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Lizeth Heliandil BG#51

Nous sortîmes des Monts Brumeux à la tombée de la nuit, aussi dûmes nous continuer notre route afin d’être certains de ne pas être suivis par les gobelins. Une heure plus tard, le groupe fit cependant une halte car tout le monde était fatigué. Je voyais que même Chandra avait des difficultés à continuer plus en avant.

Orchysdal ordonna que l’on monte le camp et désigna les rôles de chacun. Irileith s’éclipsa dans les sous-bois, affirmant qu’elle pouvait attraper quelques proies que l’on pourrait partager si les autres s’occupaient du ragoût. Elle revint assez vite avec quelques lapins ainsi qu’avec un gros oiseau dont j’ignorais le nom, et après les avoir confiés au cuisinier, elle alla nettoyer ses armes. Maintenant que je la voyais au calme, il me parut qu’elle était habituée à une certaine forme de solitude sauvage et je me demandais pourquoi elle était restée si longtemps sous sa forme d’ours. En effet, l’autre membre Béornide de la confrérie qui nous accompagnait, Corbylin, semblait plus sociale et passait la quasi-totalité de son temps sous sa forme humaine lorsqu’elle n’était pas en combat.

– Elle a choisi d’être comme ça, Lizeth, commenta Chandra par télépathie tout en continuant d’éplucher des légumes. Au plus proche de la nature. Nous ne sommes pas loin de chez elle ici.
– Elle ne semble pas ravie de passer par son village.
– Vous autres avez tous un passé. Ne forçons pas les choses avec le sien.
– Hé bien, Chandra, il semblerait que tu aies un cœur, finalement.
– Je suppose que j’apprends à en avoir un…

Je ressentis une vague de compassion et regrettai instantanément ce que je venais de dire. Je n’avais jamais pensé au fait que Chandra, si elle avait été esprit depuis longtemps, ne connaissait pas les sensations mortelles, et qu’à travers moi elle les découvrait.

– Oh, ça va ! Cesse d’être si sentimentale, Lizeth ! Je me sens faible dans ton corps, c’est un véritable supplice !
– Hé ! Hé ! Je te retrouve là, Chandra, ricanai-je.
– Ce n’est pas si amusant, dit alors Chandra, coupante. Tu n’as pas idée de la difficulté à garder le lien avec ton corps. Il me rejette, et cela m’épuise d’opposer tant de volonté pour y rester.

Je ne sus que lui répondre. L’ambiance se fit plus tendue et s’était largement refroidie.

– D’ailleurs, il a été ravi que tu prennes le contrôle, tout à l’heure, continua-t-elle. Mais j’ai failli lâcher prise. Peu importe le plaisir que tu as ressenti à ce moment-là, si tu ne veux pas mourir avant que l’on ait réparé le pendentif, tiens-toi à carreau.
– Que t’arriverait-il pour que tu sois si désespérée à nous sauver ? Tu ne le fais pas pour moi, je me trompe ? me risquai-je à demander.
– Des esprits comme le tien sont liés à ce monde depuis leur naissance. J’ai été créé à un autre plan, alors que crois-tu qu’il m’arrivera ?

Je n’en avais pas la moindre idée et je ne m’étais jamais vraiment posée la question. Si cela lui faisait si peur, je supposais que son sort devait être quelque chose de terrible, plus terrible que la vision que nous avions de la mort. Je repensais au soulagement que j’avais ressenti en réinvestissant mon corps mais imaginais Chandra à un cheveu de quitter mon corps, et cette existence, pour toujours.

– Ne pense pas qu’à ce moment, tu aurais pu tranquillement revenir dans ton corps, comme si de rien n’était, me dit-elle amèrement. Tu es liée au pendentif, et tant qu’il sera tien, tu me suivras, où que j’aille.
– Je ne te souhaite pas ce destin, Chandra, lui dis-je, sincère. Nous trouverons un bijoutier assez habile, et tout rentrera dans l’ordre.
– Ce n’est pas dans cet endroit que nous le trouverons, répondit Chandra en soupirant.
– Nous avons deux destinations possibles de ce côté des montagnes, proposai-je. Les Halls de Thranduil au cœur de la Forêt Noire ou Caras Galadhon en Lothlórien.
– La première est géographiquement plus proche d’ici, mais tant que nous n’avons pas retrouvé nos places respectives, je ne souhaite pas me risquer à entrer dans cette forêt. Les enchantements qui s’y trouvent affaiblissent l’esprit, et la forêt est remplie de créatures dirigées par le Seigneur des Ténèbres.
– Nous irons en Lothlórien alors, conclus-je, pensant aux araignées géantes qui peuplaient la Forêt Noire.

Soudain, je me rappelai qu’Amynduilas avait dit qu’il irait probablement en Lothlórien avec Moela, mais au lieu de m’en réjouir, j’eus un mauvais pressentiment, car ces derniers temps – depuis que j’avais été séparée de mon corps – je n’avais pas pensé à lui un seul instant. Il est vrai qu’il s’était passé suffisamment de choses pour m’occuper l’esprit ces deux derniers jours, mais pas au point d’oublier complètement le Chasseur.

– Si tu pensais que je devais être la seule à faire des efforts, tu te trompais, Lizeth, me prévint Chandra, encore et toujours en train d’écouter mes pensées. Alors que je goûte à la vie mortelle, toi, tu t’en éloignes. Si tu ne veux pas l’oublier, même si je trouve que tu perds ton temps, il va falloir te remettre en question régulièrement.

Chandra se leva et alla nettoyer ses légumes avant de les couper grossièrement et les laisser dans un plat creux qu’elle apporta aux autres membres de la confrérie, qui s’étaient mis en cercle pour profiter du repas. Elle resta calme et silencieuse jusqu’au moment du coucher où elle rejoignit sa paillasse. Tout le monde dormit à la belle étoile, les affaires pour les tentes étant restées avec les chevaux de l’autre côté de la montagne. Les tours de garde se succédèrent jusqu’au lever du soleil et bien que personne ne me vit, je passai la nuit à surveiller les alentours, n’ayant rien d’autre à faire.

Après que tout le monde ait rangé ses maigres possessions, le groupe se retrouva autour des officiers restants de la confrérie : Eljoying, Orchysdal, Thalesir et Rhéo. Habricotine était au premier rang mais avait la mine bien sombre et des cernes sous les yeux. Elle avait probablement été mise au courant de la mort du chef Galaenthir la veille, et n’avait pas beaucoup dormi. Tous attendaient la suite des évènements, maintenant que nous avions tous un moment de répit.

– Chers frères et sœurs, commença Orchysdal, nous pleurons tous la mort de Galaenthir et la disparition de Legalus, mais nous ne devons pas oublier ce qui nous a tous réunis ces dernières semaines. Nous avons répondu présents pour accomplir une mission, et nous l’avons réussie. Habricotine est saine et sauve, parmi nous. A partir de ce jour, les Cavaliers Solitaires n’ont cependant plus de raison d’être, ayant perdu leur chef. Moi, Orchysdal, en tant que Successeuse de la confrérie, je déclare la dissolution immédiate de la confrérie.

Tout le monde avait retenu son souffle et sembla relâcher toute la pression au même moment. Aucun ne protesta, respectant la parole d’Orchysdal et la mémoire de Galaenthir.

– Cependant, reprit Orchysdal, je créé dès aujourd’hui la nouvelle confrérie des Cavaliers, non pas Solitaires, mais Solidaires. Ses portes resteront ouvertes à ceux qui y chercheront refuge. Eljoying sera ma Successeuse et aura tout pouvoir en mon absence, ou si je venais à disparaître.

Eljoying avança de quelques pas pour que tous l’entendent.

– Les officiers seront prochainement désignés, continua Eljoying, mais pour le moment, je souhaiterais que nous réfléchissions tous à ce que nous allons faire maintenant. Deux de nos membres ne sont pas encore au fait des derniers évènements, et Rosalynd attend toujours de nous de l’aide pour retrouver sa mère. Rejoindre nos amis n’est pas incompatible avec la quête de Rosalynd, aussi nous vous proposons de suivre le fleuve Anduin jusqu’en Lothlórien. Irileith nous a promis de nous emmener d’abord chez elle pour que nous puissions nous ravitailler et emprunter des chevaux. Qu’en pensez-vous ?

Les Cavaliers Solidaires crièrent ensemble leur approbation.

 


Les Monts Brumeux (The Remarkables – Nouvelle-Zélande)

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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