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Lizeth Heliandil BG#18

Je m’acharnais contre un arbre qui ne m’avait rien fait en l’utilisant comme cible pour mes flèches. Les unes après les autres, elles venaient se planter dans l’écorce, jusqu’à ce que je n’aie plus de munition dans mon carquois. J’allais alors en boitant les récupérer et recommençais mon petit manège encore une fois. La nuit était tombée depuis un moment déjà et seule la petite lampe que j’avais prise avec moi éclairait la pénombre. Il n’y avait pas de lune cette nuit-là.

– Toujours là quand les ennuis sont loin, n’est-ce-pas Bernard ? dis-je à demie-voix à la petite musaraigne tachetée qui attendait patiemment sur son séant devant un arbuste sur ma droite.

Je laissai mon arc et mon carquois contre le malheureux arbre, mes dernières munitions encore plantées là, et allai m’asseoir pêle-mêle auprès de mon petit ami à poils. Il s’approcha de moi et frotta son museau contre ma cuisse pour demander des caresses. Je les lui accordai.

– Tu sais ce qui trotte dans la tête des hommes, toi ? lui demandai-je en soupirant sans vraiment attendre de réponse.

Je n’étais pas en colère, j’étais perdue. Qui peut d’une seconde à l’autre changer du tout au tout et de compagnon – voire confident – passer au mépris et souhaiter se trouver le plus loin possible de l’autre personne ? Je pensais m’être fait des amis, mais je ne pouvais m’empêcher de me demander si un jour ou l’autre, ils n’allaient pas tous me fuir.

Je décrochai le pendentif que je portais au cou et l’ouvris. A l’intérieur, je pouvais voir les portraits des deux personnes que j’avais laissées en arrière, chez moi en Forêt Noire. Malgré le manque, j’avais une mission et je n’étais pas encore prête à rentrer. Je refermai le médaillon et l’observai sous tous les angles. J’avais peut-être manqué quelque chose et de plus, je souhaitais également comprendre ce que ce bijou, cet artefact était en réalité.

– Apparais, femme de feu ! pensai-je très fort en me concentrant sur le pendentif.

Il ne se passa rien. Je réalisai que la créature était apparue alors que j’allais faire une chute mortelle dans la Vieille Forêt mais pas dans la Trouée des Trolls, quand j’étais sur le point de me faire tuer par trois trolls furieux. Pouvait-elle prédire l’avenir et n’agir qu’en cas d’extrême urgence ? Ça ne me soulageait pas tellement, et je redoutais encore plus qu’elle ne se montre. De plus, je n’avais pas apprécié qu’elle utilise mon énergie vitale pour créer cette déflagration, c’était comme si justement je perdais la vie. Je n’avais pas exagéré ma réaction lorsque j’avais répondu à Shabb que je ne voulais pas l’utiliser pour aider la confrérie. Je ne considérais pas cette décision comme un gâchis de compétence, mais comme une mesure de sécurité. En effet, qui savait ce que cette créature était capable de faire ?
Je restai là dans mes pensées, Bernard sur les genoux, qui profitait des caresses que je lui faisais sans réellement y penser. Je regardai la cascade un peu plus loin, et écoutai les bruits de la nature. Soudain, une brise glacée parcourut la clairière où je me trouvais. Je resserrai les pans de ma cape pour me réchauffer et remarquai que la flamme de ma lampe venait de s’éteindre.

– Tiens ? C’est étrange ça, dis-je tout haut cette fois.

Je fis descendre Bernard et dans la pénombre me rapprochai de la lampe. Au moment où j’allais la toucher, j’entendis quelque chose siffler vers moi. Par réflexe, je me jetai à terre et eus bien raison, car ce qui venait vers moi m’effleura l’arrière de la tête. Très vite, je me redressai et fis le tour de l’arbre pour me mettre à l’abri. Un peu de lumière m’aurait sûrement aidé mais cela aurait aussi facilité la tâche à mon agresseur. Je n’étais pas très loin de la maison de confrérie, mais me demandais comment l’on avait pu me trouver ici car j’avais choisi un endroit isolé.

Je me détendis et me concentrai. A défaut de ne pas voir l’ennemi, j’allais pouvoir le sentir. Il avait une aura fine mais plutôt grande. J’esquivai un nouveau projectile et vis qu’il s’agissait d’une flèche. Il allait falloir que je m’approche pour l’empêcher de me maîtriser à distance. Je n’avais pas mon arc mais ma dague ferait l’affaire. Je jetai une pierre pour attirer l’attention de l’archer et fonçai droit sur lui comme je le pus. Fort heureusement, il mordit à l’hameçon et me jetant sur lui, lui fis perdre l’équilibre. Je le ruai de quelques coups au visage jusqu’à ce qu’il perde connaissance, préférant laisser ma dague de côté. Une fois ceci fait, je voulus m’assurer de son identité, et allumant un tas de feuilles que je rassemblai près de moi, je remarquai qu’il s’agissait d’un Semi-Orque. Une seconde me suffit pour décider quoi faire ensuite. Je me relevai et allai chercher un morceau de corde dans mon sac. Je mis le Semi-Orque sur le ventre et lui attachai fermement les poignets dans son dos. Il commençait déjà à se réveiller, et ça m’arrangeait, car je n’allais pas être obligée de le traîner jusqu’à la maison.

Il se mit à ricaner alors que je rassemblai le reste de mes affaires. Bernard avait de son côté disparu à nouveau.

– Allez, debout ! lui ordonnai-je. Et silence ! Tu auras le temps de tout raconter plus tard.

J’eus besoin de le frapper dans les côtes avec le pommeau de mon épée pour qu’il m’écoute enfin et m’obéisse. J’avais rallumé ma lampe et l’emmenai à travers les broussailles, vers la civilisation.

***

Je m’arrêtai net une fois la maison de confrérie en vue. Une colonne de fumée s’élevait du moulin situé à côté de la maison. Le Semi-Orque éclata de rire et cette fois-là, ce furent les dents que je visai. Il se cambra de douleur et je le poussai vers l’avant, pressant le pas. Quoi qu’il se fût passé, c’était déjà terminé car je voyais plusieurs des membres des Cavaliers Solitaires en train de s’afférer autour du moulin pour éteindre les flammes à l’intérieur.

– Ah, tu fais moins le malin, là, n’est-ce pas ? demandai-je au Semi-Orque en le poussant de nouveau vers l’avant.

Une fois dans l’enceinte de la maison de confrérie, Legalus me remarqua et vint à ma rencontre.

– Te voilà enfin, Rosalynd. Où étais-tu, et qui nous amènes-tu là ? m’interrogea-t’il en toisant mon prisonnier.
– Je m’entraînais et celui-là m’a attaqué. J’ai pensé qu’il pourrait nous en apprendre plus sur sa présence, et aussi … sur ce qu’il s’est passé ici.
– C’est du bon travail ! Je vais me charger d’installer notre invité confortablement. Aide les autres à éteindre l’incendie.
– J’y vais tout de suite, dis-je en me dirigeant vers les bâtiments.

Je pris un seau près du puits et le remplis d’eau. Je me dirigeai ensuite vers le moulin et m’apprêtai à asperger le mur lorsque deux personnes sortirent par la petite porte d’entrée. Une épaisse fumée en sortait et je me demandais comment il était possible de respirer à l’intérieur.

C’était Amynduilas qui aidait une femme à s’éloigner de l’incendie en quête d’air frais. Ils étaient tous les deux couverts de suie et de sueur. Je ne parvins pas à reconnaître la jeune femme, qui avait les cheveux collés au visage. J’étais cependant certaine qu’il ne s’agissait pas d’un membre de notre confrérie.

Me rappelant ce que je venais faire ici, je jetai l’eau à la base des flammes. Laissant de côté mon amertume envers Amynduilas, la curiosité l’emportant, j’allai à leur rencontre. Amynduilas s’arrêta en me voyant et écarquilla les yeux de surprise.

– Rosalynd ? s’exclama-t-il avec la voix enrouée. Mais… je ne comprends pas…

Son regard allait de sa protégée à moi. Je lui lançai un regard interrogateur et les regardai s’agenouiller dans l’herbe pour reprendre leur souffle. C’est alors qu’Amynduilas écarta les mèches de cheveux poisseux du visage de la jeune femme et que je compris son malaise. Elle avait le même visage que moi et lorsqu’elle ouvrit les yeux, ils avaient une couleur identique aux miens.

– Kin ? m’écriai-je, totalement prise au dépourvu.
– Bonsoir, sœurette, dit-elle en laissant échapper une vilaine toux.

Elle affichait un léger sourire. J’avais perdu le mien.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena

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