que je me rendais compte de l’horreur de la situation. L’homme allongé était une victime de plus de la quête que je suivais avec le groupe.

Une fois de plus je pensais à m’enfuir et à faire ce que j’avais à faire sans perdre une seconde. Une fois de plus, je me ravisais, me faisant violence. Les mots que j’allais prononcer seraient sûrement inappropriés pour le deuil que nous nous devions de faire, et viendraient trop tard pour le pauvre Rhéo.

– J’ai trouvé un moyen de guérir le poison de nos camarades, dis-je, allant droit au but. Nous pouvons recréer l’antidote.

Je leur expliquai rapidement ma rencontre avec le sage du village, et leur montrai la page du grimoire où se trouvait la recette de l’antidote. Orchysdal la consulta et je commentai alors que je savais où trouver les œufs de l’araignée incriminée dans l’empoisonnement de nos amis, et que je comptais y aller sur le champ. La chef de la confrérie annonça qu’elle devait rester auprès des malades tandis que Dirvrelleth pourrait aller récupérer les ingrédients secondaires de la potion. Elle demanda à Amynduilas et Moela de m’accompagner, et de revenir au plus vite avec les œufs.

– Vous risquez d’avoir affaire à cette araignée, ajouta Orchysdal. Demandez si quelques soldats Malledhrim souhaitent vous accompagner. Je veux tous vous voir revenir vivants !

Nous passâmes à la caserne où nous ne trouvâmes que peu de soldats, tous en train de se reposer. Après avoir expliqué notre mission, le capitaine réveilla deux de ses hommes, et nous expliqua qu’il ne pouvait se permettre de détacher plus de monde.

– Nous comprenons la difficulté de la situation, dit Amynduilas quelques minutes plus tard aux soldats qui se mettaient en selle, et nous vous remercions pour votre aide.
– Nous venons avec plaisir, cela nous changera de nos tours de garde, des Orques et des Gobelins.

J’étais rassurée d’être entourée par mes amis et par ces soldats, mais à mesure que nous nous approchions du Bois Noyé, je resserrai les poings sur les rênes de mon cheval. La dernière fois, je venais en éclaireuse, cette fois, on s’approcherait davantage de la créature, et il faudrait sûrement en venir aux armes.

– Lizeth, intervint Chandra, tu trembles comme une feuille.
– Je ne t’ai pas demandé ton avis.
– Ce n’est pas un avis que je te donne, mais c’est un fait.

Je fis ralentir ma monture. Chandra avait raison. Je sursautai quand Amynduilas tendit le bras pour prendre mes mains tremblantes dans la sienne. Je plongerai mon regard dans le gris de ses yeux, et mon cœur s’apaisa un peu, mais l’émotion restait.

– Ça va aller, Lizeth, on fait comme dans la Trouée des Trolls.
– Je m’enfuis devant une nuée de ces bestioles ?
– Ne dis pas de bêtises, tu t’es améliorée depuis. Et puis, ça ferait tâche si le chef de ce petit groupe prenait ses jambes à son cou, non ?
– Tu as raison, je vais faire comme si je n’avais pas en horreur ces araignées.
– Lizeth…
– La santé de nos amis en dépend. Ce n’est plus un entraînement. Alors je suis sérieuse en disant que je prendrai sur moi. Désolée si ça avait l’air ironique.

Je tentai d’esquisser un sourire mais mes lèvres pincées devaient rendre le tout peu convaincant.

– Amyn et moi serons là pour te sauver les fesses, si ça tourne mal, lança Moela derrière nous. Désolée, de vous interrompre comme ça, je disais juste ce que lui n’oserait pas te dire. Allez, il faut y aller, voilà le marais !

Amynduilas me lâcha la main et eut un petit rire gêné qu’il tenta de cacher en descendant de sa monture. Je fis de même et nous rejoignîmes les autres auprès d’un groupement d’arbres où nous laissâmes nos chevaux. Puis, décidée, je pris les devants en empruntant le chemin dans le marais, chemin qui s’avéra bien plus court que dans tous mes souvenirs.

Nous nous répartîmes derrière les buissons et je ne fus pas surprise de voir que cette fois, l’araignée n’était pas toute seule. Pas loin de cinq rejetons rampaient autour d’elle, et je me demandais s’il restait des œufs ou si tous avaient éclos.

– Il va falloir attirer tout ce beau monde un peu plus loin si on compte s’approcher suffisamment des œufs, commenta Moela.
– Peut-être ne sommes-nous pas obligés de les tuer, alors ? Cela nous ferait gagner du temps et de l’énergie, renchérit l’un des Malledhrim.
– Mmh-mmh, objecta son ami, ça m’étonnerait. Une fois que la mère saura qu’on a pris l’un de ses enfants, elle sera furieuse. Elle nous suivra jusqu’à sa mort ou la nôtre. Autant régler ça sur place.
– Je ne faisais que proposer une idée…
– Hé, oh ! intervint Moela toujours à voix basse. Sommes-nous ici pour discuter si oui ou non nous engagerons le combat ? Nous verrons cela une fois le moment venu. Préparez-vous.

Je n’aurais pas dit mieux, et pensai que Moela serait vraiment parfaite dans le rôle de chef de groupe.  Amynduilas suggéra qu’elle et moi récupèrerions l’œuf tandis qu’ils feraient diversion. Cela mit tout le monde d’accord.

Le Chasseur et les deux Malledhrim tirèrent chacun une flèche vers les plus petites araignées, et l’une d’entre elles s’affaissa sur le sol. Alors que les autres créatures les prirent pour cible, je lâchai un long soupir. C’était à nous d’entrer en scène.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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