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Lizeth Heliandil BG#40

Il arrive un moment où il est plus sage de mettre de côté ce qui n’a pas de réponse au lieu de se démener à en chercher une à tout prix.

Malgré toutes les inconnues, la chose la plus importante que j’avais apprise ce jour-là, c’était que les ennuis arriveraient bien à moi, quoi que je fasse. Alors que la potion de Shabb faisait lentement effet, je regardais dans le vide tandis que Galaenthir tentait de me poser des questions.

– Chef, elle est encore en état de choc, dit le nain alors qu’il essayait de mettre de l’ordre dans ses fioles. Tu devrais revenir plus tard.

Si j’avais pu, j’aurais remercié Shabb pour cette attention. Je n’avais en effet pas la moindre envie de subir un interrogatoire. Galaenthir fit le tour de la paillasse sur laquelle j’étais allongée et s’agenouilla pour être à ma hauteur. Il posa sa main sur mon épaule et tout à coup j’eus peur qu’il me secoue pour me faire sortir de ma torpeur, bien qu’elle soit feinte.

– Rosalynd, j’espère que tu comprends que nous devons très vite nous remettre en route. Nous lèverons le camp aux aurores. Habricotine compte sur nous !

Sans même me sourire, arborant son éternel regard grave, il se redressa et se dirigea vers la sortie. Le rabat de l’entrée de la tente venait à peine de retomber qu’une autre personne entrait. Comme je continuais de fixer la toile brune à l’opposé, je ne pus que voir du coin de l’œil Shabb qui sortait la tête de son sac et qui souriait au nouvel arrivant.

– Ah, je crois bien qu’il y a quelques herbes dans les parages qui rempliront bien mes petits stocks, déclara le ménestrel en levant des yeux pensifs. Je m’en vais me dégourdir les jambes !

Quelques secondes suffirent pour qu’il déserte la tente et me laisse seule avec Amynduilas. Ce dernier s’était assis sur ma gauche et je sentais son regard posé sur moi.

– J’ai entendu la conversation que tu as eue tout à l’heure avec Moela, dis-je à voix basse la première, sans tourner la tête vers lui.

Mes bras et mes jambes étaient encore engourdies, mais mes lèvres avaient cependant été les premières à recouvrer vie.

– Je venais justement t’en parler, annonça-t-il sans paraître surpris par mon indiscrétion.
– Moela n’a pas à s’en vouloir, repris-je. N’importe qui conclurait hâtivement qu’elle m’a envoyée dans un guet-apens. Mais je suis convaincue du contraire, ajoutai-je en dévoilant finalement les hématomes qui recouvraient la partie du visage que je cachais. Non seulement parce que notre ennemi serait tout à fait capable de la manipuler, mais surtout parce que… hé bien, c’est de Moela qu’il s’agit. Elle mérite toute ma confiance.
– Je suis heureux de te compter parmi les personnes qui croient en son innocence…

Il avait ce sourire apaisant sur les lèvres qui me réchauffait et me faisait fondre le cœur. Je savais cependant que notre discussion allait maintenant prendre une autre tournure.

– Mais… ? demandai-je. D’autres ne sont évidemment pas de cet avis.
– Seul le chef pense le contraire, répondit Amynduilas. Il prend cette histoire comme une quête personnelle, alors que nous devrions tous être solidaires. Moela a toujours été totalement dévouée à la cause de la confrérie, et de ce fait elle supporte assez mal de ne plus avoir la confiance de Galaenthir.
– Je vois… acquiesçai-je. C’est pour cette raison que vous allez partir…

C’était vilain d’écouter aux portes mais quand l’on n’avait aucune autre chose à faire que de rester allongée en attendant qu’une potion fasse effet, c’était souvent plus fort que soi. Amynduilas et Moela s’étaient trouvés probablement près des chevaux pour être tranquille, mais assez proche de ma tente pour mes oreilles fines. J’avais appris que certains membres de la confrérie avaient souvenir de l’échange que j’avais eu avec Moela avant qu’elle ne m’envoie vers Amynduilas quelques heures plus tôt, et la question de sa culpabilité avait été relevée.

Puis, j’avais eu la légère et désagréable impression de tomber d’une falaise lorsque j’avais entendu qu’ils comptaient tous les deux faire une pause et quitter le groupe pour se donner l’opportunité de faire le point sur la situation. L’expérience qu’avait eue Moela dans les Galgals était venue appuyer l’argumentaire et l’issue de la conversation était alors fixée.

J’essayai de ne laisser transparaître aucune émotion en disant ces derniers mots.

– Moela a besoin de s’éloigner de la confrérie un moment, expliqua Amynduilas en mesurant ses mots. Je ne peux la laisser seule, je l’accompagnerai.
– Je comprends…

Il s’approcha un peu et posa sa main sur la mienne. Intérieurement, je ne savais pas si je devais repousser son geste en signal de frustration, ou si je devais le laisser faire. Mais comme je ne pouvais encore bouger mon bras, la question était réglée. Je tentai de chasser ce sentiment d’égoïsme pour garder le contrôle sur mes nerfs.

– Nous irons plus loin vers l’Est, au-delà des Monts Brumeux, probablement vers le domaine de la Lothlórien. Si Galaenthir décide de poursuivre vers la Forêt Noire pour aider ta mère, c’est par là qu’il passera, et nous aurons eu le temps de prendre une décision, Moela et moi.

Le baiser qu’il déposa ensuite sur mon front me fit l’effet d’une flèche en plein cœur. J’eus envie de crier ma désapprobation quant à son départ, mais j’étais complètement pétrifiée.

Moela avait besoin de lui bien plus que moi. C’est pourquoi je ne dis rien quand il ajouta que j’étais forte et que je n’aurai aucun souci à surmonter toute cette – oh combien maudite ! – situation. Je ne dis rien quand il me confia qu’il souhaitait que j’évite les problèmes – se moquait-il de moi ? – et, finalement, je ne dis rien quand il me dit au revoir.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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