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Lizeth Heliandil BG#35

De la poussière tombait du plafond à chaque fois qu’un éclair s’abattait dans le coin, et dans les moments les plus silencieux, il était possible d’entendre le vent souffler. Quelques-uns de mes compagnons avaient allumé un feu au centre de la pièce et s’y réchauffaient autour. D’autres discutaient avec les nains des lieux. Quant à moi, j’étais debout le dos posé contre le mur du fond, contemplant sur ma gauche la petite chute d’eau qui se déversait son eau plus bas jusque dans les couloirs souterrains des ruines dans lesquelles nous nous trouvions. Notre hôte, un nain du nom de Refr Vifargent, nous avait souhaités la bienvenue en sa « demeure » qu’il appelait Iorvinas, et nous avait invités à nous mettre à nos aises le temps que la tempête qui faisait rage au dehors se calme.

– Oh là, oh là, à quoi pense donc mademoiselle-bouche-bée ? me fit sortir une voix de mes pensées.

Je tournai le regard vers le nain qui quelques moments plus tôt était apparu à dos d’ours et dont le langage portait à confusion. Il avait une moustache et une longue barbe grise et ses yeux semblaient se cacher derrière de gros sourcils touffus. Il resta planté devant moi avec un large sourire.

– Ce à quoi je pensais ne vous concerne en rien, répondis-je un peu sèchement préférant garder mes distances en le vouvoyant.
– Oh, ne te méprends pas sur mes intentions. Je venais juste me présenter. Je m’appelle Siloinsiproche.

Quel drôle de nom, pensai-je. Et peu commun pour un nain. Il devait probablement s’agir d’un pseudonyme. Je ne montrai aucune réaction, comprenant qu’il faille parfois user d’un faux nom pour ne pas se faire remarquer.

– Je suis Rosalynd, pas « mademoiselle-bouche-bée », me présentai-je à mon tour en esquissant un sourire en coin.
– C’est noté, dame Rosalynd, dit-il en faisant une révérence.

L’ambiance se fit alors plus détendue, aussi je me décollai du mur et me rapprochai du nain. Tout bas, je l’interrogeai, la curiosité l’emportant sur le reste :

– Dites-moi donc, cet ours est-il vraiment votre animal de compagnie ?

Siloinsiproche ricana et après avoir jeté un coup d’œil vers l’animal noir qui faisait une sieste dans l’autre coin, il me répondit :

– Oh, non, il s’agit d’Irileith, c’est une Béornide… Ah, ne tire pas cette figure-là, il y en a d’ailleurs une parmi vous. Celle qui jacasse avec l’attroupement de filles en haut de l’escalier, tu la vois, la plus grande ?
– Corbylin ?
– Oui, c’est ça. Tu ne savais pas qu’elle était un changeur de forme ?

J’allais lui avouer que je n’avais pas eu beaucoup de contacts avec Corbylin et que je ne l’avais encore jamais vue se transformer… en ours ? Il était vrai que maintenant, je remarquais qu’elle dépassait toutes les autres filles d’au moins deux têtes.

– Bien sûr que je le savais ! mentis-je en haussant les épaules. Mais donc, affichant de nouveau un air sérieux, pourquoi Irileith ne reprend-elle pas sa forme humaine ?
– Bonne question ! A mon avis, elle doit avoir ses chaleurs, toutes les femelles sont irritées dans ces moments-là, non ?

Choquée de nouveau par ses paroles crues, je me raidis.

– Les Béornides ont besoin d’être en colère pour se transformer, c’est dans les hormones tout ça, mais je ne fais que spéculer, il faudrait demander à un vétérinaire pour en être sûr.
– Mais c’est affreux ce que vous dites ! m’emportai-je, les poings sur les hanches, attirant de ce fait l’attention sur nous.

Siloinsiproche éclata de rire.

– Ce n’est rien, mes amis, Rosalynd n’est pas encore habituée à mon humour !! expliqua-t-il en levant légèrement les bras.

De mon côté, je virai au cramoisi et rentrai la tête dans les épaules.

– Vous ne devriez pas dire de telles choses, vous finirez par blesser quelqu’un, lui dis-je entre les dents.
– Voyons, mon petit, on ne refait pas le nain que je suis ! Bien ! Et si tu me présentais cette jeune Elfe qui te ressemble comme deux gouttes d’eau, j’aurais peut-être plus de chance avec elle ! s’exclama-t-il en me lançant un clin d’œil.

Je lui présentai alors Kintyra et fus surprise que ces deux-là s’entendent à merveille. Siloinsiproche était lui aussi ménestrel et ils avaient l’air de vouloir se raconter des histoires comme de vieux amis. Je levai les yeux au ciel et soupirai.

– Kintyra, ma jolie, pourquoi ne chanterais-tu pas un petit quelque chose pour passer le temps ? s’écria soudain le nain. Peut-être une chanson qui vient de chez toi ?
– Oh, je ne suis pas sûre… commença ma sœur.
– Ne sois pas timide, va !

Siloinsiproche s’approcha du feu de camp et tapa dans ses grosses mains.

– Oyez ! Oyez ! Brave gens ! Kintyra va nous faire l’honneur de nous divertir un peu !
– Je.. maître nain, non…

Je regardai Kintyra avec inquiétude. Il était rare qu’elle se montre aussi timide.

– Bon, c’est d’accord… se résolut-elle. Mais à une condition.
– Laquelle, ma chérie ?
– Que ce soit Lizeth qui chante. Je l’accompagnerai à la harpe.

Je relevai les yeux vers elle, ne cachant pas ma surprise.

– Lizeth ? Qui est donc Lizeth ? demanda le nain.
– C’est moi, dis-je d’une voix dépitée en levant la main. Kin…
– Fais-moi ce plaisir, Liz, cela fait si longtemps que l’on n’a pas fait de duo, m’encouragea-t-elle en me prenant les mains et en me regardant dans les yeux.

Comment refuser devant le regard qu’elle me lança à ce moment-là ? C’était ridicule, nous ne faisions cela que toutes les deux, et sans public. Du coin de l’œil, je vis que tous les visages étaient tournés vers nous. Le chef nous regardait avec intérêt et s’était même rapproché. Amynduilas n’avait pas bougé, mais je savais qu’il n’en perdrait pas une miette. Je devais être aussi rouge qu’une tomate.

– Tu me revaudras ça, Kintyra, abandonnai-je en soupirant. Que veux-tu que je chante ?
– Celle qu’on a inventée après le cours de Mère, ça te va ?

Siloinsiproche alla s’asseoir entre Orchysdal et Eljoying à côté du feu, et se frotta les mains en nous souriant. Essayant d’oublier qu’une quinzaine de personnes étaient en train de me regarder, je fermai les yeux et écoutai en silence les premières notes que joua Kintyra. C’était une mélodie très calme, et je me laissai emporter quelques secondes par la musique avant de commencer à chanter :

« A Vertbois-le-Grand, les branches sombres guettent
La dame aux cheveux d’or qui seule surveille
Les chemins sinueux derrière mon village
Moi, je cherche son ardent visage.

– C’est une chanson d’amour ? entendis-je murmurer Siloinsiproche tout bas à sa voisine de droite.
– Shhht, non ! chuchota Eljoying en lui filant un coup de coude dans les côtes.

« Depuis notre enfance nous nous sommes entraînés
A manier l’arc fin et la brillante épée
A la lueur vive de nos feux de camp
Nous vivions là nos meilleurs instants.

« Mais voilà que le bon roi nous appelle
A protéger ce qu’il reste de nos terres.
Par le passé, deux fois nous dûmes reculer
Devant l’Ombre qui plus bas sévissait.

« Recherchant la paix, nous avons marché
Aux côtés de nos frères vers le danger
Sur le champ de bataille ils approchaient
Et nous trop peu pour rivaliser.

 

« Le porteur d’Aeglos ne put donner le signal
Que notre roi lançait déjà son assaut fatal
Et sur les berges du sombre Marais des Morts
Il fournit là son ultime effort.

« L’héritier n’eut alors plus d’autre choix
Que de prendre la place de feu le roi
Quand vint enfin l’aider le dôme étoilé
Et le tirer du piège où il était

« Avant la fin du Souverain de l’Ombre
Le prince contemplant d’un oeil bien sombre
Revint sous un ciel gris chargé de larmes
A la tête du tiers de ses frères d’armes

« Dans la forêt, les branches sombres guettent
La dame aux cheveux d’or qui seule surveille
Les chemins sinueux derrière mon village
Et elle, douce chaleur, cherche mon visage.

 

Je finissais sur une longue note et vis que tout le monde retenait son souffle, même Siloinsiproche. Certains avaient même les yeux brillants à la lueur des flammes du feu de camp. Me souvenant qu’Amynduilas venait de la Forêt Noire, je cherchai son regard.

Ses yeux croisèrent les miens. Ils semblaient reconnaissants et tendres.

Je me rendis compte à ce moment précis combien ma maison me manquaient terriblement…

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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