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Lizeth Heliandil BG#65

Au moment de poser mon pied sur la terre ferme, j’eus un mauvais pressentiment. L’ambiance était pesante, et le ciel s’était obscurci à mesure que nous nous approchions de la Forêt Noire, mais ce détail n’était pas réellement nouveau. Ce qui m’inquiétait le plus, c’était l’absence de bruit. On ne pouvait entendre que le son de nos barques toucher la rive de l’Anduin, puis nos pas alors que nous débarquions. Aucun signe d’une quelconque faune dans les environs. Je n’avais pas été la seule à le remarquer, et je sursautai quand Siloinsiproche prit la parole.


– Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? s’interrogea-t-il, sa voix faisant presque écho. Y’a pas un rat pour nous accueillir ? Ça fait froid dans le dos !

– Siloin, bienvenue en Forêt Noire, annonça Orchysdal. On dit que ces derniers temps l’ennemi est plus que jamais sur le qui-vive, et que la magie noire qui habite ces lieux n’a jamais été aussi présente. Lizeth, tu vivais ici il y a encore quelques mois, qu’en penses-tu ?

Ce que j’en pensais ? Que cela faisait trop longtemps que j’avais quitté ma région, et que je ne la reconnaissais plus. J’avais une certaine gêne à affirmer ce qu’Orchysdal venait de dire, mais elle avait vraisemblablement raison.

– Je n’y avais pas vraiment réfléchi, finis-je par répondre calmement. Mais il est vrai qu’en partant, j’ai été libérée d’un certain poids. Sûrement était-ce à cause de cette influence maléfique dont tu parles.

Orchysdal acquiesça en me souriant et porta son attention vers autre chose en invitant tout le monde à se préparer à partir.

– Lizeth, tu veux de l’aide ? me demanda Amynduilas quelques instants plus tard alors que je sortais du bateau quelques sacs de provisions. Tu as l’air dans tes pensées.
– Ça va aller, merci, répondis-je.

Il me prit quand même les sacs des mains et les posa sur la berge avant de m’aider à descendre de l’embarcation.

– C’est juste que je me sens… étrangère, finis-je par admettre. Je devrais ressentir de la joie à l’idée de repasser par chez moi, mais ça n’est pas le cas. Les arbres sont… différents, tout à l’air différent.
– La forêt a encore changé depuis ma dernière visite, tu as raison.
– C’est plus que ça, je dirais, ajoutai-je. Quelque chose va arriver, ou peut-être est-ce déjà arrivé.
– Hé… me réconforta le Chasseur en me frottant doucement l’épaule. Toute la confrérie va faire face à cela avec toi, tu n’es pas seule.

J’allais le remercier quand nous entendîmes plusieurs armes sortir de leur fourreau. Certaines étaient amies, d’autres appartenaient à un groupe d’Orques. Au même moment, plusieurs flèches volèrent dans la direction de notre groupe, et l’effet de surprise permit à l’une d’entre elles de faire mouche. Un petit cri étouffé retentit derrière moi alors que je décochais une flèche vers les fourrées.

– Darwin, ça va ? entendis-je dire plus loin.
– N’y touche pas, ça fait un mal de chien ! gémit l’autre.

Je n’écoutai pas le reste de la conversation, concentrée sur les ennemis qui couraient dans notre direction. Ils avaient l’air enragés, des épées et des lances brandies au-dessus d’eux. Certains possédaient un bouclier et s’en servaient pour arrêter nos flèches. Les autres ne faisaient que foncer sur nous, sans aucune peur. Amynduilas et moi en tuâmes quelques-uns avant de devoir passer au corps à corps. Je n’avais pas encore récupéré d’épée ou de dagues, aussi demandai-je à mon compagnon de me prêter de quoi me défendre. Il me tendit instantanément son épée avant de sortir deux grandes dagues de ses bottes.

– Je te confie IcingDeath, fais-en bon usage ! me cria-t-il avant de se précipiter vers l’avant et d’égorger le premier assaillant.

C’était une épée bien équilibrée qui, bien qu’un peu lourde, se maniait assez facilement. Lorsqu’elle trancha les premières chairs, ce fut comme si je venais de couper du beurre. La lame glissait sur mes ennemis en leur offrant la mort qu’ils méritaient, c’était trop facile. Je m’arrêtai net. C’était trop facile.

Les Orques étaient nombreux, mais pas très prudents. Ils tombaient comme des mouches. Pourquoi donc ? Le mauvais pressentiment s’intensifia. Je courus vers Eljoying et Orchysdal qui combattaient côte à côte.

– Orchys, Joye, vous avez remarqué ? leur demandai-je tout en empalant un autre ennemi sur le chemin.
– C’est presque malheureux, oui, répondit Eljoying. On nous a donné plus de fil à retordre à Gobelinville.
– La berge aurait dû être gardée, renchérit Orchysdal, catégorique. On a encore reçu un message du camp Malledhrim d’Echad Sirion juste avant de partir !

Tout à coup, quatre grands trolls firent leur apparition. Ils portaient des armures et des énormes gourdins surmontés de piquants.

– V’là l’plat d’résistance, kyaaaaaaah !! hurla Habricotine qui nous dépassa, fonçant en direction du premier troll.

Je plantai l’épée d’Amynduilas dans la terre et repris mon arc. A cette distance, mieux valait décocher quelques flèches, et éviter le corps à corps sans armure lourde pour ne pas ressembler à une pelote d’épingles. Tout le monde entoura les quatre monstres et en parfaite formation, l’attaque commença. Je bandai mon arc de toutes mes forces et tirai une première flèche. Le projectile fit vibrer l’air et vint se ficher dans le cou du troll le plus près de moi. La créature tituba, mais continua à se battre. Elle balaya les alentours avec son gourdin et les plus petits durent se coucher au sol pour éviter l’impact. Quant aux plus grands, ils parèrent du mieux qu’ils le purent et furent projetés en arrière. Tyalangan et Shabb coururent leur porter assistance tandis que le reste reprit position. Les maîtres du savoir et les gardiens des runes envoyèrent des tempêtes de feu et de foudre pour aveugler et étourdir les trolls, nous autres archers visâmes les points faibles des ennemis, et les guerriers assénèrent quelques coups bien tranchants au niveau de leurs articulations.

Les trolls ne tardèrent pas à tomber. Ils avaient été bien plus coriaces que les Orques, mais rien d’insurmontable pour le groupe. Habricotine trônait sur l’un d’entre eux, comme une reine de la guerre.

– Un peu trop facile, mais qu’est-ce que ça fait du bien d’se dégourdir les petooonns ! chantonna-t-elle en faisant une pose héroïque avec son énorme hache à deux mains.

L’ambiance se détendit immédiatement, malgré les quelques blessures qu’avaient eues certains. Je rangeai mon arc, et reprit IcingDeath en main. J’essuyai le sang qui dégoulinait encore sur la lame avant qu’il ne sèche et contemplai les reflets de lumière que l’arme produisait.

– Si elle ne m’avait pas été offerte, je te l’aurais volontiers donnée, murmura Amynduilas dans mon dos. Tu l’as maîtrisée du premier coup.

Je sursautai car je ne l’avais pas senti approcher. Je baissai l’épée et me retournai vers lui, un sourire aux lèvres.

– C’est une très bonne épée, dis-je en la lui rendant. Appartenait-elle à une femme ? Elle n’est pas si légère, mais quand même un peu trop pour quelqu’un comme… toi.

Je crus voir s’éteindre l’étincelle qu’il avait dans ses yeux gris pendant un très court instant. Il m’offrit alors un léger sourire qui effaça tout le reste.

– Très perspicace, Lizeth, me félicita-t-il. Mais n’en parle à personne, surtout. Qu’en penseraient les autres ?

Il réussit à me faire rire.

Du coin de l’œil, il me sembla apercevoir entre les arbres, une dizaine de mètres plus loin, une silhouette encapuchonnée. Je ressentis la sensation étrange d’être observée, mais le temps de m’en remettre, l’ombre avait disparue.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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