Menu Accueil

Lizeth Heliandil BG#52

Irileith se tenait sur un monticule de terre recouvert de hautes herbes. Elle regardait droit devant elle, statique et en silence, un grand rocher qui s’élevait plus loin. Je pouvais distinguer depuis l’endroit où nous étions des petites stries zigzaguant de la base jusqu’au sommet, témoins d’un escalier plus ou moins naturel permettant l’ascension du mont.

– Vous voyez ce rocher ? demanda la Béornide aux autres après qu’ils furent tous à sa hauteur. C’est le Carrock. A côté, il y a la maison d’Irileith, et plus loin, la maison de Grimbeorn. C’est là qu’il faut aller pour demander de la nourriture et des chevaux.

Irileith reprit sa route à grandes enjambées. Les autres durent accélérer le pas pour ne pas se faire distancer.

– Siloin, sais-tu pourquoi Irileith parle ainsi d’elle à la troisième personne ? interrogea Orriath en rejoignant le Nain déjà essoufflé.
– Tu m’en poses des questions, mon grand ! rétorqua Siloinsiproche. Figure-toi qu’à peine rencontrés, je l’ai mise en rogne et elle s’est transformée en ours. Les seules conversations que nous avons eues depuis se sont résumées par des grognements de son côté et par des monologues du mien.
– Maître Nain, le coupa Corbylin, l’autre Béornide du groupe, veuillez excuser mon interruption. Si je puis me permettre l’explication, j’ai entendu dire que certaines rares et anciennes familles de ma race considéraient l’usage du « je » comme une marque d’irrespect envers les autres. Mais je vous avouerai que je n’avais jamais rencontré de Béornide parlant ainsi.
– Ceci explique cela, alors, déclara le Nain. Elle est peut-être la seule à encore s’exprimer de cette manière.
– Je trouve cela intéressant… dit Orriath en souriant.
– Mouais, peut-être bien, conclut Siloinsiproche en haussant les épaules tout en levant les yeux au ciel.

Orriath tourna la tête vers Chandra.

– Et toi, Rosalynd, qu’en penses-tu ? lui demanda-t-il sans perdre son entrain.
– J’en pense que certains devraient en prendre de la graine, répondit-elle sèchement.

Décidément, Chandra était à prendre avec des pincettes aujourd’hui. Les autres la dévisagèrent, l’air troublé, et Chandra, fidèle à elle-même se concentra sur la route. Quant à moi, je la suivais comme son ombre, ne pouvant pas grand-chose pour sa mauvaise humeur.

– Hé bien, que lui prend-il ? entendis-je Orriath murmurer derrière nous.

Je ne parvins pas à discerner la réponse perdue dans les marmonnements graves de Siloinsiproche.

***

Nous atteignîmes le Carrock en début de soirée, après une dizaine d’heures de marche. Cependant, et malgré la fatigue, tous avaient hâte de rejoindre la civilisation et de dormir à l’abri des dangers extérieurs.

– Continuez sur ce chemin, les habitants de la maison de Grimbeorn sont déjà au courant de votre arrivée. Irileith préfère passer la nuit chez elle, déclara Irileith qui prenait déjà une autre direction à travers la végétation.

Le domaine de Grimbeorn ressemblait plutôt à un village miniature. Il était entouré par des barrières en bois renforcées par d’épaisses ronces, et il nous fallut presque contourner la totalité de la propriété pour en trouver l’entrée. A l’intérieur, tout était calme. La nuit était tombée et mis à part quelques moutons et quelques lapins, nous ne vîmes aucun être vivant. Quelques habitations parsemaient l’endroit au milieu des hautes herbes et des multitudes de fleurs. De la fumée s’élevait de la cheminée de certaines, d’autres étaient immobiles et éteintes.

La plus grande bâtisse se trouvait devant nous, éclairée et entourée par des dizaines de ruches naturelles, collées à même le bois de la gigantesque maison. Le bourdonnement des insectes se fit plus fort à mesure que nous nous approchions des portes.

Celles-ci s’ouvrirent soudain en grand, révélant une silhouette presque aussi large que l’ouverture. Le Béornide plissa les yeux, regardant chaque membre du groupe avec minutie. Au bout d’un moment, il se détendit et resta là, en silence, alors qu’Orchysdal et Eljoying s’avançaient vers lui.

– Veuillez excuser notre intrusion tardive chez vous, l’on nous a dit que vous nous attendiez, informa Orchysdal.
– Oui, vous n’êtes pas du genre silencieux, une vraie petite armée ! Je m’appelle Belariforg, je m’occupe de la maison en l’absence du maître.
– Grimbeorn n’est pas là, alors… murmura Eljoying.
– Hé non ! Il est quelque part de l’autre côté de ces montagnes, commenta-t-il en regardant vers les Monts Brumeux. Un endroit appelé Vindurhal.
– Nous sommes passés près de cet endroit, mais ne nous y sommes pas arrêtés.
– Dommage, j’aurais voulu avoir de ses nouvelles, soupira Belariforg. Mais changeons de sujet, la Béornide qui vous a amenés tous ici, où est-elle ?
– Irileith est retournée chez elle pour la nuit. Peut-être viendra-t-elle nous rejoindre demain matin ? dit Orchysdal.

Belariforg sembla attristé par la nouvelle. Il soupira à nouveau.

– Cela ne m’étonne pas. Bon ! entonna-t-il soudain en tapant dans ses mains, ce qui fit sursauter tout le groupe. Je vais vous montrer l’endroit où vous pourrez dormir. Vous êtes nombreux, alors il faudra partager les chambres. On s’occupera des choses les plus désagréables dès demain !

Les Cavaliers Solidaires occupèrent les cabanes inoccupées, se séparant naturellement, les hommes dans certaines, les femmes dans l’autre. L’intérieur de la petite maison dans laquelle Chandra et moi entrâmes était assez rustique et simple, mais du bois attendait d’être allumé dans la cheminée, et la lampe qui éclairait la table illuminait également un plateau de fruits et deux beaux gâteaux de miel. Plusieurs carafes d’eau se trouvaient sur une autre table, près de la fenêtre.

– Ces Béornides savent recevoir, malgré tout ! s’exclama une voix féminine à la porte.
– Tu as raison, on va même pouvoir dormir dans des lits ! Rosalynd, ça ne te dérange pas si Darwyn et moi partageons cette chambre avec toi ?

Je serrai les dents, priant pour que Chandra soit plus aimable cette fois.

– Non. Installez-vous, et profitez de la nourriture, dit Chandra sur un ton distrait.

Je m’approchai d’elle et suivis son regard à travers la fenêtre. De loin, nous pouvions voir l’entrée de la maison de Grimbeorn. Dans la lumière des lampes torches, Belariforg parlait avec Irileith. Ils semblaient se disputer.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

Laisser un commentaire