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Lizeth Heliandil BG#32

Je ne connaissais pas le passé d’Amynduilas. Les quelques informations dont je disposais n’incluaient et n’expliquaient pas ce que j’étais en train de vivre. Les déductions que l’on peut faire dans ce genre de situation peuvent aller loin, et être bien loin de la réalité. Je m’obligeai donc à ne pas conclure trop vite ce que je n’étais pas encore en mesure de comprendre.

– Je ne vais pas y aller par quatre chemins, reprit Lissenka au bout de quelques secondes. Je vais tout de suite t’exposer la situation. Il me suffit d’un battement de cil pour arrêter le cœur de cette chère Moela et il me suffit d’une légère pression sur ce poignard pour trancher la jolie gorge de ta petite amie. Evidemment, je pourrais les tuer toutes les deux tout de suite, mais je préfère te laisser le choix. L’une vivra, l’autre non.

Amynduilas restait de marbre et encaissait l’ultimatum. Quoi qu’il se fût passé, Lissenka désirait se venger d’Amynduilas, et la bonne nouvelle était que ça ne lui suffisait pas d’en finir tout de suite. La mauvaise, en revanche, était que je ne voyais pas comment nous allions résoudre le problème, vu le peu de marge de manœuvre dont nous disposions.

– Tu ne vas tuer aucune d’entre elles, déclara Amynduilas. Nous allons parler et régler tout ceci au c…
– CROIS-TU QUE J’AI FAIT TOUT CA POUR AVOIR UNE DISCUSSION AVEC TOI ??? piailla Lissenka. Je suis ici pour me venger ! Pendant que tes amis sont dehors occupés avec les morts des Galgals, je compte m’occuper de toi !
– Lissenka…
– CHOISIS AMYN ! Moela ta meilleure amie, ou cette Elfe que je tiens là, comment l’as-tu appelée déjà ? Rosalynd ? C’était attendrissant de te voir t’inquiéter pour elle, et rien que d’en parler, ça me donne envie d’en finir tout de suite !


« Je pourrais les tuer toutes les deux tout de suite, mais je préfère te laisser le choix. »

Elle me bascula la tête en arrière en me tirant de nouveau les cheveux. Un frisson me parcourut l’échine, mais pas de ceux que l’on ressent lorsqu’il fait froid, ou même quand on se trouve devant quelque chose qui nous fait vraiment peur. C’était un frisson d’effroi devant la mort. Mais alors que je sentais la lame de Lissenka faire pression sur mon cou, une vive chaleur me brûla la poitrine, juste à l’endroit où se trouvait mon pendentif sous ma chemise. Ma vue se brouilla, et les sons me parurent lointain. J’entendais Amynduilas qui continuait d’essayer de raisonner ma tortionnaire, mais je n’arrivais plus à comprendre ses mots. Le temps parut ralentir jusqu’à se figer complètement.

– Souhaites-tu que je prenne la suite en main ? me susurra une voix dans ma tête.
– Peux-tu nous sauver toutes les deux, Moela et moi ? pensai-je.
– Si tu me laisses faire, oui, et bien plus.
– Comment comptes-tu faire, Chandra ?
– C’est une surprise…

Je me remémorai alors le moment où j’allais tomber de cet arbre. J’avais attendu l’impact et avais senti juste avant comme si l’on m’expulsait de mon corps, et tout était devenu léger. C’était à ce moment-là que Chandra avait pris possession de moi, et j’avais eu la désagréable impression qu’on venait de me voler, de me retirer tout ce que je possédais.

– Si tu acceptes volontairement, ça sera différent, me dit Chandra, en réponse à mes pensées. Tu aimeras peut-être ça.

Ce n’était pas comme si j’avais le choix. Celui d’Amynduilas lui était impossible et à moins d’un miracle, il allait falloir que je décide si oui ou non j’allais laisser cette créature prendre le contrôle de mon corps. J’étais tout simplement terrifiée, et en aucune façon prête à prendre tant de responsabilité. Mais avais-je vraiment le choix ? Au bout d’un moment, quelques secondes peut-être, je me résignai, et m’inclinai devant l’inéluctable. Je baissai ma garde, et laissai la place.

– Ainsi soit-il, déclara Chandra.

***

En effet, c’était bien différent. Consciente du processus, j’étais naturellement plus calme. J’étais debout près de là et j’observais. Je me vis agrippée aux poignets de Lissenka et je pouvais maintenant apercevoir son visage, déformé par la vengeance et pourtant, encore joli. C’était une Elfe au teint clair, les cheveux bruns, les lèvres fines. Le temps reprit peu à peu ses droits, et tout se remit en mouvement.

– Tu n’es qu’une idiote, Lissenka, m’entendis-je dire.

C’était une très étrange vision que de me voir prononcer des mots qui ne m’appartenaient pas. Ma voix était un peu cassée, et pas très forte. Il faut dire après tout que j’avais toujours un couteau sous la gorge.

– QU’AS-TU DIT ? s’offusqua Lissenka.
– Tu pensais que faire confiance à un esprit allait t’aider à te venger ? Qu’en pensera-t-il quand il saura que tu laisseras peut-être la vie sauve à cette jeune humaine ? Tu as interrompu le rituel, il doit déjà être au courant ! Mais qu’est-ce donc ? Est-ce le silence que j’entends ?

Je lus dans les yeux de Lissenka une surprise que je n’expliquais pas. Les morts-vivants étaient pourtant toujours en train de chanter tout autour de nous. J’étais d’ailleurs étonnée qu’ils aient continué leur litanie. De toute évidence, Lissenka, elle, ne les entendait plus, et semblait terrorisée de ce simple fait. Elle jeta des regards effrayés vers la droite et vers la gauche. Le pouvoir que Chandra me révélait était étonnant. Pouvait-elle vraiment endormir les sens de Lissenka ? Le contraire, en revanche, si cela était possible, m’inquiéta grandement.

Je pouvais ressentir le calme avec lequel Chandra exerçait son emprise sur elle, et cela lui paraissait tellement simple. Avec une telle pression, comment se faisait-il qu’elle ne m’avait pas encore tranché la gorge ? Je remarquai qu’elle ne tremblait pas de la main sur laquelle j’avais, ou devrais-je dire, sur laquelle Chandra avait la sienne.

Tout à coup, je me vis en train de fixer intensément vers l’avant. Je tournai la tête en suivant la trajectoire et me rendis compte que Chandra observait Amynduilas. Ce dernier regardait la scène avec les sourcils froncés. Quelques secondes plus tard, Chandra reprit à voix haute.

– Lissenka, l’interpella Chandra pour retrouver toute son attention, ce brasero est bien trop proche de toi, à force de jouer avec le feu, tu vas te brûler. Ta manche n’est-elle pas déjà en flammes ?

Soudain Lissenka poussa un affreux hurlement. Elle me lâcha les cheveux et me libéra totalement de son étreinte. Tandis que je me relevais et m’écartais d’elle, je la vis se tapoter le bras avec son autre main. Il n’y avait aucune flamme sur son manteau, mais à en croire ses cris, Lissenka était persuadée du contraire. A ce même instant, les morts-vivants cessèrent de chanter et se réveillèrent de leur transe. Lissenka avait probablement perdu le contrôle sur eux, et ils ne tarderaient pas à se rendre compte de la situation. Etrangement, Amynduilas était déjà prêt, banda son arc et tira quelques flèches. Ces ennemis étaient encore des proies faciles, et mon compagnon avait profité de cet avantage avant qu’il ne disparaisse totalement. Il transperça quelques crânes avant de sortir son épée de son fourreau et de se précipiter à l’assaut de ceux qui se rapprochaient du centre du cercle où nous nous trouvions Moela, Lissenka et moi.

Je m’approchai et vis dans mes yeux une sombre lueur de colère. C’était une couleur très sombre, qui me fit me rappeler du cauchemar que j’avais fait d’il y a deux jours. Etait-ce le même regard que j’avais eu dans cette salle bondée de monstres que je voyais là ? Si j’avais été dans mon corps, j’aurais probablement eu une boule dans la gorge. Qu’avais-je donc déclenché en laissant cette chose prendre possession de mon corps ? Lissenka s’était jetée à terre et tentait probablement d’éteindre des flammes imaginaires. Elle continuait de hurler à la mort et ses cris perçants additionnés des bruits du combat auquel Amynduilas participait commençaient étrangement à me remplir de désespoir. Je me sentis alors très las et fatiguée.

– Chandra, cesse ceci sur-le-champ, lui demandai-je mentalement en approchant la main de mon épaule. Celle-ci la traversa complètement et je ressentis une sorte de picotement désagréable.
– J’en aurais bientôt fini ici, déclara Chandra en n’arrêtant pas de fixer Lissenka.
– Non, ça suffit, Lissenka ne s’en remettra pas, tu vas la tuer, déclarai-je en ressentant tout à coup de la pitié pour l’Elfe devant moi.
– Elle allait tous vous tuer, pourquoi devrais-je arrêter ? N’était-ce pas cela que tu voulais ?

Chandra avait raison, quelques minutes plus tôt, j’aurais souhaité qu’elle paye pour le mal qu’elle avait fait à Moela, mais méritait-elle de finir comme ça ? Vraiment ?

– ARRÊTE TOUT DE SUITE ! criai-je tout à coup, et c’est avec stupéfaction que je me vis crier la même chose.

Amynduilas marqua une pause pour regarder dans ma direction et évita de justesse le coup d’épée de son adversaire. Il réagit instantanément pour décapiter le dernier mort-vivant encore debout. Je pus ensuite le voir de mes propres yeux. Il rangeait son épée mais gardait son arc à la main. Tout était fini.

La pression redescendue, j’avais retrouvé mon corps, et mes nerfs lâchant, je fondis en larmes en tombant sur les genoux. Lissenka avait arrêté de crier, elle était allongée sur le dos, et ne bougeait plus. Avait-elle perdu connaissance ou avait-elle perdu la vie ? Je n’avais pas la force de regarder. Du coin de l’œil, je remarquais qu’Amynduilas s’était penché au-dessus de Moela et lui caressait les cheveux. Elle avait ouvert les yeux et avait l’air très secouée. Tout en la réconfortant, Amynduilas me lança un regard triste que je ne réussis pas à soutenir.

Je préférai regarder les dalles de pierre du sol.

– C’est dommage, Lizeth, me murmura la voix de Chandra. Mais tu changeras d’avis, tu verras. Et j’ai tout mon temps.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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