Les jours passaient et j’en avais perdu le compte. Deux semaines ? Trois ? Chaque jour, nous nous réveillions à l’aube au fond d’une grotte dont nous cachions l’entrée avec des branchages que nous avions trouvés dans le coin. Amynduilas allait chercher de l’eau tandis que je sélectionnais les meilleurs bouts de bois pour le feu. Il revenait souvent avec un lapin ou un renard pendu à une corde provenant de nos pièges que nous avions installés au gré des jours au début de notre retraite. Il m’incombait alors de dépecer les animaux pendant qu’Amynduilas préparait le ragout. Nous ne faisions qu’un seul repas par jour, que nous mangions lorsque le soleil était à son zénith. Ce n’était pas spécialement le moment de la journée que je préférais mais il était le bienvenu après les méditations du matin.

Nous passions en effet les heures matinales sous les chutes de Glamgil. Il s’agissait d’énormes chutes d’eau à l’est de Nan Tornaeth située elle-même dans la partie septentrionale de la Trouée des Trolls. Au début, je ne restais sous la cascade que par tranches de quelques minutes car je n’étais pas habituée à recevoir autant de pression sur les épaules. Puis petit à petit, j’ai pu effectuer de vraies méditations durant lesquelles je n’entendais que le vrombissement de l’eau tout autour de moi. Au fur et à mesure des jours, je parvenais à me concentrer et à faire le vide, qui se remplissait ensuite avec tout ce qui se trouvait aux alentours. Bien qu’ayant les yeux fermés, je percevais les êtres vivants autour de moi comme des boules de feu et parfois même je sentais la végétation qui avait une chaleur bien plus douce. Amynduilas était toujours auprès de moi et je sentais aussi sa présence, un peu plus loin.

Nous passions les heures matinales sous les chutes de Glamgil

Puis nous profitions de notre déjeuner, toujours en silence, avant d’attaquer le programme de l’après-midi. Il se composait d’ordinaire de trois phases : la première consistait en des travaux manuels comme préparer des flèches, la seconde était dédiée à l’observation durant lesquelles j’accompagnais Amynduilas et le regardais effectuer quelques démonstrations. Et la partie la plus délicate venait ensuite. Sous ses yeux, je m’entraînais sans relâche jusqu’à ce qu’il soit satisfait et décide que l’on pouvait rentrer.

Au début, je trouvais les journées incroyablement longues et fastidieuses. Je me retenais de tout commentaire cependant, et prenais sur moi. Puis je pris goût à cette routine et me concentrais sur chacune des tâches afin de les réaliser à la perfection. Il m’arrivait parfois d’oublier pourquoi j’étais là, et je restais à contempler le paysage boisé qui m’entourait, profitant des bruits sylvestres et de la paix que cela m’apportait.

Je passai tout de même par des épisodes de stress, car non loin de l’endroit où nous nous trouvions il y avait un lieu appelé Tisseval au sein duquel vivaient de nombreuses araignées. Je supposais qu’Amynduilas souhaitait m’aider avec mon arachnophobie et nous passions quelques séances aux abords de cette zone pour nous entraîner sur quelques araignées. Il m’a montré quelques techniques parmi lesquelles figurait celle qui consistait à affaiblir d’abord la cible en la blessant à l’aide d’une flèche barbelée suivi d’un tir très précis au cœur, ce qui abrégeait généralement ses souffrances. Grâce à Amynduilas, et couplé à la méditation, je suis arrivée à contrôler ma peur des araignées – ou du moins celles de même taille qu’à Tisseval.

Je ressentais finalement les fruits de cette retraite et lorsque je pensais à mon père et aux Semi-Orques, je réussissais à relativiser et à me convaincre que le temps me permettra d’apprendre tout ce dont j’avais besoin.

***

Nous avions fait le plein de provisions pour notre voyage de retour. Amynduilas m’avait montré un matin sur une carte la cité de Fondcombe et m’avait jeté un clin d’œil complice.

– Ça te dirait d’aller y jeter un coup d’œil et faire quelques emplettes ? me demanda-t-il soudain.

Je sursautai presque en entendant sa voix et trouvai également étranges les sons qui sortirent à leur tour de ma gorge.

– Et comment ! m’exclamai-je avec une voix éraillée. Je me couvris immédiatement la bouche tant j’étais gênée.

Nous avions préparé les chevaux et nous apprêtions à partir lorsque j’entendis un bruit dans les fourrés à trois ou quatre mètres de là. Amynduilas sortit immédiatement son épée du fourreau qu’il portait à la ceinture. Quant à moi, je pris une flèche dans mon carquois et bandai mon arc, le pointant vers l’endroit d’où était provenu le bruit. Une seconde plus tard, nous vîmes un daim sortir du bosquet et au moment même où nous nous apprêtions à nous détendre, des rugissements nous parvinrent de tous les côtés, et nous fûmes pris par surprise par toute une bande de trolls enragés.

Il ne leur fallut pas longtemps pour charger et prise de court, le cœur battant à tout rompre, je me jetai en avant pour éviter la massue gigantesque de l’un d’entre eux. M’étalant de tout mon long, j’eus le temps de remarquer en me retournant que l’attaque qui m’était destinée percuta de plein fouet le pauvre Amynduilas dans le dos. Ce dernier fut violemment projeté dans les airs contre les parois de la montagne, près de l’entrée de notre grotte. Il dégringola les quelques mètres le séparant du sol, telle une poupée de chiffon.

– AMYYYYYN !!!! hurlai-je de terreur, remarquant le sang qui commençait déjà à couler sur son visage.

Catégories: BG de Lizeth Fanfiction LOTRO

Solena