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Lizeth Heliandil BG#6

L’arrivée à Gondamon ne fut pas des plus gaies. Étant une cité naine, je m’attendais à des regards en coin et quelques railleries, espérant être à l’abri au fond du chariot. Mais ce fut une foule entière qui m’accueillit et le véhicule eut beaucoup de peine à rejoindre le pied de l’établissement de l’autorité locale.

Gondamon était d’avantage une forteresse qu’une ville. En son centre, une très vaste place, entourée de divers commerces, artisanat et l’écurie. Les constructions situées derrière étaient des logements petits comparés au bâtiment principal qui dominait la place. Des obélisques de marbre rouge étaient disposés çà et là et ajoutaient une touche intimidante qui me faisait penser à des crocs, comme si je venais d’entrer dans la gueule d’un ouargue prêt à me dévorer.

Le nain me fit descendre près des écuries. Il indiqua que le chariot ne serait pas autorisé à aller jusqu’au pied de l’escalier menant aux niveaux supérieurs, et que nous devrions tout traverser à pied.

– Traverser toute la place avec cette foule ? demandai-je, très inquiète.
– Tous ces gens sont déjà au courant de ce que vous avez fait, déclara-t-il. D’ailleurs, le pauvre que vous avez tué venait d’ici. Ça ne m’étonnerait pas que quelques-uns de ses amis tentent de le venger. Mais ne vous en faites pas, je vous garderai en vie jusqu’au Palais de Thorin. Pour le moment, nous allons passer la nuit dans les baraquements des gardes. Il y a une petite cellule qui vous plaira sûrement.

Il détacha la chaîne du chariot et me demanda de descendre. Le couple que nous formions était des plus étranges. J’étais bien plus grande que le nain, il me tenait menottée fermement, et j’étais obligée de courber le dos tellement il gardait une petite longueur à la chaîne qui m’empêchait de fuir. Le spectacle que j’offrais était un chemin de la honte en tout point dégradant. Les nains et les elfes ne s’étaient jamais aimés et malgré l’alliance des nains des Montagnes Bleues avec les elfes de Duillond et de Celondim, je ne me sentais pas à l’aise. En effet, les regards furieux me suivaient et des insultes raciales de toutes sortes parvenaient à mes oreilles, que j’essayais d’ignorer. Je ne fus pas très surprise de recevoir quelques projectiles et tentai de m’en protéger et vinrent s’ajouter à mes vêtements déjà couverts de sang les traces de fruits et légumes pourris.

Je souhaitais que ce moment passe le plus rapidement possible, mais il n’était vraiment pas aisé de se frayer un chemin. Et contre toute attente, au milieu de la place, le nain qui me retenait prisonnière fit une halte et s’adressa aux habitants :

– Messieurs, dames, voici Lizeth Heliandil qui sera bientôt jugée coupable pour son crime ! Maintenant que vous l’avez bien vue, vous pouvez retourner à vos oignons !

Le nain attendit quelques secondes que le message parvienne à toutes les oreilles et alors que l’attroupement commençait à se disperser, nous repartîmes vers notre destination.

– Je… merci, c’était assez désagréable.
– Oh, je n’ai pas fait ça pour vous ! Je venais de recevoir un poivron pourri sur la chaussure. Maintenant, avancez !

J’esquissai pour moi-même un petit sourire car par je ne sais quel miracle, je voyais bien que ses vêtements, et ses bottes, étaient toujours aussi immaculés qu’avant.


Des obélisques de marbre rouge […] ajoutaient une touche intimidante qui me faisait penser à des crocs

Plus tard dans la soirée, je reçus de la visite. On ouvrit ma cellule et un nain à moitié chauve mais ayant la barbe bien longue s’approcha de moi.

– Je suis Mathi Mainferme, et je m’occupe de Gondamon en ces temps troublés. Je suis venu vous informer en personne que j’ai reçu un courrier du Palais de Thorin annonçant que votre jugement avait été avancé à demain. Je présiderai le conseil. Mes hommes vont vous apporter un repas chaud et une couverture. Et pourquoi pas un baquet d’eau pour vous laver un peu. Bonne nuit.

Et il s’en alla, sans plus de forme. On m’exécuterait donc le lendemain. C’est avec cette idée en tête que je m’endormis ce soir-là. La nuit fut mouvementée car je fis un cauchemar : je me trouvais dans une ruelle sombre, et des ombres encapuchonnées me suivaient avec des armes ressemblant à des faucilles, puis les ténèbres refermaient leurs mains sur moi, et la terreur me réveillait.

Aux premières lueurs du jour, on me réveilla et on m’apporta d’autres vêtements. Après un petit-déjeuner que je laissais de côté, incapable de manger, je suis allée vers ma fin. Les couloirs de pierre se ressemblaient tous et la solution que je cherchais depuis la veille n’était pas venue. Seule, je ne pouvais pas m’échapper.

– Lizeth Heliandil, dit Mathi Mainferme quelques minutes après que les charges eurent été annoncées. Des témoins vous ont retrouvée près de la victime, et d’autres affirment que cette dernière n’était pas en mesure de se défendre. Une petite arme a été retrouvée dans son abdomen. Qu’on apporte l’arme !

Le coutelas de Drokki se trouvait sur un petit plateau en fer et me fut montré.

– Est-ce la vôtre ?

Mon regard fut rempli d’effroi en voyant le petit manche orné de la pierre bleue. C’était la preuve qui venait appuyer les témoignages.

– Oui, c’est mon arme, déclarai-je le plus calmement possible.
– Reconnaissez-vous avoir utilisé cette arme pour mettre fin aux jours de la victime ?
– Je… je ne m’en souviens pas.
– Vous ne pouvez donc pas prouver le contraire.
– Non.

Le reste du procès n’apporta pas grand-chose. Bien que rien n’ait prouvé avec certitude que j’avais tué ce nain, les circonstances indiquaient que j’étais indubitablement l’auteur de l’acte. J’étais presque convaincue moi-même de ma culpabilité, alors comment démontrer le contraire ?

– Lizeth Heliandil, vous avez été jugée coupable de meurtre, et …

Je ne pus enregistrer clairement ce qui arriva ensuite. On m’emmena jusqu’en dehors de la forteresse. Accrochée à un arbre à l’écorce blanche, il y avait une corde. Et devant cet arbre, une foule de spectateurs. Je reconnus certains visages de la veille, mais en vis bien d’autres, venus sûrement par curiosité ou pour voir la justice rendue. Le bourreau me poussa à monter sur une pile instable de rondins et me mit une cagoule sur la tête. Je sentis la corde autour de mon cou, puis que quelqu’un donnait un coup de pied dans les rondins.
La foule cria.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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