Menu Accueil

Lizeth Heliandil BG#34

J’étais rentrée à l’auberge et avait été directement dans ma chambre. Personne à part Amynduilas ne savait ce que j’étais allée faire et c’était mieux ainsi. Kintyra était déjà couchée et je ne l’avais pas dérangée, et j’avais réussi à fermer l’œil un peu avant l’aube, me reposant qu’une petite heure, car Galaenthir avait souhaité que nous partions le plus tôt possible.

Lorsque je préparai ma monture pour le départ, je fis comme si de rien n’était. Ce qu’il s’était passé cette nuit-là pouvait très bien passer inaperçu, le sort de Lissenka ne troublerait pas notre dessein principal. Cependant, je ne pouvais m’empêcher de revoir son visage déformé par la terreur.

– Quelque chose ne va pas, Lizeth ? me demanda Kintyra alors que nous venions de monter en selle.
– Non, tout va bien, je n’ai pas très bien dormi, c’est tout, lui dis-je, préférant garder la nouvelle pour moi.
– Encore un cauchemar ? s’inquiéta-t-elle.
– Non, j’ai trop dormi hier dans la journée, je pense être un peu décalée.
– Tu rattraperas ça ce soir, déclara-t-elle en me lançant un clin d’œil. On devrait avoir quelques jours de tranquillité.
– Je l’espère bien.

Plus loin vers le devant de la file que nous formâmes en partant de l’auberge, je vis Amynduilas et Moela côte à côte. Je me demandais si Moela avait récupéré de sa mésaventure. Ils avaient l’air tous les deux très calme et je préférai alors ne pas les déranger. La capitaine avait été sur le point de mourir dans les Galgals mais elle avait insisté pour rester dans son équipe. Galaenthir avait cédé et avait demandé à Legalus, son chef de groupe, de la ménager pendant quelques jours le temps qu’elle reprenne des forces.

***

Le temps qui nous accompagna pendant toute la matinée fut nuageux, et les paysages des marais de l’Eau-aux-Cousins de Bree n’apportèrent guère de la couleur à l’ambiance grisâtre et humide. Petit à petit, les arbres se firent plus rares et nous vîmes dans le lointain les sommets des Terres Solitaires.

– Ces routes sont-elles souvent aussi désertes ? demandai-je à Orchysdal en rapprochant mon cheval du sien.
– Te languis-tu d’action, Rosalynd ? me répondit-elle. Ces derniers temps, tu n’en manques pourtant pas. Tu devrais être soulagée de pouvoir avoir un petit moment de paix.
– C’est étrange que tu me dises ça, Kintyra m’a fait la même remarque ce matin.
– C’est que ça doit être vrai alors.

Je restai là à la regarder avec étonnement et incompréhension.

– Ai-je dit ou fait quelque chose d’étrange ? poursuivis-je. Je m’étonnais juste de ne rencontrer personne sur ce chemin.
– Ne t’inquiète pas si nous sommes tous sur la défensive en ce moment.
– Veux-tu en parler ?
– Pas vraiment, mais si je peux te dire une chose, c’est que je ne sens pas cette histoire, il y a bien trop d’inconnues dans l’équation. Je n’aime pas du tout ça.
– Je ne peux pas te contredire sur ce point-là.
– Si je puis me permettre, reprit-elle après quelques secondes de silence, j’aimerais te donner un petit conseil.
– Je t’écoute, lui dis-je en fronçant les sourcils, m’attendant à tout.
– Tu devrais faire attention avec tes sentiments. Ne va pas mettre en danger le groupe sur un coup de tête. Ça va bientôt devenir très sérieux. Je ne dis pas cela uniquement pour ce qu’il s’est passé à Mithrenost il y a quelques mois. Si quelque chose arrive à quelqu’un du groupe, c’est tout le groupe qui en pâtit. Nous sommes tous solidaires, tu comprends.

Je comprenais parfaitement où elle voulait en venir. Mais les choses avaient changé depuis Mithrenost et je n’allais pas refaire deux fois les mêmes erreurs. Je sentais cependant que son avertissement allait plus loin que la solidarité dont elle défendait les valeurs. Je décidai cependant de ne pas argumenter plus avant sur le sujet, et acquiesçai en souriant légèrement.

– Je suis contente que l’on se comprenne, Rosalynd, me dit-elle en me renvoyant mon sourire.

A ce moment, une bourrasque de vent parcourut la colonne que nous formions. Je vis au loin que le ciel s’était assombri et avait pris une vilaine couleur grise. La masse de nuage venait droit sur nous. Orchysdal se raidit sur sa selle et s’écarta de moi, poussant sa monture pour rejoindre la tête de la file où se trouvait Galaenthir. Je pouvais sentir la nervosité de mon cheval et alors qu’Eljoying et Legalus me dépassaient également pour aller discuter avec les autres officiers, il me parut voir une étincelle provenir de la sacoche runique du Gardien des Runes. N’étant pas très loin derrière, je pus entendre leur conversation :

– Une grosse tempête se dirige droit sur nous, déclara Galaenthir.
– Mes runes l’ont sentie, commenta Legalus, elles sont chargées à bloc. Ça va faire mal, il nous faut un abri.
– Mais elle va nous ralentir. Pouvons-nous nous permettre de prendre encore plus de retard ? demanda Eljoying, inquiète.
– Nous n’avons pas le choix, affirma le chef, étant donné l’étendue de cette tempête, je dirais que les Semi-Orques ont dû également être retardés. Cela revient donc au même. J’espère seulement qu’ils auront trouvé un bon abri.
– C’est ce qu’il nous faut tout de suite ! Quelqu’un connait-il une grotte ou autre chose qui pourrait nous servir de refuge ? demanda Eljoying.
– Ost Guruth est plus loin sur la route, mais tout le monde là-bas doit déjà être en train de se protéger. Dans cette partie du désert, les orages sont particulièrement violents et je ne parle pas du vent qui balaye tout sur son passage, renchérit Galaenthir. Nous ne pourrons rien faire, et encore moins les chevaux.
– Il y a bien des ruines dans le coin, mais elles grouillent de bandits, annonça Orchysdal. Même si nous sommes nombreux, eux connaissent le terrain, et je ne nous vois pas partager pacifiquement un abri.
– Trêve de bavardage, coupa le chef, éloignons-nous de la route et cherchons un endroit sûr. Faites-en part aux autres. Allons-y !

Les alentours n’étaient faits que de roches et d’herbes sèches. Quelques arbres venaient agrémenter le paysage, mais ils n’étaient pas nombreux. Le ciel s’était déjà obscurci et le vent levé, il nous fallait nous dépêcher.

– Un voyage paisible et tranquille, murmurai-je entre mes dents, pour moi-même.

Tout à coup, alors que je contournai un amas de rochers, mon cheval se cabra et je faillis tomber de selle. Lâchant un cri de surprise, ce n’est que lorsque ma monture revint sur ses quatre sabots que je vis devant moi un énorme ours noir. Je vis surtout ses grandes dents blanches et son regard en colère. Une marque blanche ressemblant une balafre était peinte sur sa tête au niveau de son œil droit. Je remarquai ensuite le nain qui était assis confortablement sur son dos. Il avait une longue barbe et portait une armure rouge sombre. Sa cape blanche à capuche claquait dans le vent.

– Hé là, tout doux ma jolie, dit le nouveau venu. On les a rejoints, c’est bon !

Il caressa les poils épais du cou de l’ours. Celui-ci ne sembla pas apprécier et grogna de mécontentement. Le nain n’en tint pas compte et releva les yeux vers moi avant de m’offrir un large sourire.

– Bien le bonjour ! J’aimerais beaucoup faire des présentations en bonne et due forme, mais le temps presse. Rassemble donc ton troupeau, j’ai un ami qui a une grotte sympathique dans le coin, par-là.

Devant mon air surpris, il reprit :

– Ferme donc la bouche, ou tu risques d’avaler un insecte ! Ce n’est pas très joli de la part d’une Elfe !

Je m’exécutai et en rougis de honte. Ce n’était de plus pas exactement l’expression la plus respectueuse à avoir en présence d’un inconnu. Mais qui était donc ce personnage et pourquoi se permettait-il de telles familiarités ? J’allais lui répondre quand j’entendis des bruits de sabots dans mon dos. En me retournant, je vis Orchysdal s’approcher.

– Mais c’est pas vrai ! JE N’Y CROIS PAS !!!
– Oh ! Oh ! Oh ! Dame Orchysdal, quel honneur ! s’écria-t-il en inclinant la tête en guise de salutations.
– Que viens-tu faire ici, tu promènes ton nouvel animal de compagnie ? demanda Orchysdal sur un ton qui se voulait moqueur.

En entendant ces mots, les yeux de l’ours se rétrécirent et la bête grogna de plus belle.

– Si j’étais toi Orchys, je surveillerais mon langage ! l’avertit le nain.
– C’est vraiment l’hôpital qui se moque de la charité ! s’esclaffa l’Elfe.
– Toujours aussi délicieuse, c’est bon à savoir ! Je suis venu vous proposer mon assistance. Il m’a semblé que vous cherchiez un refuge où passer le temps. Je racontais à mademoiselle bouche-bée ici présente que j’en connaissais un tout près. Si vous voulez bien me suivre.
– C’est entendu, j’appelle les autres ! déclara Orchysdal, redevenue sérieuse tout à coup.

Quelques minutes plus tard, nous étions devant une porte qui semblait mener au centre d’une petite montagne. A la porte, je vis un nain qui nous fit signe de la main et qui nous invitait à entrer à l’intérieur. Un par un nous nous introduisîmes dans ce que je considérai plus comme l’entrée d’un tombeau en ruine. Après un escalier qui descendait nous attendait une large plateforme où nous commençâmes à nous installer. Une cascade coulait dans le fond et plus loin de nouvelles marches menaient vers d’autres profondeurs.

– Il n’y a plus qu’à attendre la fin de la tempête… dit Orchysdal en soupirant.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

Laisser un commentaire