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Lizeth Heliandil BG#26

J’étais dans une salle éclairée par des braseros. Le sol de pierre brute était recouvert par endroits avec de lourds tapis rouges. Des bancs en bois peints de noir étaient disposés de part et d’autre d’une allée centrale menant à une sorte d’estrade surélevée où il y avait un imposant trône de pierre. La pièce était pleine de monde et tous les sièges étaient pris par des Semi-Orques, des Orques ou des Ourouks. Quelques gobelins parsemaient le fond de la salle. J’étais debout au milieu de l’allée, le trône à quelques mètres derrière moi. Je regardais la foule, qui semblait s’impatienter. Certains tournaient la tête vers l’immense porte, seule issue possible, attendant probablement que quelqu’un la franchisse. Il devait s’agir d’une salle d’audience. Je n’avais aucune idée de l’endroit où je me trouvais, et je ne devais pas être vraiment là, car le public ne faisait pas attention à moi.

Soudain, quelques sorciers vêtus de pourpre et armés jusqu’aux dents entrèrent dans la pièce. Ils formaient deux files bien ordonnées. Au milieu de ce cortège, je vis apparaître une silhouette encapuchonnée. Elle était suivie par une autre, plus petite. Lorsque les sorciers passèrent près de moi, les deux files se scindèrent en deux et allèrent se positionner au pied de l’estrade, formant une ligne devant les monstres présents. Je remarquai que ceux-ci s’étaient tus. Le silence était d’ailleurs tombé d’un seul coup. Je ne parvins pas à voir le visage du premier individu. La capuche était bien trop large, mais il m’a semblé voir un éclat doré. Il portait probablement un masque. En revanche, c’était une certitude pour la seconde silhouette. Elle portait un masque noir sur le haut du visage, sous une couronne de la même couleur. Elle portait une houppelande de velours sombre, et dessous une robe échancrée sur les deux côtés. Des gants de soie ornementés de quelques bracelets de métal recouvraient ses bras nus et blancs comme neige. Des cheveux bruns tombaient sur ses épaules et je déduisis d’après la forme de ses oreilles qu’il s’agissait d’une Elfe. Détail intrigant : sa démarche m’était familière. Mon cœur ne fit qu’un bond quand je vis pendu à son cou le pendentif doré que je gardai toujours sur moi. Le bijou brillait d’une vilaine couleur rouge. Etant donné son importance, je ne prévoyais pas de le céder à qui que ce fut, si bien que j’en conclus qu’on avait dû me le prendre de force. A cette pensée, je me demandais si cette scène n’était pas une vision du futur. Mais ne connaissant pas exactement l’histoire de mon collier, il pouvait tout aussi bien s’agir d’un évènement passé.

Au moment de passer à ma hauteur, mon sang se glaça quand elle tourna légèrement la tête dans ma direction en marquant une pause. Me voyait-elle ? Rien n’était sûr, car la seconde suivante, elle reprenait sa route vers l’estrade et le trône. Les deux nouveaux personnages gravirent les quelques marches pour se tenir devant toute l’assemblée. L’Elfe se tourna alors vers la silhouette encapuchonnée et retira sa cape. Elle la lui remit, et ce dernier s’inclina très bas.

Lentement, elle se dirigea devant son trône et fit face au public. Elle resta là à contempler le spectacle, et cela semblait la satisfaire, car elle arborait un léger sourire. Au bout de quelques secondes, elle leva les mains et les porta à son visage. Elle allait dévoiler son visage. Je ne pouvais pas me rapprocher, alors je plissai les yeux, prête à reconnaître ou non le personnage. Tous les spectateurs étaient comme moi, ils retenaient leur souffle.


Elle s’assit confortablement sur les coussins pourpres recouvrant son trône

Un frisson me parcourut l’échine quand je vis la figure de l’inconnue. Il n’y avait quasiment plus de doute lorsqu’elle laissa voir ses grands yeux verts clairs. Si l’on mettait de côté les cheveux couleur ébène, elle me ressemblait comme deux gouttes d’eau. Cela expliquait pourquoi sa manière de marcher me disait quelque chose. Tout le monde commença à l’acclamer avec force. Ils étaient tous déchaînés et brandissaient leurs poings vers le haut. Elle écarta les bras en acceptation de l’accueil que l’assistance venait de lui offrir. Puis elle recula et s’assit confortablement sur les coussins pourpres recouvrant son trône.

***

Je poussai un cri en me réveillant en sursaut. Mon cœur battait la chamade et mes mains tremblaient d’effroi. J’avais une pellicule de sueur sur le visage et je vis Kintyra se redresser lentement de sa paillasse, les yeux encore endormis.

– Lizeth… que se passe-t-il ? me demanda-t-elle, la voix enrouée.
– Kin… juste un mauvais rêve. Je suis désolée de t’avoir réveillée. Tu peux te rendormir.

Je n’attendis pas sa réponse. Je pris ma cape et sortis de la tente. Quelques-uns des membres de la confrérie étaient déjà autour du feu et se préparaient quelque chose à manger. D’autres avaient sorti la tête de leur tente. Tous regardaient dans ma direction, et je supposai que mon réveil n’était pas passé inaperçu.

– Ce n’était qu’un cauchemar, excusez-moi tous ! m’écriai-je, rouge de honte en levant les mains devant moi pour rassurer tout le monde.

J’étais sûre et certaine que tout le monde allait maintenant me prendre pour une personne dérangée. Je préférai m’éclipser et aller jusqu’au cours d’eau pour me rafraîchir le visage. Une fois à côté de l’eau fraîche, je m’agenouillai sur les galets au bord, et m’aspergeai le visage, espérant que ces images allaient s’effacer en même temps que les traces de sommeil qui restaient encore dessus. Lorsque je rouvris les yeux, malheureusement, j’aperçus avec horreur les mêmes yeux verts de mon rêve. Il me sembla même que mes cheveux n’étaient plus aussi blonds. Je me reculais et en me relevant, je me trouvai nez à nez avec Kintyra.

– Tu avais oublié ta serviette. Tu risques de prendre froid si tu restes trempée, me dit-elle en me tendant une pièce de tissu.

Je lui pris l’objet des mains, la remerciai et m’essuyai doucement le visage. Je me sentais un peu mieux.

– Ton chef va faire une déclaration, m’informa-t-elle. Je crois qu’il sait maintenant où ils ont emmenée Habricotine.
– Très bien, allons-y ! lui répondis-je en me reprenant le chemin de la ferme.

De retour dans la cour, je vis que tout le monde formait un arc de cercle près de l’entrée du bâtiment. Galaenthir sortit sur le pas de la porte, suivit de Thalesir qui une fois dehors, alla rejoindre ses compagnons. Il n’avait pas l’air fier de lui. Ils avaient tous les deux d’énormes poches sous les yeux et je supposai qu’ils avaient dû faire nuit blanche.

– Notre hôte a eu la gentillesse de nous informer de tout ce qu’il savait au sujet de l’enlèvement de notre sœur, déclara Galaenthir en esquissant un sourire. L’ennemi a été prudent, il ne lui a confié que le strict minimum d’informations. Mais je pense que cela suffit pour avoir une direction à suivre.

Je vis que tout le monde s’impatientait. Nous avions tous hâte d’aller secourir Habricotine, et Galaenthir faisait monter la pression.

– Le chef des bandits est catégorique sur un point. Ils sont partis vers l’Est. Il a aussi mentionné qu’il avait entendu parler les Semi-Orques au sujet de vêtements chauds pour voyager dans les montagnes. Ils vont sûrement vers les Monts Brumeux !! Il y a d’avantage de neige au nord, et il est évident qu’ils éviteront Fondcombe. Espérons seulement qu’ils n’iront pas jusqu’aux Landes d’Etten et passeront entre elles et la Trouée des Trolls.
– Gobelinville, c’est dans le coin, non ? demanda quelqu’un dans le groupe dont je ne reconnus pas la voix.
– Ca risque d’être tendu, avec tous les gobelins, opina Eljoying située juste en face du chef.
– Mais pourquoi ne pas passer par le Sud, la Moria semble un meilleur choix pour retourner vers les terres ennemies ? interrogea Shabb.
– Les chemins menant à la Moria sont trop étroitement surveillés par les nains ! répondit Thalesir.
– Ha ha ! Tu as bien raison, mon cher ! entonna le ménestrel.
– Nous ne connaissons pas les raisons pour lesquelles le ravisseur d’Habricotine nous attire dans cette partie de la Terre du Milieu, reprit Galaenthir une fois que le silence revint peu à peu. C’est pourquoi il faut que l’on soit bien préparé. Je vous ferai savoir les groupes qui feront partie de cette expédition. Nous essayerons de gagner du temps en passant par les routes du sud des Terres Solitaires et par celles de la Trouée des Trolls. J’envoie tout de suite un message à Fondcombe où j’ai quelques connaissances qui pourront déjà préparer le matériel et les vivres pour notre entreprise dans les Monts Brumeux. Profitez bien de cette journée, car nous partirons en milieu d’après-midi vers l’Est !

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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